Notre société favorise la jeunesse comme étant la valeur de référence quasi-absolue depuis de nombreuses années. Or, d’ici 2030, selon l’INSEE, 36% de notre population aura plus de 60 ans et près de 40 % en 2040.
Que faisons-nous de l’histoire et du vécu de nos seniors ?
Amadou Hampâté Bâ, écrivain et ethnologue malien, a très justement dit « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Il nous paraît important de permettre à nos seniors de raconter leur histoire pour les valoriser et pour ne pas les oublier …
Alice est une retraitée active de 76 ans. La retraite qu’elle a prise en août 2002, elle n’en connaît pas la signification. Alice est une femme pétillante qui s’intéresse à tout. Elle est une rédactrice assidue de deux rubriques du site Happy Silvers (voyage et fruits et légumes à la une).
Découvrons Alice qui témoigne en quelques mots …
Diriez-vous que vous avez eu une vie d’adulte épanouie ?
Ma vie a été particulièrement réussie car j’ai pu arriver jusqu’à l’âge de 65 ans et prendre ma retraite malgré toutes les difficultés que j’ai pu rencontrées tout au long de ma vie.
Quelles ont été les évènements importants dans votre vie ?
Trois évènements ont particulièrement marqué ma vie selon moi :
- Réussir à l’écrit de l’agrégation en 1996, à 6 ans de la fin de ma carrière, a été une grande joie pour moi car je ne pensais pas à y arriver un jour.
- En 1998, j’ai obtenu mon 2ème DEA de géographie. Mon mémoire a porté sur la rénovation du centre de Fort-de-France.
- Plus surprenant, j’ai passé le diplôme de détective privé en 1999 pour le plaisir …
Parlez-nous de votre métier ?
J’ai été enseignante, dès la fin de mes études, en histoire et en géographie dans plusieurs lycées de la Martinique après avoir exercé pendant 10 ans en France.
C’est un métier que j’ai adoré.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
Au lycée, j’avais de très bonnes notes en histoire géographie. Je me suis donc dit que j’allais alors me diriger vers ce métier. Mes matières préférées étaient l’histoire et les lettres modernes.
Je n’ai pas pu effectuer des études de lettres modernes car je n’avais pas étudié le latin pendant ma scolarité.
Donc, je me suis dirigée vers la géographie. Pourtant, j’ai découvert par la suite que c’est dans cette matière que j’avais obtenue la plus mauvaise note au baccalauréat. Ironie du sort, lors de ma dernière tentative de passer l’oral de l’agrégation, c’est en géographie que j’ai la meilleure note (rires !).
Après le baccalauréat série littéraire, je suis partie en France. J’ai obtenu une licence d’enseignement de géographie et un DEA d’histoire avec une spécialité sur la Russie.
A la fin de ma carrière, j’avais obtenu 2 DEA !
Quelles ont été les joies que vous avez éprouvées dans le cadre de l’exercice de votre métier ? Les moments un peu plus pénibles ?
Mes joies se résument en quelques mots : le plaisir d’enseigner ! J’étais très appréciée par mes élèves et le courant passait entre nous.
J’ai rencontré un de mes anciens élèves qui m’a dit « On se souvient toujours des bonnes personnes ». Aujourd’hui, cela m’oblige à être toujours présentable car je ne veux pas décevoir mes anciens élèves !
Quant aux moments pénibles, ce sont sans nul doute les fameuses visites des inspecteurs … !. C’était toujours très stressant.
Parlez-nous de votre retraite ?
Ma retraite, quelle retraite ? Moi, je ne me considère pas comme étant à la retraite. Je suis toujours très active. Et puis, j’ai donné des cours particuliers pendant 10 ans quand j’ai pris ma retraite.
Je me suis inscrite à l’Université du Temps Libre l’an dernier afin de suivre des cours d’informatique.
Par ailleurs, j’ai toujours eu une vie religieuse active au sein d’une association que j’ai créée.
Quel sentiment avez-vous éprouvé à la fin de votre vie active professionnelle ?
J’ai arrêté d’enseigner en éprouvant un grand regret car j’étais encore pleine d’ardeur et d’entrain. Mes activités extra-professionnelles m’ont permis de ne pas sentir de vide. Je n’ai pas eu l’impression de quitter la profession puisque j’ai continué à donner des cours particuliers en français et en anglais.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes ? Aux futurs ou nouveaux retraités ?
Pour les jeunes : je leur conseille de bien choisir leur métier, d’exercer une profession qu’ils aiment. Il faut bien connaître les avantages et les inconvénients du métier qu’ils vont embrasser. C’est indispensable.
Pour les futurs et les nouveaux retraités : il faut préparer sa retraite en restant actif, en choisissant une activité qu’ils aiment et s’y accrocher.
Quels loisirs avez-vous aujourd’hui ?
Je n’ai pas de loisirs particuliers mais je suis toujours en activité. Mon seul loisir serait de me reposer quand je suis fatiguée … si j’en avais le temps.
Diriez-vous que vous vivez une retraite telle que vous l’aviez imaginée ?
Le problème est que je ne me considère pas comme étant à la retraite. Pour être sincère, je commence à sentir le poids des années.