Face au vieillissement de la population, la solidarité familiale est de plus en plus d’actualité. Les aidants familiaux jouent et joueront un rôle prépondérant. Leur nombre ne devrait cesser d’augmenter compte tenu de l’allongement de la vie et du vieillissement de la population.
Qui sont les aidants en France et en Europe ? Quels congés peut-on prendre en France pour s’occuper d’une personne malade ou dépendante ?
Qui sont les aidants familiaux en France ?
Etre aidant, c’est apporter une aide régulière à des proches en situation de handicap, malades ou dépendants.
Plus de 10 000 aidants à la Martinique prennent de personnes âgées, malades ou handicapées. Dans toute la France, ils sont 11 millions soit 1 Français sur 6 selon le baromètre 2018 de la fondation April et BVA. La situation des aidants est un peu mieux prise en compte par l’Etat depuis la promulgation de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Elle a reconnu un droit au répit ainsi qu’un congé proche aidant.
Cependant, les aidants encore actifs font souvent part de difficultés à concilier leur rôle avec leur vie professionnelle. Etre aidant familial est un rôle encore difficile à assumer compte tenu de l’aide qu’ils doivent apporter au quotidien à la personne aidée. Se pose alors le problème de l’épuisement. Selon l’étude BVA, près d’un tiers d’entre eux (31%) délaissent leur santé pour s’occuper de la personne aidée. Ils disent souvent souffrir de stress ou d’anxiété (38%) ou de douleurs dans le dos (30%). Ils ont aussi des problèmes de sommeil (32%).
Selon cette étude, 34% aidants apportent une aide à plusieurs personnes et 57% aident un proche en situation de dépendance due à la vieillesse (48% en 2017).
76 % des personnes aidantes ont moins de 65 ans. 52% d’entre elles sont encore actives et 32% sont retraités. Ce sont essentiellement des femmes (58%). 86% aident un membre de leur famille dont 40% un de leurs parents.
Les aidants consacrent, pour 82% d’entre eux, moins de 20h par semaine à la personne aidée. 16% y consacrent plus de 20h.
Les aidants familiaux en Europe
80% des soins en Europe sont assurés à domicile par des membres de la famille ou des amis selon Eurocarers, l’association européenne de représentation des aidants.
Il existe, depuis 2007, une charte européenne de l’aidant familial éditée par la Commission Européenne et la Confédération des Organisations Familiales de l’Union Européenne (COFACE) Elle a pour objet non seulement de reconnaitre des droits aux aidants familiaux mais aussi de leur donner une visibilité́ sociale. Elle se veut être « un outil de référence qui sera proposé aux diverses organisations représentatives des personnes ayant des besoins d’aide/de soutien, et de leurs familles au sein de l’Union européenne, et aux instances officielles de l’Union européenne ».
En Allemagne
Ce pays a mis en place des mesures qui permettent aux aidants d’aménager leur temps de travail et bénéficier de congés spécifiques. Leurs droits sociaux sont, de plus, maintenus. L’Etat allemand a mis en place une assurance dépendance.
En Belgique
La Belgique a adopté une loi en 2014 qui reconnaît légalement le statut d’aidant familial et informel, renouvelable chaque année. Par ailleurs, il peut bénéficier :
- soit de congés d’une durée maximale de 12 mois s’il est salarié. Il bénéficiera d’une rémunération forfaitaire versée par l’Etat
- soit d’un crédit temps avec motif.
La Suède
L’Etat suédois estime que la prise en charge n’est pas seulement de la responsabilité des aidants familiaux. C’est pourquoi, il existe un réseau d’aidants professionnels. Par ailleurs, l’état suédois a mis en place, dès les années 60 et façon continue, une véritable politique d’aide aux personnes âgées en perte d’autonomie financée par l’impôt. A titre d’exemple, il existe un droit à un congé rémunèré à hauteur de 80 % en cas d’aide à un proche en fin de vie, avec maintien de tous les droits sociaux et garantie de retour en emploi. De plus, les politiques publiques mises en œuvre favorisent une conciliation vie professionnelle/rôle d’aidant.
Le congé de proche aidant en France
Il remplace le congé de soutien familial depuis 2017 après la mise en place de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement. S’il a repris en grande partie les dispositifs de l’ancien congé de soutien familial, il y a apporté des améliorations. Non rémunéré, il permet de recourir au temps partiel et peut être fractionné en plusieurs périodes. Il est devenu accessible pour s’occuper d’une personne qui n’est membre de sa famille.
La personne aidée peut être :
- Le conjoint du salarié. Son ascendant, son descendant ou encore l’enfant dont elle assume la charge ou son collatéral jusqu’au 4ème degré
- L’ascendant, le descendant ou encore le collatéral jusqu’au 4ème degré de la personne avec laquelle le salarié concerné est en couple
- Une personne âgée ou handicapée avec laquelle il réside ou avec laquelle il entretient des liens étroits et stables
En France, le rapport Libault grand âge et autonomie a été remis en mars 2019. Il comprend des propositions à destination des aidants notamment concernant les congés des proches aidants. Ils devraient être indemnisés à partir de 2020. Cela concerne les aidants soutenant un proche âgé, malade ou handicapé.
En Europe, le statut d’aidant pourrait être bientôt reconnu. En effet, en janvier 2019, un accord provisoire a été donné par le parlement et le Conseil européens à la Commission Européenne pour la mise en place d’un congé d’aidant de 5 jours par an et par personne pour tous les travailleurs s’occupant d’un proche handicapé ou malade.
Sources : étude sur la solidarité intergénérationnelle en Europe de France Bénévolat, baromètre des aidants 2018, sites coface-eu.org, service-public.fr, Congrès International des Aidants en Suède de 2015