Ils s’appellent Clotilde, René, Antoinette ou encore Guy. Ils ont un point commun : ils sont tous à la retraite et continuent à travailler. A l’heure où la majorité des retraités décident de lever le pied, 3,7 % d’entre eux cumulent emploi et retraite selon l’INSEE en 2019. Certains le font par contrainte économique et d’autres par amour de leur métier.
Les assureurs les surnomment les « persistants ». Leur nombre ne cesse d’augmenter (un demi-million en 2019). Ces retraités encore actifs peuvent être divisés en deux catégories :
- Certains seniors développent une telle passion pour leur métier qu’ils ont du mal à décrocher, même après la retraite.
- D’autres sont contraints de poursuivre une activité professionnelle en raison de leur pension de retraite insuffisante pour subvenir à leurs besoins financiers.
Le travail, une source de plaisir et un besoin de rester connecté à la société
Malgré l’âge et l’opportunité de profiter d’une retraite bien méritée, ces seniors préfèrent poursuivre leur engagement professionnel. Pour eux, cette activité est bien plus qu’une simple obligation, elle représente une véritable source d’épanouissement et de satisfaction personnelle. C’est un moteur qui les anime au quotidien.
- Flore, 67 ans, est agent immobilier. Elle a fermé son agence et travaille à partir de chez elle. « Ce travail me permet de rester jeune » confie-t-elle au magazine Femme Actuelle.
- René Michaux, décédé en 2020, a tenu un salon de coiffure pendant 83 années jusqu’à l’âge de 97 ans. Pour lui, le travail était source de santé. » C’est ma vie de voir les gens, j’aime coiffer» déclarait-il avec passion.
Certains retraités ressentent le besoin de travailler pour maintenir leur engagement dans la société. Pour eux, c’est un moyen de se sentir utiles et impliqués.
- Christophe, ancien contrôleur aérien à la retraite, exerce deux activités : il est réceptionniste à mi-temps dans un point relais et propose ses services dans l’immobilier à des professionnels ou des particuliers.
- Bruno, 76 ans, après une vie professionnelle diversifiée en tant que typographe et commercial, est animateur dans les grandes surfaces.
- Clotilde, 70 ans, journaliste, nourrit une passion indéfectible pour son métier. “Je suis à la retraite … active depuis 2014, et je ne tiens pas du tout à m’arrêter” partage-t-elle avec conviction au magazine Marie Claire.
D’autres retraités choisissent de poursuivre leur activité professionnelle non seulement par désir de se sentir utiles, mais aussi par impératif financier. Ils ont connu des incidents de carrière (maladie, chômage …) ou encore ont exercé un métier à petit salaire.
- Brigitte, 78 ans, est une mamie au pair auprès de personnes âgées.
- Monique, ancienne infirmière, est devenue réflexologue plantaire deux jours par semaine.
Ces activités leur assurent un complément de revenus.
Quand continuer à travailler est une nécessité
Ces seniors n’ont pas le choix. Ils sont contraints de compléter leurs revenus par un emploi. Leur pension de retraite n’est pas suffisante pour avoir un niveau de vie décent ou pour aider financièrement leur famille. La Martinique illustre cette réalité vécue par ces retraités confrontés à des difficultés financières, même si certains d’entre eux ne poursuivent pas une activité professionnelle. Selon les statistiques de la CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse) au 31 décembre 2021, 16,9 % des retraités du régime général de l’île touchent le minimum vieillesse.
Cette « main d’œuvre » peut être une aubaine pour les entreprises qui connaissent des difficultés de recrutement (chauffeurs de cars scolaires, hôtellerie-restauration etc.). Pour ces employeurs, ces salariés âgés représentent des avantages : déjà formés, ils sont autonomes, peu exigeants et ne sont pas à la recherche d’un temps plein.
- Antoinette, 62 ans, une conductrice de bus scolaire à la retraite depuis 10 ans, a repris du service au sein de son entreprise pour faire face à la pénurie de chauffeurs.
- Michèle, 73 ans, ancienne directrice d’école, est animatrice en ateliers d’écriture. Elle a également une chambre d’hôte.
Ces seniors qui continuent à travailler nous rappellent que la retraite ne signifie pas nécessairement la fin de l’engagement au sein de la société. Leur présence sur le marché du travail soulève néanmoins des questions cruciales sur la précarité financière des retraités. Jusqu’alors, le cumul emploi retraite ne permettait pas de se constituer de droits supplémentaires à la retraite. Les cotisations payées le sont à fonds perdus. A partir du 1er septembre 2023, ce dispositif offrira la possibilité d’acquérir de nouveaux droits à la retraite.
Sources : lemonde.fr, femmeactuelle.fr, marieclaire.fr, statistiques-recherches.cnav.fr
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