En 2019, 9 000 personnes étaient touchées par la maladie d’Alzheimer en Martinique et plus de 500 nouveaux cas sont comptabilisés chaque année. Selon l’Insee, cette population devrait tripler d’ici 2040. A ce jour, aucun traitement n’existe. Trois nouvelles molécules sont à l’essai aux Etats-Unis suscitant espoir et avis partagés.
Ces trois nouveaux semblent simultanément ralentir le déclin cognitif et produire des effets visibles dans le cerveau à l’imagerie médicale. Ce qui les rend particulièrement prometteurs.
Après de nombreuses décennies de déceptions, marquées par des médicaments peu efficaces, les patients et leurs proches sont particulièrement enthousiastes.
Ces nouvelles molécules, à savoir Aducanumab, Lecanemab et Donanemab, sont des anticorps monoclonaux administrés par voie intraveineuse toutes les deux semaines.
Quel est l’impact de ces molécules ?
Tous ces traitements partagent un même objectif : éliminer les protéines Béta-amyloïdes et Tau, qui pourraient être à l’origine de la maladie d’Alzheimer. Cette accumulation, potentiellement nocive pour le cerveau, entraîne une désorganisation cellulaire. Ce processus se déroule lentement et endommage les neurones, qui sont essentiels à la mémoire. Ces protéines en cause sont présentes naturellement dans le cerveau, mais leurs dépôts, dont les déclencheurs restent mystérieux, conduisent à la mort des neurones chez certaines personnes, bien avant l’apparition des premiers signes de la maladie d’Alzheimer. Cette évolution silencieuse se traduit par une atrophie cérébrale, marquée par la diminution du volume des hippocampes, centre de la mémoire.
Ces molécules sont destinées aux patients aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer, présentant des troubles cognitifs légers. Seuls Lecanemab et Donanemab parviennent à combiner la réduction des dépôts amyloïdes avec un ralentissement significatif du déclin clinique. Le déclin cognitif est réduit de 35 % et une amélioration de 40 % est observée dans la capacité à effectuer les activités de la vie quotidienne.
Il n’y a toujours pas de perspective de guérison pour la maladie d’Alzheimer. L’objectif principal est de retarder au maximum l’entrée en institution et de promouvoir l’autonomie. Parvenir à limiter le déclin de la mémoire, préserver les fonctions exécutives (comme composer un numéro de téléphone) et éviter les troubles du comportement représentent déjà une avancée significative dans la gestion de la maladie d’Alzheimer.
Espoirs et avis partagés
Ces études ont été menées sur une période de 18 mois, ce qui laisse des incertitudes quant à l’avenir. Après cette période, il reste à déterminer si les effets se stabilisent ou non. Les patients inclus dans les essais étaient à des stades précoces de la maladie d’Alzheimer. Si la réduction d’environ 30 % de la maladie persistait sur 5 ans, cela pourrait offrir aux patients une année supplémentaire d’autonomie.
Les effets secondaires restent importants : 30% des malades ont connu des problèmes tels que des œdèmes ou hémorragies du cerveau. 15% ont eu une atteinte sévère et 3 décès sont malheureusement rapportés.
Le coût de ces traitements est élevé : 24 385 euros par an pour le Lecanemba. Le traitement engendre des coûts supplémentaires : hospitalisation tous les mois pour les perfusions et examens de surveillance.
Il y a actuellement 150 essais thérapeutiques en cours dans le monde. Une question majeure se pose : les lésions neuronales ne sont-elles pas une conséquence plutôt qu’une cause de la maladie ? Cela soulève aujourd’hui la possibilité de cibler différemment la maladie avec divers traitements.
Ainsi le Pr Yves Agid suggère une approche de polychimiothérapie, où les multiples voies biochimiques des cellules nerveuses malades sont traitées, plutôt qu’un traitement visant uniquement à éliminer les dépôts amyloïdes, similaire à la manière dont on traite les cellules cancéreuses avec plusieurs agents destructeurs.
En attendant, en l’absence de traitement curatif de la maladie d’Alzheimer, la prévention « 4M » (mobiliser, manger, méninger, méditer), que le Dr Chatot-Henry préconise, reste plus que d’actualités !
Sources : Sciences et Avenir, la Recherche – N° 919 – Septembre 2023 – Alzheimer et Parkinson, lemonde.fr
Carolle Chatot-Henry et Dominique Felvia