La meilleure façon de lutter contre les discriminations reste l’information. C’est pourquoi nous vous proposons cet article, qui met en lumière une pratique aussi répandue qu’inconsciente : l’âgisme numérique.
Nous allons tenter de définir et de chiffrer l’âgisme, et de voir en quoi cette discrimination peut aussi s’appliquer au domaine du digital. Ensuite, nous traiterons de quelques initiatives nous semblant intéressantes dans le domaine de l’inclusion numérique des séniors, comme l’invention de tablettes pour sénior.
Qu’est-ce que l’âgisme ?
L’âgisme est à l’âge ce que le racisme est aux ethnies ou le sexisme au genre. Il s’agit d’un préjugé discriminant envers une personne en raison d’une spécificité. Ici, son âge.
Il convient avant tout de bien comprendre que l’âgisme ne s’applique pas uniquement aux séniors et aux personnes du troisième âge. Il peut en effet y avoir un âgisme « envers les jeunes ». On le voit par exemple à la fin des études, lorsqu’un jeune diplômé ne parvient pas à trouver un emploi à la hauteur de ses compétences et qualifications, uniquement parce qu’il fait « trop jeune ».
Dans cet article, nous traitons de l’âgisme tel qu’il se pratique, de façon personnelle, collective ou institutionnelle, envers les séniors au sens large. Il est évidemment délicat de parler de « séniors au sens large » dans un article ayant pour but, justement, de ne pas catégoriser ensemble toutes les personnes âgées de 60 ans et plus. Néanmoins si quelque chose lie ces personnes entre elles, c’est justement la souffrance liée à la discrimination par l’âge.
Comme pour le débat sur le sexisme ou le racisme, il convient de déceler ces pratiques que nous partageons tous potentiellement dans une certaine mesure. Car de la même façon qu’il n’est pas nécessaire d’être véritablement sexiste pour avoir des pensées discriminantes (exemple courant : « les femmes sont moins habiles au volant »), il est rare que l’âgisme soit une discrimination consciente et volontaire.
La plupart du temps, nous ne croyons pas mal faire. Et c’est pourquoi il est important de déceler et d’identifier ces pratiques, afin que les « séniors » n’aient plus à souffrir de ces discriminations.
Formes et conséquences de l’âgisme numérique
D’après une étude menée par les Nations Unies, une personne sur deux a des attitudes âgistes.
Cela a bien évidemment de nombreuses conséquences sur le moral et sur la santé des personnes visées, en particulier lorsqu’il s’agit de publics fragiles comme les personnes âgées.
Avoir une attitude âgiste envers un sénior, c’est par exemple lui dire qu’il n’est pas capable de faire ceci ou cela, ou pire encore, de lui dire qu’il n’est pas en mesure de « comprendre » le fonctionnement de quelque chose. C’est donc une attitude pouvant à la fois être infantilisante et excluante. Encore une fois, il peut ici être question de « jeunes séniors », ou de boomers comme on les appelle : en les excluant d’emblée du champ de compréhension de notre monde moderne, on les renvoie à une mauvaise image de soi. Ils se trouvent « trop vieux », peut-être même « trop bêtes » pour participer à certaines choses qui pourtant rythment nos journées.
Evidemment, ici se pose un double problème de taille.
Car d’une part, la population mondiale vieillit énormément, et d’autre part, le monde se digitalise chaque jour un peu plus.
Nous pouvons désormais faire nos courses sur internet ou payer au magasin avec notre smartphone. Ces choses nous semblent très compréhensibles, mais elles ne le sont pour nous que parce que nous avons toujours évolué avec elles. 6,3 millions de cas de dépressions à travers le monde seraient dues à l’âgisme, et d’après l’OMS, les personnes âgées ayant des problèmes vis-à-vis de leur âge vivent 7,5 années de moins en moyenne que les autres.
L’âgisme peut prendre de nombreuses formes. Mais le numérique, puisqu’il est en soi synonyme de modernité, est un domaine de discrimination quotidien envers les séniors.
Le plus grand écueil est de considérer qu’un « sénior », c’est-à-dire une personne de plus de 55 ans, ne sera pas en mesure d’utiliser les nouvelles technologies. Outre le caractère excluant de cette pensée, c’est l’identification « à la louche » qui pose problème. Car l’enjeu et les conséquences seront très différents s’il s’agit d’un jeune sénior à la retraite, ou une personne de 95 ans n’ayant vraiment jamais approché ce genre de technologie.
Initiatives inclusives pour lutter contre l’illectronisme et l’âgisme des séniors
Ce sont les technologies elles-mêmes qui doivent s’adapter.
Car le problème fondamental n’est pas que les séniors sont incapables de s’adapter aux nouvelles technologies, mais plutôt l’inverse : les objets connectés et autres objets « smarts » ne sont, souvent, pas adaptés à une utilisation pour les séniors.
Heureusement, sur ce plan aussi, les mentalités changent. On voit par exemple fleurir de nombreuses initiatives de fournisseurs soucieux d’inclure les séniors dans l’accès technologique. C’est le cas par exemple avec LiNote et sa tablette tactile troisième âge, ou encore le petit robot NAO, compagnon des aînés.