A l’heure d’une réforme des retraites, l’emploi des seniors est au cœur des préoccupations en France. En effet, la France se caractérise par un faible taux d’emploi des seniors si on le compare aux autres pays développés. Et pourtant, les seniors devraient être appelés à travailler plus longtemps si l’on tient compte de l’allongement de la durée de vie. C’est pourquoi, un rapport dont la finalité est de favoriser l’emploi des seniors a été remis au gouvernement le 14 janvier 2020.
Quel est le taux d’activité des seniors en France et en Europe ? Quelles sont les recommandations de ce rapport ?
La France a l’un des taux d’activité des seniors le plus faible des pays développés
C’est une situation paradoxale alors qu’ils devront travailler de plus en plus longtemps
Dans la France entière
Si les seniors sont de plus en plus nombreux sur le marché du travail et travaillent de plus en plus depuis quelques années, ils éprouvent des difficultés à se maintenir dans l’emploi. En effet, le taux d’activité diminue avec l’âge : près de 70% des 62 ans et plus sont inactifs et 13% d’entre eux ne sont pas encore retraités.
Nombreux sont les seniors à connaître une période de chômage avant de prendre leur retraite. En 2019, 34% des personnes âgées de 55 ans et plus étaient en chômage de longue durée contre 22% en 2003. Ils connaissent, en moyenne, au 2ème trimestre 2018, des périodes de chômage de 673 jours en moyenne contre 388 jours pour l’ensemble des chômeurs. La probabilité de retrouver un emploi est 15% pour les seniors de 50 à 64 ans alors qu’elle est de 28% chez les 15-24 ans et de 23% chez les 25-49 ans. Quand ils retrouvent du travail, ce sont généralement des contrats courts et précaires.
Le taux d’emploi des seniors de 60 à 64 ans était de 69,9% en Suède, de 46,6% dans l’Union Européenne et seulement de 31% en France selon les chiffres d’Eurostat et de l’OCDE.
Selon l’étude The Workforce view in Europe, plus d’un tiers des seniors français estiment avoir subi une forme de discrimination au travail liée à l’âge. Selon le baromètre du défenseur des droits et de l’OIT (Organisation internationale du travail, 82% des salariés du secteur public (soit 89% des demandeurs d’emploi) estiment qu’être âgé de 55 ans et plus est facteur discriminant à l’embauche. Les seniors souffrent de nombreux préjugés lors de l’embauche. Les entreprises sont généralement réticentes à recruter des salariés seniors et ce, dès l’âge de 45 ans. Les stéréotypes invoqués sont généralement les suivants :
- une difficulté à être managés et à être intégrés dans des équipes plus jeunes
- un coût salarial plus élevé
- une résistance aux changements
- une faible adaptation aux nouvelles technologies
- un surdimensionnement par rapport au poste proposé …
Ces stéréotypes ne correspondent pourtant pas à la réalité puisque 9 seniors sur 10 sont prêts à changer de fonction et 75% à revoir leur rémunération à la baisse.
Un nécessaire changement de politique s’impose vis à vis de l’emploi des seniors
- La cour des comptes a jugé que les politiques de l’emploi en direction des seniors menées jusqu’à aujourd’hui ont été inefficaces. Elle a alerté sur un « risque de précarité » pour les seniors de 50 ans et plus exclus du marché du travail et sur « un coût croissant pour la solidarité ».
- Selon l’association Solidarités Nouvelles face au chômage, « la réforme des retraites ne pourra pas se faire sans une véritable politique en faveur de l’emploi des seniors ». Elle a rédigé un rapport qui évoque notamment un manque d’accompagnement des seniors en seconde partie de carrière, un accès limité à la formation ou encore l’utilisation de la rupture conventionnelle comme pré-retraite.
En Martinique
En 2018, la Martinique comptait une population active de 153 400 personnes (126 300 d’entre eux avaient un emploi et 27 100 étaient au chômage). Le taux de chômage des 50 ans et plus était de 10 % (12% en 2017). Selon les prévisions de l’INSEE, en 2022, le marché de l’emploi serait dominé par les seniors : les actifs de 60 ans et plus seraient deux fois plus nombreux qu’en 2013. Se poseront alors le problème du maintien des seniors en emploi et des conditions d’exercice pour les professions les plus pénibles.
38 propositions pour booster l’emploi des seniors
Le rapport remis le 14 janvier 2020 propose 38 propositions autour de 5 axes de réflexion :
- Mettre les enjeux du vieillissement au cœur des politiques de prévention et de santé au travail
- Améliorer la prévention pour éviter l’usure professionnelle
- Développer les compétences en seconde partie de carrière et favoriser la transmission des savoirs
- Faciliter les mobilités internes et les transitions professionnelles
- Favoriser la transition emploi-retraite
- Améliorer la perception des seniors en entreprise
Voici quelques exemples des solutions proposées par ce rapport :
- En matière de prévention, « stimuler l’investissement de l’entreprise en prévention en initiant des programmes d’innovation technologique éligibles au crédit d’impôt recherche ».
- Aménager la fin de carrière : le salarié concerné pourrait demander un aménagement « raisonnable » du temps de travail qui serait fonction de ses besoins et de ses contraintes propres.
- Proposer la mise en place d’un bilan de compétences gratuit pour les salariés expérimentés.
- Elargir le recours au cumul emploi-retraite et le rendre plus attractif en permettant aux cotisations prélevées sur les revenus d’ouvrir des droits à la retraite.
- Etendre le champ d’accès à la retraite progressive aux professions libérales et aux agents publics et le simplifier.
Sources : lefigaro.fr, la-croix.com, ccomptes.fr, latribune.fr, snc.asso.fr
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