Vieillir en bonne santé, tel est l’objectif de la stratégie globale quant au grand âge et à la perte d’autonomie présentée par le gouvernement le 16 janvier 2020. Qu’est-ce que la perte d’autonomie en France ? Quelles sont les mesures proposées par le gouvernement pour vieillir en bonne santé ?
La perte d’autonomie en France
Qu’est-ce-que la perte d’autonomie ?
Il s’agit de l’incapacité pour une personne d’exécuter de façon autonome les gestes de la vie quotidienne sans l’assistance d’une tierce personne. Il y a plusieurs niveaux de dépendance allant de la perte d’autonomie partielle à la dépendance totale. On mesure la perte d’autonomie ou le niveau de dépendance de différentes façons soit à partir :
- De la grille AGGIR ((Autonomie Gérontologie Groupe Iso-Ressources) qui comporte 6 niveaux. Les bénéficiaires de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) appartiennent aux groupes 1, 2, 3 et 4.
- De l’observation des actes de la vie quotidienne (AVQ)
- Du test médical MMSE de Folstein
Les chiffres clés
D’ici 2030, les Français âgés de plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans. La société française connaît une accélération forte de son vieillissement, comme dans de nombreux pays.
Selon l’INSEE, les seniors vivent majoritairement à domicile. 8,8% vivent en institution (3,1% dans les DOM). Quatre millions de seniors français seraient en perte d’autonomie d’ici 30 ans en 2050 contre 2,5 millions en 2015 soit 15,3% des seniors âgés de 60 ans et plus.
En Martinique, selon les estimations de l’INSEE, les personnes de 0 à 24 ans représentent 26,4% de la population martiniquaise contre 28,9% pour les 60 ans ou plus. La perte d’autonomie est plus précoce que dans l’hexagone (11% des personnes âgées contre 6% en 2014).
L’ARS Martinique en collaboration avec ses partenaires a lancé depuis mai 2018 le dispositif parcours santé des aînés à travers la mise en place du programme PAERPA (Personnes âgées en risque de perte d’autonomie). Il s’agit d’un dispositif national afin de prévenir et limiter la perte d’autonomie des personnes âgées de plus de 75 ans. Il s’articule autour de 5 actions clés :
- renforcer le maintien à domicile,
- améliorer la coordination des intervenants et des interventions,
- sécuriser la sortie d’hôpital,
- éviter les hospitalisations inutiles
- mieux utiliser les médicaments
Une stratégie globale pour prévenir la perte d’autonomie
Elle a été présentée le 16 janvier 2020 par la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn en présence de Julien Denormandie, ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la ville et du logement. L’objectif annoncé est la prévention de la perte d’autonomie afin qu’elle ne soit pas une fatalité. Cette stratégie est composée de 18 mesures (dont 6 mesures phares) réparties en 4 axes :
Axe 1 : Promouvoir la prévention tout au long de la vie pour repousser la perte d’autonomie
Axe 2 : Dès 70 ans, agir sur les facteurs accélérant la perte d’autonomie
Axe 3 : Mettre la préservation de l’autonomie de chaque personne au coeur des priorités des professionnels
Axe 4 : Mettre la France au niveau des pays européens les plus avancés en matière de prévention de la perte d’autonomie, par la recherche et l’innovation
Les 6 mesures phares sont les suivantes :
« Pour provoquer des réflexes de prévention le plus tôt possible :
1. Le lancement dès fin 2020 d’une application en santé « Avancer en âge en bonne santé » par Santé publique France. Elle guidera les utilisateurs vers des comportements de vie sains, permettra de réaliser une auto-évaluation de ses besoins, d’obtenir des conseils opérationnels et des orientations personnalisées pour une prévention renforcée à 40-45 ans.
Elle a aussi pour objectif d’agir sur la prévention des maladies chroniques et des troubles neurocognitifs, principale cause de perte d’autonomie.
2. La montée en puissance d’une prévention renforcée au moment du passage à la retraite lors d’un rendez-vous prévention avec la contribution des caisses d’assurance maladie et de retraite (CNAM, CNAV, CCMSA, AGIRC-ARRCO). Ce rendez-vous sera basé sur une approche globale, médico-psychosociale. Il s’attachera à la préservation de L’objectif est de recevoir 200 000 personnes en 2022.
Pour préserver l’autonomie des personnes âgées fragiles :
3. La diffusion d’un programme de dépistage des fragilités des personnes âgées selon la démarche ICOPE, conçue par l’Organisation mondiale de la santé à partir de territoires expérimentateurs avec un lancement en 2020.
Pour lutter contre l’isolement des aînés :
4. La diffusion d’un label « Villes amies des aînés » pour mobiliser les territoires autour de l’enjeu de l’isolement social, dès 2020.
Pour prévenir la perte d’autonomie liée à l’hospitalisation des personnes âgées:
- Un investissement fort pour atteindre l’objectif « zéro passage par les urgences » pour les personnes âgées dépendantes d’ici 5 ans.
Pour diffuser dans tous les territoires les innovations les plus probantes pour prévenir la perte d’autonomie des aînés :
- La création d’un centre de ressources « prévention de la perte d’autonomie », le renforcement des instances départementales finançant la prévention. »
Quelques autres mesures
- La diffusion massive des offres de soutien à l’adaptation des logements pour les ménages modestes. Cette aide sera d’un montant maximal de 5 000 euros sous critère de ressources.
- Un appui aux les initiatives locales permettant de se mobiliser pour les aînés afin de lutter contre l’isolement social
- L’expérimentation d’un autotest de dépistage du déficit auditif pour le grand public et les professionnels de soins primaires, sous forme d’une application, dès 2020.
Sources : INSEE, martinique.ars.sante.fr, solidarites-sante.gouv.fr