Le vieillissement véhicule des images négatives dans nos sociétés. Nous valorisons le jeunisme et non le vieillissement réussi.
Certains seniors refusent de vieillir et adoptent des attitudes de jeunes trentenaires (les quincados). Et pourtant, nous vieillissons de mieux en mieux. Selon Jean-Pierre Aquino, gériatre « un vieux d’aujourd’hui est moins vieux qu’un vieux d’autrefois ». Compte tenu du vieillissement de nos sociétés, il faudra développer des actions de prévention en direction des seniors afin d’augmenter leurs capacités fonctionnelles et leur permettre de retarder les conséquences des maladies chroniques. Tel est le défi que nous devrons relever.
Comment le vieillissement a-t-il été perçu à travers les âges ? Qu’est-ce que le concept du vieillissement réussi ?
Le vieillissement, une préoccupation ancienne
Le vieillissement préoccupe les hommes depuis l’antiquité. A titre d’exemple, en Egypte, les hiéroglyphes parlent du vieillissement et du fait d’être vieux. Pour Hippocrate, la vieillesse commence à 63 ans et est une perturbation de l’ordre corporel. Cet ordre est un système harmonieux reposant sur l’équilibre des 4 humeurs (sang, phlegme, bile jaune, bile noire). Elle se manifeste à travers des transformations et des malaises (difficultés à respirer, douleurs aux articulations …)
En 1747, apparaît l’idée de la prévention appliquée au vieillissement. Le dictionnaire universel de médecine décrit la gérocomie, partie de la médecine prescrivant un régime aux vieillards. Du moyen âge au 18ème siècle, on publie des traités de gérocomie dans une quête de l’éternelle jeunesse et la recherche de l’élixir de longue vie. Les médecins s’efforcent d’y consigner une formule miracle et des bons conseils pour permettre à une clientèle généralement fortunée de se maintenir en bonne santé.
Au milieu du 19ème siècle, est apparue une médecine spécialisée dans la prise en charge des vieillards. Par exemple, Durand-Fardel publie un traité clinique et pratique des maladies de la vieillesse en 1854.
La gériatrie ne se développera à nouveau en France qu’après 1948, en particulier à partir des années 60, en liaison avec une nouvelle efficacité des traitements.
Le vieillissement réussi, un concept de la fin du 20ème siècle
Ce sont les chercheurs américains en gérontologie John W. Rowe et Robert L. Kahn qui proposent le concept du vieillissement réussi. Selon eux, il y a trois types de vieillissement :
- pathologique avec morbidités (dépression, démence, troubles de la locomotion …)
- usuel ou habituel avec des atteintes définies comme physiologiques, liées à l’âge, de certaines fonctions.
- réussi ou optimal c’est-à-dire avec un maintien d’un haut niveau de fonctionnement cognitif et physiologique ou une atteinte modérée ou une absence de pathologies ou une capacité à s’adapter aux pathologies et une tendance à s’engager dans des activités sociales et constructives.
La prévention n’empêche pas le vieillissement qui est inéluctable mais vise à le réussir. Même si certaines exigences pour bien vieillir sont indépendantes de notre volonté, certaines en dépendent comme l’engagement dans des activités sociales ou encore des comportements qui sont bons pour notre santé.
Ce concept positif est aussi un moyen pour permettre à la gérontologie d’échapper à l’image négative et dévalorisante véhiculée par le vieillissement dans la société. En effet, les personnes âgées sont souvent perçues comme des consommateurs de soins coûteux mettant en danger l’équilibre du rapport cotisant-pensionné. Les « vieux » sont considérées comme étant des personnes sur le déclin c’est-à-dire fragiles, vulnérables et malades.
Le modèle du vieillissement réussi selon ces deux chercheurs s’articule autour de 3 critères :
- l’absence de maladie
- l’engagement dans la vie
- des fonctions physiques et cognitives préservées
La notion de bien-vieillir mise sur la prévention. Cette dernière peut éviter certaines maladies ou les difficultés dues au vieillissement.
Ce concept, à l’origine d’un changement de mentalité face au vieillissement, a connu un regain d’intérêt ces dernières années du fait de l’allongement de la durée de vie et de la longévité. De nombreuses études ont démontré que l’on vit plus longtemps, en meilleure santé, en étant plus actif.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a introduit la notion de vieillissement actif en 2002. IL s’agit du « processus d’optimisation des possibilités de santé, de participation et de sécurité́ dans le but d’améliorer la qualité́ de vie des personnes âgées tout au long de la vie et vieillissement en santé ».
Selon le plan Bien Vieillir 2007-2009 en France, les principales recommandations du bien vieillir sont les suivantes :
- « continuer à entretenir, voire améliorer son capital intellectuel, physique, social et psychique (promotion de la santé)
- prévenir les maladies survenant avec l’âge en adoptant un mode de vie adaptée ;
- prendre en charge précocement les maladies ou les troubles qui sont susceptibles d’entrainer une incapacité
- avoir une activité́ physique ou sportive régulière
- adapter son alimentation selon les principes du Programme National Nutrition Santé;
- adapter son environnement physique et social
- conserver une vie sociale riche et les liens intergénérationnels
- lutter contre l’isolement
- valoriser les notions de projet de vie, d’estime de soi, d’adaptation au changement. »
Sources : Guérir de vieillesse de Nicole Bernard, La gériatrie : histoire et avenir de Paula Lazar, site agevillage
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