La route de la soie était un ensemble de pistes caravanières reliant la Chine et l’Europe, empruntées par les marches dès le IIème siècle avant J.C. En 2014, le président chinois, Xi Jinping lance « les nouvelles routes de la soie » avec l’ambition non dissimulée de restaurer la grandeur passée de l’empire chinois en dominant le commerce mondial.
Une route historique
En 138 avant J.C., pour sécuriser l’ouest de son territoire, l’empereur chinois Wudi, de la dynastie des Han, chargea le général Zhang Qian de sceller une alliance avec les peuples d’Asie Centrale ? Après un périple mouvementé de treize ans, il revient Chang’an (l’actuel Xi’an), capitale de l’empire, après avoir exploré des régions alors inconnues des Chinois comme le Fergana ou la Bactriane. L’empereur fut fasciné par ses récits et, entre autres, par les chevaux de Fergana, réputés pour leur puissance et aujourd’hui disparus. Ils furent probablement l’objet des premiers échanges sur cette nouvelle route qui se développa ensuite rapidement.
La route de la soie part de Xi’an et traverse le corridor d’Hexi, situé entre désert de Gobi et le plateau tibétain. Puis, elle contourne le désert du Takla-Makan, franchit à plus de 5 000 m les passes glacées du Pamir, traverse l’Asie centrale, la Perse et arrive à Antioche. Les marchandises sont alors acheminées vers tout l’Empire Romain par route ou par mer.
Des marchandises et des idées
C’est en Chine que dès le milieu du troisième millénaire av. J.C. la soit fut inventée ? Mais, les Chinois voulurent garder secret l’élevage des vers à soie. Ils racontèrent par exemple aux Romains, très friands de soie, qu’elle était issue d’une plante qui ne pouvait pousser que sur les hauts plateaux. Ce n’est que vers IVème siècle que les secrets de fabrication furent connus et que la sériciculture se développa en Europe.
Si les marchandises circulent sur des milliers de kilomètres le long de cette route, les marchands n’en parcourent généralement que de brèves portions. Ils partent vers une ville en emportant les marchandises qu’ils savent pouvoir vendre facilement à l’arrivée, puis, font de même pour le voyage du retour. Les marchandises qui circulaient ainsi vers l’Ouest se composaient outre la soie, de fourrures, de céramiques et d’épices. Vers l’Est, c’étaient essentiellement des pierres et des métaux précieux, des textiles et de l’ivoire.
Au-delà des marchandises, la route de la soie véhicule également les techniques et les idées. Par exemple, le bouddhisme puis l’islam empruntèrent ces chemins. Elle fut parcourue par de nombreux aventuriers dont le plus connu est Marco Polo (1254-1324).
L’importance de la route de la soie déclina à partir du XIIe siècle en raison de son insécurité et du développement des routes maritimes.
Les routes de la soie du XXIe siècle
Après une période de fort développement, l’économie de la Chine est maintenant moins florissante. Or, maintenir une croissance forte reste primordial pour le parti communiste chinois en particulier pour conserver la stabilité du pays, d’où l’idée des nouvelles « Routes de la Soie » afin de favoriser le commerce chinois.
Elles comprennent un réseau ferroviaire unifié, des autoroutes et un ensemble de ports maritimes. Elles sont financées par les Chinois avec des investissements ou des prêts de centaines de milliards d’euros. Ses détracteurs lui reprochent de favoriser les entreprises chinoises, d’endetter les nations bénéficiaires ou encore de nuire à l’environnement. L’exemple du Sri Lanka est révélateur : incapable d’honorer ses remboursements, il a dû céder à Pékin le contrôle d’un port pour 99 ans.
Les Etats-Unis et la plupart des pays d’Europe occidentale ont ainsi affiché leur scepticisme et leur inquiétude devant cet ambitieux projet chinois.
Jacques Delforge
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