Gérard Felvia est un senior retraité dynamique à la tête du Caribou, une entreprise spécialisée dans la location saisonnière située depuis dans le nord de l’île, à Tartane. La retraite ? Il a du mal à l’envisager de façon traditionnelle car il a encore de nombreux projets à réaliser.
Quel est votre parcours professionnel ?
Je l’ai effectué en partie dans l’hexagone. A mon époque, il y avait 2 solutions pour partir de la Martinique soit par le bumidom ou par ses propres moyens. Pour ma part, je me suis engagé dans l’armée dans l’hexagone pendant 5 ans. Je suis entré dans la vie active par la suite. J’ai fait un peu de tout. J’ai notamment été disc-jockey jusqu’en 1979. J’avais pour projet d’ouvrir un restaurant à Biarritz avec un ami mais j’ai dû rentrer en Martinique pour suivre ma compagne de l’époque qui avait obtenu sa mutation en tant que fonctionnaire. Comme je l’avais poussée à demander sa mutation car je pensais qu’elle ne l’obtiendrait qu’au bout de 10 ou 20 ans, j’ai fait le choix de la suivre. En effet, elle l’a obtenue très vite. J’ai dû recommencer à zéro en 1979 à mon retour en Martinique. Après avoir fait quelques petits boulots, j’ai passé un concours qui m’a permis d’intégrer une compagnie aérienne. J’y ai travaillé de 1980 à 2010, date à laquelle je l’ai quittée dans le cadre d’un plan de départ volontaire.
Parallèlement, en 1986, j’ai créé le Caribou, une entreprise de locations de saisonnière et de restauration tout en étant salarié. C’est aussi grâce à des aides extérieures que j’ai pu mener ces trois activités de front tout en effectuant mes 40 heures de travail en tant qu’employé.
Vous avez été parmi les premiers à proposer un autre type d’hébergements touristiques dans le nord, quelles étaient vos motivations ?
J’aime le contact et le monde de la restauration. A l’époque, il n’y avait pratiquement que des hôtels à la Martinique. De plus, les activités de location saisonnière et de restauration m’ont paru compatibles avec mon activité salariée. En effet, il faut être présent en permanence présent dans l’hôtellerie ce qui n’est pas le cas de la location saisonnière. J’ai donc pu mener ces deux activités de front.
Cela a été un véritable challenge de créer une entreprise touristique dans le Nord. Il faut dire que j’étais, au départ, plus attiré par le sud en tant que foyalais. J’ai d’ailleurs longuement cherché dans ce secteur. En effet, toutes les publicités touristiques vantaient le charme du sud (Sainte Anne, Trois Ilets, Sainte Luce). C’est par un concours de circonstances que je me suis retrouvé dans le nord. J’avais acheté une maison à Tartane que j’avais mise en location. Cela m’a permis de mieux découvrir ce lieu plein de charmes. Après réflexion, j’ai trouvé que Tartane présentait de nombreux avantages notamment avec sa réserve naturelle.
Que signifie pour vous le mot « retraite » ?
J’ai pris ma retraite en 2010. Le mot retraite ne signifie pas grand-chose pour moi car je n’ai pas connu le fait de « partir en retraite ». Pour moi, je suis simplement « en retrait » de mon activité professionnelle en tant que salarié. Une fois à la retraite, j’ai continué mes autres activités. J’adorais mon travail et mon entreprise mais une fois que j’en suis parti, c’est comme si j’avais tourné une page.
Quels conseils donneriez-vous à un futur retraité ?
Il faut qu’il ait des activités le plus que possible tant physiques qu’intellectuelles. Il doit aussi préparer sa retraite. Cela n’est pas évident d’être inactif. En effet, on se retrouve du jour au lendemain chez soi à constater que l’on est à la retraite alors que l’on avait peut-être un certain pouvoir ou impact dans sa vie professionnelle. J’ai connu certains retraités qui, faute d’activités, venaient presque tous les jours à leur travail pour garder des contacts avec leurs anciens collègues.
Enfin, il faut que ce futur retraité ait des projets.
Si vous deviez vous décrire en quelques mots, lesquels seraient-ils ?
Je suis un bâtisseur. Je suis féru d’architecture. J’adore la rénovation. J’aime particulièrement poser la première pierre afin qu’elle devienne un édifice. Je suis passionné par les ruines et la décoration. Vous aurez compris que j’aime avoir des projets car j’ai l’esprit entreprenant. Sans projet, je me sens inutile.
Que pensez-vous des relations intergénérationnelles actuelles ?
J’ai de très bons rapports avec les jeunes que je côtoie en permanence. Il faut s’intéresser à l’actualité et garder son libre arbitre. Les liens avec les plus jeunes sont importants pour à la fois ne pas devenir un vieil imbécile et aussi pour ne pas traiter les jeunes de jeunes idiots.
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