Nos sociétés pourtant vieillissantes continuent à valoriser le jeunisme. Vieillir est souvent attaché à des notions négatives autour de la maladie et de la déchéance physique. Il n’est nullement question de vivre une période de notre vie qui serait le bel âge par opposition au vieil âge.
Changer le regard sur la vieillesse et le vieil âge
Nous avons tous un regard ambivalent et ambigu sur la vieillesse :
- D’un côté, elle représente la sagesse, l’expérience et la transmission. Selon une étude réalisée en 2017 sur la perception de la vieillesse par les Français 42 % des personnes interrogées ont l’espoir de s’approcher des 150 ans !
- D’un autre côté, on l’associe à la maladie, à la sénilité voire le déclin. C’est cette part « sombre » qui prend souvent le pas sur le regard positif que l’on devrait poser sur les personnes âgées. Même si ces mots nous paraissent inusités aujourd’hui, nous avons souvent entendu voire utilisé les expressions dévalorisantes suivantes pour désigner les personnes âgées : les petits vieux, les vieux croûtons, les ancêtres …
Notre société valorise le jeunisme et le « zéro défaut ». Certains seniors, hommes et femmes, courent après leur jeunesse en adoptant les codes des jeunes adultes ou des adolescents (les quincados). D’autres se ruinent en maquillage, en soins, coloration ou traitements esthétiques pour continuer à paraître plus jeunes.
Or, la vie s’allonge de plus en plus et il nous faut changer notre regard sur le vieillissement. En effet, le vieillissement « pathologique » est statistiquement minoritaire selon le philosophe Bertrand Quentin.
Rappelons-nous que l’espérance de vie était de 45 ans en 1900 (25 ans au milieu du 20ème siècle). Elle a presque doublé au cours du XXème siècle. Elle est 85,4 ans pour les femmes et de 79,4 ans pour les hommes en 2016. Selon le sociologue Michel Billé « Vieillir est une chance à cultiver » ! Une chance de voir grandir ses petits-enfants et de transmettre l’histoire familiale. Profitons-en !
Prendre soin de soi très tôt pour éviter de devenir « vieux »
Pour vieillir dans de bonnes conditions, il est essentiel d’être en bonne santé. Selon une citation du peintre Henri Matisse « On ne peut pas s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux ». La prévention doit être au cœur de nos préoccupations. Les Français estiment que cela doit être une politique publique. En effet, selon une étude menée en 2016 , plus des deux-tiers des personnes interrogées estiment que les politiques publiques, dans leur intervention pour favoriser le « bien vieillir », doivent avant tout axer leurs efforts sur le maintien d’une bonne santé.
Cela implique que nous ayons tout au long de notre vie pratiqué une activité physique et de bonnes habitudes alimentaires. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande a minima la pratique d’une activité d’intensité modérée de 150 minutes par semaine ou 75 minutes si elle est soutenue. Par ailleurs, en prenant de l’âge, si l’organisme change, les besoins nutritionnels ne changent pas. Il faut continuer à s’alimenter correctement pour rester en bonne santé et continuer à se faire plaisir.
Vivre le bel âge, c’est aussi continuer à entretenir des relations avec la société et ne pas s’isoler. L’isolement mène à la dépression et au déclin des facultés cognitives. Pour maintenir des interactions avec son environnement, même si l’on demeure dans un quartier isolé, les occasions ne manquent pas. A la campagne, pourquoi ne pas perpétuer la tradition ancienne qui consistait à se rendre visite mutuellement pour prendre des nouvelles de la voisine ou du voisin ? En ville, il est possible de participer à la vie de la cité en s’inscrivant dans une association ou en faisant du bénévolat etc.
Vivre le bel âge, c’est accepter les changements de son corps et apprendre à vivre avec ses limitations en adoptant des stratégies de contournement. Si vous avez l’habitude d’être multitâches, il faudra accepter de pouvoir en entreprendre que 2 à la fois en vieillissant. Si vous êtes incapable de retenir votre emplacement de parking, prenez une photo.
La retraite, l’âge de tous les possibles et de l’accomplissement personnel ?
Il y a encore quelques années, la retraite était perçue comme une fin de vie et d’une histoire. Aujourd’hui, une fois arrivés à la retraite, les seniors ont près de 30 ans d’espérance de vie en bonne santé. L’entrée en institution n’intervient qu’à partir de 85 ans environ. C’est aussi à cet âge que surviennent les premiers ennuis de santé.
Selon le sociologue Serge Guérin, les retraités aujourd’hui sont engagés dans notre société avec « une ferme envie de rester actifs. ». Ils s’engagent dans des associations, continuent à travailler ou même créent une entreprise une fois à la retraite !
Certains retraités choisissent de changer complètement de vie. Ils décident de partir vivre leur retraite à l’étranger. Ils veulent profiter d’un climat différent, d’une fiscalité plus avantageuse et de conditions de vie qu’ils jugent plus favorables. La barrière de la langue ne les effraie pas.
D’autres retraités mènent parfois une existence extraordinaire en tant que :
- champion sportif hors catégorie comme Robert Marchand, 106 ans qui vient juste d’arrêter la compétition !
- star des défilés de mode
- influenceur(se) beauté sur les réseaux sociaux
Et vous, quand allez-vous commencer à vivre le bel âge ?