Le cap des 60 ans, une étape importante ? La Guadeloupe et la Martinique vieillissent, on le sait, on le lit et on en parle de plus en plus. Si, au niveau mondial, ces changements de société sont de plus en plus intégrés et interrogés, on peut se poser la question de la réalité des éventuelles conséquences pour chacun d’entre nous.
Car après tout, on vieillit, et alors ? Qu’est ce qu’il faut craindre ou prévenir quand on prend de l’âge ? Vieillirons-nous tous de la même façon ?
Focus, avec le Dr Tatiana Basileu-Zozio, gériatre en Guadeloupe, sur un sujet qui inquiète …
Bien vieillir, c’est quoi ?
Le vieillissement, c’est l’ensemble des modifications subies par le corps au cours du temps. Il ne s’agit ni d’un naufrage, ni d’une maladie mais d’un phénomène d’adaptation de notre organisme au temps qui passe et surtout aux conditions dans lesquelles il vit !! Bon gré, mal gré, les processus de réparation internes de notre corps peuvent subir des altérations et avoir de plus en plus de mal à prévenir le fameux vieillissement oxydatif que nous lui faisons subir simplement en respirant de l’oxygène. Au-delà de ces phénomènes complexes, il faut retenir que le premier garant de notre « bien vieillir » c’est nous ! En effet, le mode de vie est l’élément capital qui influencera notre façon de vieillir et qui nous fera ou bien rester autonome ou bien malheureusement devenir dépendant. Il s’agit d’en prendre réellement conscience et de saisir que l’enjeu du bien vieillir n’est pas l’affaire du « 3ème » âge, mais bien celui de tous, et notamment des plus jeunes ! Une alimentation trop riche en sucres dès le plus jeune âge, l’absence d’activité physique ou encore la consommation excessive de toxiques (alcool, tabac etc..), c’est la garantie d’avoir dès la cinquantaine voir la quarantaine, des maladies dites de « civilisation » comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou l’obésité. Donc non on ne vieillira pas tous de la même façon, simplement parce qu’on ne vit pas tous de la même façon…
Le cap des 50-60 ans : un moment clé ?
Oui, car il s’agit souvent de la période où les enfants sont partis, la retraite s’annonce et où le cercle des proches se raréfie. Mal négocié, ce virage peut s’annoncer catastrophique et être le début d’un isolement social, avec, à la clé, le risque de développer une dépression voire des troubles de mémoire. En effet, longtemps sujet tabou, la dépression existe en Guadeloupe et concerne particulièrement ces tranches d’âge. A trop s’isoler, on parle moins, on cumule les regrets et on cultive une tristesse qui, peu à peu, rend difficile les étapes de deuil de la vie sociale que l’on avait avant. Se voir perdre en autonomie, accepter la nouvelle image de son corps ou les difficultés liées aux capacités moindres, c’est commencer à accepter que la vie a changé de « cap » et que peut-être on aura besoin d’aide … De nombreuses études prouvent que les dépressions non soignées peuvent parfois conduire ou contribuer à développer des maladies neurodégénératives plus graves. Il faut anticiper ce passage et préparer sa retraite. Faire partie d’une association ou avoir des activités sociales qui vous permettront de garder une fonction, un rôle et une place dans la société. Il ne s’agit pas de garder la même mais bien de s’en faire une nouvelle, plus adaptée à la personne que l’on devient.
Ma mère, mon père depuis sa retraite : s’enferme, est triste, est-ce une dépression, est-ce une dépression ? Que faire ?
Avant toute chose, laissez-le respirer ! Il est parfois difficile en tant qu’enfant de se faire entendre de parents qui nous ont vu en couche culotte ! N’hésitez pas à faire appel à des proches pour l’aider à verbaliser son mal être. En parallèle, il faut surveiller les signes éventuels de dépression grave (votre parent a-t-il perdu poids ? mange t’il à tous ses repas ? a-t-il des idées noires ? etc..). Vous (ou un proche) pouvez lui proposer d’en parler à son médecin généraliste. Touchez en un mot également à son médecin qui pourra lui-même introduire le dialogue. N’hésitez pas à passer le relais, en étant présent mais non intrusif. Renseignez vous sur les aides et dispositifs. Proposez-lui d’aller à une manifestation ou encore au village des seniors qui aura lieu du 6 au 7 octobre au WTC à Jarry.
Enfin l’appel à un psychologue est possible, mais l’adhésion du patient est nécessaire. Certaines associations et plateformes d’aidants permettent un soutien des aidants et une orientation vers des professionnels de santé identifiés en cas de problématiques plus complexes.
Et si c’était la maladie d’Alzheimer ?
Un renfermement sur soi, une tristesse latente, une agressivité inhabituelle ou encore un changement de caractère peuvent parfois aussi être plus qu’une dépression et être lié début d’une maladie d’Alzheimer. Attention pas de précipitation et pas de panique. Avant toute chose, parlez en à votre médecin généraliste qui sera le plus à même de vous prescrire des examens et de vous orienter vers un spécialiste. Dans tous les cas, en cas de refus de votre proche ou de déni, rapprochez vous des plateformes d’aidants et ou des CCAS car la mise en place d’aides au domicile s’avère rapidement nécessaire. Concernant la maladie d’Alzheimer, le diagnostic se fait par un spécialiste (neurologue, gériatre ou psychiatre) lors d’une consultation mémoire spécialisée avec un certain nombre d’examens. N’imposez pas les rendez-vous et faites-vous aider par des proches ou par les associations d’aidants pour convaincre votre parent.
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