Le cancer de la prostate est la 1ère cause de décès chez les hommes en Guadeloupe. Avec un indice multiplié par 2, par rapport aux indices métropole, la Guadeloupe compte chaque année environ 500 nouveau cas de cancer de la prostate, avec un taux de guérison pouvant atteindre les 80 %.
Les facteurs, favorisant le processus de déclenchement de la maladie, sont sans cesse étudiés. A la fois communs, ils varient également fonction de contexte environnemental différent. Les résultats, en constante évolution, permettent d’optimiser, d’années en années, la prise en charge des patients.
Notre entretien avec le Professeur Pascal Blanchet, chef du service d’urologie et transplantation rénale du CGU de Pointe-à-Pitre, professeur d’urologie à l’Université des Antilles, membre de l’IRSET (Unité INSERM 1805) nous permet aujourd’hui de répondre à des interrogations importantes sur la maladie, sur son amplitude et sur les actions menées aux Antilles et plus précisément en Guadeloupe, depuis maintenant près de 15 ans.
Les facteurs de la maladie
La recherche sur le cancer de la prostate, ses causes et son évolution, est menée à l’échelon international.
Rappelons avant tout que le cancer de la prostate provient d’une anomalie dure à un dérèglement de cellules glandulaires. Provoqué par l’addiction de plusieurs facteurs, celui-ci touche majoritairement les hommes à partir de la cinquantaine
avec l’augmentation de la durée de vie, on s’attend dans les prochaines années à une évolution progressive du nombre de cas dans plusieurs pays, notamment sur le continent africain.
Aux Antilles, 2 facteurs prédominants liés au déclenchement de la maladie ont été identifiés :
Un héritage génétique propice à la maladie
Les études menées montrent qu’une défaillance au niveau du chromosome 8, observée majoritairement chez la population d’origine africaine, favorise un dysfonctionnement glandulaire.
Pour autant, la population noire n’est pas la seule touchée par la maladie car d’autres facteurs sont déterminants dans l’application de la maladie, comme :
Un environnement menaçant
L’utilisation répandue, dans le temps et dans l’espace agricole de l’arc Antillais, d’un dangereux pesticide communément appelé le chloredécone, provoque un dérèglement de l’hormone sexuelle (endocrinienne) favorisant l’apparition du cancer de la prostate.
Le dépistage en guise de prévention
Malheureusement, il n’existe pas à ce jour de prévention possible face au cancer de la prostate, contrairement à d’autres types de cancer.
Seul un dépistage peut déceler les origines de dysfonctionnement. Réalisé à temps (avant propagation généralisée), le dépistage précoce permet de soigner définitivement entre 75 et 80 % des cas.
Le principe du dépistage
Toucher rectal + examen sanguin (détection de marquer PSA)
Un suivi peut-être envisagé afin de contrôler et surveiller l’évolution.
Une implication en demi-teinte
Le dépistage du cancer de la prostate relève exclusivement d’une démarche personnelle. Contrairement à d’autres typologies de cancers, les pathologies liées à la prostate ne font pas l’objet d’une action nationale. A ce jour, aucune campagne d’information n’a encore été mise en œuvre pour répondre aux attentes des praticiens spécialisés, qui, eux, ne demandent qu’à informer et mobiliser à grande échelle la population locale sur l’importance d’un dépistage précoce, lequel permettrait de soigner un grand nombre d’hommes et d’en rassurer d’autres.
Une prise de conscience nécessaire
En effet, confrontés à différents symptômes urologiques, beaucoup trop de personnes restent dans le doute et tardent à franchir le cap.
Aujourd’hui encore, la bienveillance de nos matrones et le bouche à oreille sont les seuls canaux d’information efficaces qui incitent les hommes, souffrant d’un dysfonctionnement ou de douleurs urologiques, à consulter.
Un dépistage permet de déceler une anomalie et peut, de ce fait, rassurer un patient sur les origines et la gravité de son mal. Tous les maux liés à la prostate ne révèlent pas toujours un cancer et sont bien souvent les signes d’autres pathologies plus bénignes.
Pour le professeur Pascal Blanchet, il faudrait une démarche nationale résultant d’une réflexion commune entre les différents acteurs de santé (INSERM, CGSS, Association de dépistage du cancer de Guadeloupe) dans le but de procéder à un dépistage sur tout homme à partir de 45 ans, avec ou sans symptôme, comme un check-up complet. Ainsi, le patient pourra bénéficier du traitement le plus efficace possible.
Les conséquences du cancer de la prostate
Si le dépistage est réalisé tardivement, le cancer de la prostate déclaré peut entraîner :
- Une rétention aigue d’urine,
- Une impuissance sexuelle,
- Une altération de l’état général,
- Des douleurs et/ou le dysfonctionnement ou la défaillance d’autres organes liés à la présence de métastases.
Les traitements les plus récurrents
Depuis la fin des années 40, la castration chirurgicale ou chimique est une solution largement pratiquée sur les patients afin d’éviter la propagation des métastases. Cependant, cet acte chirurgical ne permet pas la guérison et, par conséquent, ne fait que retarder l’échéance.
Depuis, d’autres solutions ont fait leurs preuves. Parmi elles, l’ablation de la prostate :
- Soit par la chirurgie par robot assisté (méthode très précise)
- Par le biais d’une radiothérapie externe (émission quotidienne de micro capsules d’ondes pendant 8 semaines)
- Ou encore grâce à la radiothérapie internet (grains radioactifs posés en 1 seule fois)
- Par ultrasons focalisés de haute intensité délivrés en une fois
Le cancer de la prostate est une maladie insidieuse puisqu’elle ne peut être prévenue, seulement détectée précocement en vue d’une guérison la plus efficace possible. Les facteurs multiples décidément présents ne peuvent pas être évités par une simple volonté individuelle. Par contre, le taux de guérison est très encourageant, si la maladie est détectée suffisamment tôt. En attendant les actions d’information et de communication grand public, tant attendues, un seul mot d’ordre à tous nos hommes de 45 ans et + : un check up complet pour se rassurer et vivre bien encore longtemps ? Ce n’est pas si compliqué ! Des spécialistes impliqués exercent pour votre bien être médical et mental. Mieux vaut être rassuré, plutôt que de vivre dans le doute pendant vos 10, 20 ou 30 prochaines années …
Julie Lebroussa
Quelques chiffres sur le cancer de la prostate
0590 89 13 95
[email protected]
En savoir +
Agwadec Association Guadeloupéenne de Dépistage du Cancer
05 90 38 15 03
Sur le net : www.chu-guadeloupe.fr/annuaire-de-l-etablissement
Retrouvez le magazine Génération + ici