Près de 90 000 seniors se lancent chaque année dans la création d’entreprise en France, soit près de 20 % des nouveaux créateurs.
Selon le rapport “Quelle performance des entreprises créées par les seniors ? ” publié par France Stratégie en octobre 2022, les seniors qui se lancent dans l’entrepreneuriat présentent des caractéristiques spécifiques suivantes :
- Leur niveau d’éducation est légèrement plus varié que celui des autres créateurs d’entreprise (avec plus de sans diplôme et plus d’élèves de grandes écoles)
- Ils ont souvent occupé des postes de cadres, d’indépendants ou de chefs d’entreprise. Ils bénéficient souvent d’un capital initial plus élevé
- Leurs motivations, proches de celles des autres tranches d’âge, sont l’envie d’indépendance et le goût d’entreprendre.
Cette étude permet de définir 5 profils types de créateurs seniors :
- Le Serial entrepreneur très diplômé (24%) : homme de 55-59 ans, ancien chef d’entreprise disposant d’un capital élevé, motivé par l’innovation et le goût d’entreprendre.
- L’indépendant peu diplômé (24%) : ancien indépendant ou inactif, aux moyens limités, créant une activité dans des secteurs comme la construction ou le commerce, motivé par l’autonomie.
- Une personne au chômage de longue durée (21%) âgé de 55-59 ans, bénéficiant d’aides publiques, motivée par la nécessité de créer son propre emploi.
- Une femme retraitée de 60 à 64 ans à la recherche d’un complément de revenu (19%) : diplômée, créant sa première entreprise dans la santé, l’éducation ou les services techniques
- Un demandeur d’emploi (12%) de 50-54 ans, sans emploi depuis moins d’un an, motivé par des contraintes économiques et l’envie d’indépendance, souvent soutenu par des aides publiques.
Francine Berchel, 55 ans, une entrepreneuse inspirante, incarne parfaitement cette dynamique : elle a décidé de se réinventer et d’apprendre un nouveau métier, la formation professionnelle d’adultes sous le nom de France B. Consulting.
Pourquoi avoir créé votre entreprise alors que beaucoup pensent déjà à leur retraite ?
Je n’ai jamais pensé à la retraite ! Je me sens encore jeune, pleine d’idées et capable de faire beaucoup de choses utiles. Après ma carrière de salariée, j’ai eu envie de travailler autrement. En 2020-2021, ma trajectoire a changé : mon président au CIVAD où j’occupais le poste de directrice de cabinet, a décidé de ne pas se représenter. Comme tout collaborateur de cabinet, j’ai suivi. C’était l’occasion de faire un bilan de compétences, qui m’a éclairée sur mon envie de transmettre et d’accompagner les autres.
Quels types de formations dispensez-vous ?
Je forme sur des compétences transversales comme :
- La posture professionnelle : un enjeu pour tous, pas seulement les jeunes.
- Les techniques de recherche d’emploi.
- Le développement durable et la RSE
- L’initiation à la création d’entreprise. Je suis membre des réseaux Les 100 000 Entrepreneurs et Les Premières de Guadeloupe.
Avez-vous suivi une formation pour votre reconversion, et comment l’avez-vous vécue ?
Oui, j’ai suivi pendant 11 mois une formation en présentiel pour devenir formatrice d’adultes à l’IFPS. C’était un retour sur les bancs de l’école que j’ai adoré car je suis une éternelle étudiante. J’aime autant apprendre que transmettre.
Cela a été une période extraordinaire, même si elle était exigeante. La formation incluait beaucoup de travail personnel et des stages. Mais c’était un grand moment de bonheur et d’enrichissement. J’ai toujours accordé beaucoup d’importance à la formation : j’ai préparé l’ITB, validé un BTS communication en VAE et obtenu un master en management opérationnel. Ce retour aux études m’a rajeuni et dynamisé.
Quels conseils donneriez-vous aux seniors qui hésitent à se reconvertir ?
Il suffit d’un déclic. Une fois lancé, tout s’enchaîne. Il faut se faire confiance et être ouvert au changement. Chaque reconversion que j’ai faite m’a permis d’aller plus loin. Aujourd’hui, tout ce que j’ai appris – que ce soit en banque, en insertion ou en gestion des déchets – me sert dans mon métier. Il n’est jamais trop tard pour apprendre. À 55 ans, je ne pense pas que je sois à mon dernier métier !
Pourquoi continuer à se former est-il important ?
Cesser d’apprendre, c’est cesser de vivre. Le monde évolue en permanence. Par exemple, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle nous bousculent. Je dis souvent à mes apprenants qu’il faut s’adapter et vivre avec son temps, sans quoi on prend du retard. Aujourd’hui, il existe des MOOC et d’autres ressources accessibles pour se former tout au long de la vie.
Un dernier mot ?
Même avec des enfants, se lancer peut être inspirant pour eux, même si cela comporte des risques financiers. Je pense toujours qu’il y a une solution pour tout. Je veux continuer à m’épanouir dans mes projets et à encourager les autres à se réinventer à tout âge.
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