Carolle Chatot-Henry est un médecin gériatre aux multiples facettes. Bloggeuse voyage et écrivaine à ses heures, elle publie un livret, Mémo’Aid, destiné à travailler la mémoire.
Quel est votre parcours ?
Arrivée en 1988 en Martinique, j’étais jeune interne en médecine générale. Des spécialisations en gériatrie et en neuropsychologie m’ont permis d’assurer diverses fonctions comme chef de service et chef de pôle, toujours en gériatrie.
Aujourd’hui, je suis responsable d’une unité neurocognitive dans le pôle neuroscience du CHUM. En collaboration avec des neuropsychologues, des neurologues, nous répondons à une patientèle se plaignant de leurs oublis.
Nous sommes dans l’idée de les rassurer ou de prévenir le déclin cognitif lié naturellement à l’avancée en âge et également de poser des diagnostics plus précis, comme des pathologies neuro-dégénératives.
Quelle que soit la réponse donnée, l’entrainement cérébral reste un des piliers de notre prise en charge pour le « Bien ou le Mieux Vieillir ».
Pourquoi avez-vous réalisé Mémo’Aid ?
Pour répondre aux besoins de la patientèle : la plupart des consultants (en pleine santé ou pas) me demandent des exercices valorisant des stratégies mnésiques ou mettant en jeu des techniques de mémorisation.
Il faut connaitre les modifications du corps en rapport avec le vieillissement : le cerveau n’échappe pas à cette règle de la transformation de notre organisme. La diminution du volume du cerveau conséquente impacte de façon directe la mémoire, l’humeur, la motivation… Toute une sphère cognitive, qui autrefois n’était pas abordée, est aujourd’hui mise en lumière par les nouvelles technologies.
De là un travail important de prévention est possible avec l’idée de maintenir des fonctions cognitives qui, inexorablement, diminueront … Mais le plus tard possible serait le mieux, non ?
Mémo’Aid apparait dans l’idée de concrétiser un entrainement cérébral bénéfique, associé à une alimentation saine et une activité physique régulière. Cela n’empêchera aucunement la maladie neuro-dégénérative d’apparaitre mais cela pourra l’accompagner au cœur des symptômes.
A qui s’adresse-t-il ?
Mémo’Aid s’adresse à un large public : n’ayant aucun trouble de mémoire mais souhaitant transmettre un savoir à des plus jeunes ou ayant des pertes de mémoire mais exerçant avec l’aide des proches des stratégies pour limiter le déclin.
L’idée de transmission est bien présente dans ce livret car les photos, les dessins, les textes… sont issus d’interviews d’artisans, d’artistes, de personnages locaux qui nous livrent la richesse du terroir. Le plus souvent les séniors sont détenteurs de toutes ces valeurs au sein d’une mémoire autobiographique souvent préservée. En exemple, il m’a été partagé la joie d’une aidante qui a découvert le passé de sa mère, en rapport avec une photo du livret… Les souvenirs ont alors afflué et ont permis un échange plein d’émotions.
Il peut être aussi une pause récréative pour combattre un isolement social des personnes seules.
Pourquoi est-il nécessaire de faire travailler sa mémoire ?
Alors que ce n’est pas un muscle, la comparaison en est pourtant compréhensible … A ne pas l’utiliser, comme le passage à la retraite pourrait l’entrainer, la mémoire moins sollicitée peut décliner par une stimulation moindre.
A cela, s’ajoute le vieillissement cérébral qui est marqué par une diminution du volume des hippocampes (ou centre de la mémoire). Mais la stimulation cognitive, quel que soit l’âge, régénère de nouveaux neurones, étape appelée la neurogénèse. Ainsi, cette plasticité cérébrale maintiendrait des capacités restantes voire les amélioreraient.
Pourquoi est-il important que la personne aidée soit proche de son environnement ?
L’outil pédagogique, qu’est Mémo’aid, a été construit dans l’idée de transmettre. Il s’agit d’activer une mémoire sémantique (de connaissances) mais aussi autobiographique (d’expériences vécues) d’où l’importance du terroir martiniquais comme terreau des savoirs. Mon blog familyevasion.com a alors été naturellement la source des écrits puisqu’il réunit nombre de rencontres de terrain. En exemple, un photo langage basé sur l’Habitation Gaigneron ou le Trou Cochon du Vauclin… permettra de raviver des émotions le plus souvent intactes avec l’avancée en âge. Les mémoires sensorielles seront-elles aussi ciblées… En effet, une odeur subjective de Pain au beurre peut délier la parole.
L’ouvrage est d’ores et déjà disponible sur le site sameditions972.fr et devrait l’être bientôt dans certaines librairies.
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Carolle Chatot-Henry est une senior, médecin gériatre dans la vraie vie mais aussi passionnée par la Martinique où elle réside en famille depuis de nombreuses années. Nous l’avons rencontrée afin qu’elle nous parle de ses passions : le voyage et l’écriture d’un blog depuis quelques années. Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel en quelques lignes …
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