En Guadeloupe, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait doubler en 2030. Celles de 90 ans seraient trois fois plus nombreuses. Le rôle des aidants familiaux sont de plus en plus au cœur d’une société vieillissante. Mais, parfois, au détriment de sa propre vie. Des enjeux individuels mais aussi sociétaux sur lesquels les pouvoirs publics se sont penchés. Un nouvel article de Génération + paru en mars 2016
8,3 millions de personnes en France aident un proche malade, handicapé ou en situation de perte d’autonomie (1). A plus ou moins long terme, un conjoint, un parent, un proche peut basculer dans une situation de handicap, de perte d’autonomie ou de maladie.
Des situations bien différentes
- Danny a 35 ans. Il surveille quotidiennement sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer.
- Charlise, 44 ans, réalise les tâches ménagères de son père handicapé.
- Marcelle, 29 ans, prend en charge les démarches administratives de sa tante.
Tous trois travaillent à plein temps.
- Céline, 68 ans, fait les courses pour sa voisine, atteinte d’un cancer depuis 5 ans
- David, 17 ans, aide son père aveugle.
Des situations multiples où l’aidant peut être aussi bien un conjoint qu’un enfant, un parent, un membre de la famille ou un membre de l’entourage (voisin, ami) cohabitant ou non avec la personne aidée.
En Guadeloupe, vieillir à domicile
A peine 1% des personnes âgées en Guadeloupe sont prises en charge par une structure spécialisée. Nettement moins que dans l’hexagone (9,5 %). « Ce faible niveau de prise en charge est liées à une politique qui a privilégié le maintien à domicile dans une société où l’implication de l’entourage est forte » continue une enquête réalisée par l’Insee et l’ARS (2).
Les enfants vivent, d’ailleurs plus souvent avec leurs parents vieillissants que dans l’hexagone. Cependant, les phénomènes migratoires modifient cette situation. En effet, plus du tiers des Guadeloupéens, âgés de 18 à 79 ans, partent pour un séjour durable (six mois ou plus). La « génération pivot », entre 40 et 60 ans, lorsqu’elle est présente, s’installe au milieu d’une réalité difficile entre l’aide aux parents âgés, aux enfants, aux jeunes rarement en emploi (études supérieures ou chômage).
Des schémas de vie où l’aidant, élément central et responsable, se retrouve isolé parfois par propre choix ou « désigné tacitement comme aidant, même au milieu d’une fratrie nombreuse, avec peu de reconnaissance et de soutien. Pris au piège de ses propres choix ou de choix imposés, il peut éprouver des sentiments ambivalents, entre amour, épuisement, colère et culpabilité. « Je suis épuisée. Mon conjoint est tombé malade juste au moment où je prenais ma retraite. Je sais que ce n’est pas sa faute mais j’en souffre. J’ai le sentiment de ne plus être libre, de ne pas pouvoir profiter de la vie comme je l’avais imaginé. Le pire ? Je me sens coupable de penser ainsi et de ressentir ces émotions » témoigne Solange, 66 ans. Situation qui, surtout elle perdure, peut basculer. L’aidant devient peu à peu une victime.
A suivre : les contraintes et les risques
Sources
- « Les aidants familiaux en France », panel national des aidants familiaux BVA Fondation Norvartis, 2010
- Soullier N., « Aider un proche âgé à domicile : la charge ressentie », Etudes et résultats, Drees, 2012
- Antinéchos, Ali Benhaddouche, Insee Antilles-Guyane – Latifa Place, ARS Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélémy. « En Guadeloupe, le doublement du nombre de personnes âgées dépendantes d’ici 2030 crée de nouveaux besoins », Antine Echos n° 23, janvier 2013
- 8ème baromètre autonomie OCIRP – France Info – Le Monde, 2015
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