Trop lourdes, telles sont les conclusions de plusieurs études récentes sur les grandes villes côtières. La menace ne se limite pas à la montée des eaux.
Les conclusions d’une étude publiée en mars 2022 dans la revue Geophysical Research Letters sont alarmantes : 33 villes sur les 99 étudiées entre 2015 et 2020 s’enfoncent sous leur poids de plus d’un centimètre par an.
Les immeubles exercent une pression considérable sur les sols. A New-York, selon un article paru en mai 2023 dans la revue Earth’s Future, la masse totale des gratte-ciels estimée à 764 millions de tonnes entraînera une subsidence de 75 centimètres d’ici 2050.
Problème : ce lent affaissement des sols connu sous le nom de subsidence est cinq fois plus rapide que la montée des eaux causée par le réchauffement climatique. Le pompage des eaux souterraines, les mouvements tectoniques et la nature des sols accentuent le phénomène.
Ces villes construites sur des sols instables deviennent de plus en plus vulnérables face à la montée des eaux. A mesure que l’affaissement augmente, les inondations deviennent plus fréquentes. Selon l’Académie américaine des sciences, 13 mégalopoles sur 20 seraient concernées. Ce phénomène est plus prononcé dans les pays asiatiques. Jakarta, capitale de l’Indonésie, est l’une des villes les plus touchées. Elle s’enfonce de plusieurs centimètres chaque année. 40 % de la ville est située en dessous du niveau de la mer.

De coûteuses stratégies d’adaptation
Certaines mégalopoles limitent le pompage des eaux souterraines. D’autres se concentrent sur la construction de digues de protection ou choisissent de combiner les deux approches.
A New York, les dégâts causés par l’ouragan Sandy en 2012 ont entraîné une véritable prise de conscience. La ville a mis en place un plan de résilience climatique de 20 milliards de dollars afin de renforcer ses 836 kilomètres de côtes.
En Indonésie, le gouvernement a opté pour des solutions radicales en déménageant la capitale Jakarta. Le plan de sauvetage de la ville s’élève à 35 millions d’euros. Il s’agit de lutter contre les pompages sauvages d’eau souterraine et de favoriser la création d’espaces verts. La nouvelle capitale, Nusantara, située à 2000 kilomètres de Jakarta sur l’île de Bornéo, sera une ville verte avec une émission carbone nulle.
Des métropoles comme Rotterdam ou Shanghai misent sur le concept de la ville éponge. Cette méthode consiste à créer des espaces capables d’absorber, de stocker l’eau de pluie afin de réduire les risques d’inondation. Cela se traduit par la mise en place de toits végétalisés, la création de parcs et de lacs en milieu urbain.
Face à ces menaces, ces mégalopoles côtières devront choisir : s’adapter, atténuer les effets ou envisager une relocalisation. Leur avenir sera déterminé par leur capacité à trouver des solutions durables, lesquelles sont souvent coûteuses pour relever ces défis.