Les Français, surtout les seniors, consomment beaucoup de médicaments et en particulier de benzodiazépines. Parmi les médications vedettes, celles contre l’anxiété et l’insomnie, de la famille des benzodiazépines, atteignent des chiffres record malgré des effets secondaires bien connus.
Examinons la situation et la consommation …
Notre pays arrive en seconde position en Europe, juste après l’Espagne, pour la consommation de médicaments par habitant, avec 43 boites, concernant plus particulièrement les anxiolytiques et les somnifères. Plus de cent millions de boites ont été vendues en 2017, prescrites à 82% par un généraliste et, bien sûr, remboursées par la sécurité sociale.
Une situation inquiétante pour l’Agence du médicament qui, régulièrement, alerte la population sur les risques encourus par cette surconsommation particulièrement marquée chez les seniors, surtout chez les femmes.
Les benzodiazépines ou molécules apparentées sont commercialisées sous des marques diverses : Valium, Xanax, Stilnox, Lexomil, … sans oublier les génériques. Ces produits de synthèse sont d’un usage répandu dans la population française puisque les derniers chiffres connus indiquent que plus de dix millions de personnes les consomment avec une répartition de 2/3 contre l’anxiété et de 1 :3 pour dormir.
Quant à la dépression, elle concernerait aujourd’hui entre cinq et dix millions de Français. Le montant des dépenses de soins de psychiatrie en résultant (consultations et hôpital inclus) a été de 22 milliards d’euros en 2017, plus que les dépenses de cancérologie ou de cardiologie.
Quels sont les risques encourus ?
Outre le coût pour la collectivité (sécurité sociale) et pour l’intéressé, la consommation régulière de tels médicaments expose à de nombreux effets secondaires avec, bien sûr, des différences selon les individus :
- Somnolence, amnésie, convulsions, confusion mentale
- Déclin cognitif, chutes, accidents de la route
La somnolence est à l’origine de nombre de risques au volant bien sûr en raison de la perte de vigilance mais également la nuit ; en effet, beaucoup de personnes âgées se lèvent pendant leur sommeil et la somnolence est à l’origine de chutes qui peuvent être graves.
Le corps médical rappelle que l’usage prolongé de benzodiazépines, c’est-à-dire plus de quatre semaines pour les hypnotiques et plus de trois mois pour les anxiolytiques et les myorelaxants, conduit à une accoutumance puis à une dépendance, tant physique que psychique.
De plus, le sevrage de ces médicaments est difficile et peut aller jusqu’à l’hospitalisation.
Deux informations complémentaires pour juger
- Dans de nombreux pays, leur dangerosité les fait classer dans la liste des stupéfiants
- 40% des appels reçus au centre antipoison à propos des médicaments concernant les benzodiazépines.
Les Français sont-ils plus anxieux ou plus insomniaques que les autres ou le corps médical délivre-t-il trop facilement ces médicaments sans proposer des solutions alternatives ?
La Haute Autorité de santé en 2018 a mis en garde les généralistes en ces termes : « quel que soit le niveau de dépression, la prise en charge repose en premier lieu sur une approche psychologique ».
Jacky Sampic
Article paru dans le Courrier des retraités n° 55
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