Ce n’est pas une petite chose que de savoir dormir : il faut savoir veiller tout le jour pour pouvoir bien dormir … dixit le prophète Zarathoustra.
Insomnie : trouble de l’éveil et non du sommeil
Eh bien oui, il semble que ces deux états que nous connaissons tous, l’éveil et le sommeil, soient dans une relation indissoluble. C’est pendant que l’un se déroule que l’autre se prépare à intervenir. Schématiquement, le sommeil est le résultat de l’activation dans le cerveau de deux réseaux distincts de neurones :
- Un réseau exécutif, sorte de régulateur ou de « pacemaker » qui est responsable de l’alternance des cycles.
- Un réseau permissif qui autorise le déclenchement du sommeil.
Ces réseaux sont actifs pendant les périodes d’éveil et c’est de leur bon déroulement que la survenue et la qualité du sommeil dépendront. L’insomnie dès lors apparaît comme un trouble de l’éveil et non du sommeil, ce qui ouvre la voie à des approches thérapeutiques différentes ; Ainsi, les substances qui jouent sur la qualité de l’éveil, alcool, drogues, tranquillisants, agissent sur les médiateurs du sommeil, lequel, le moment venu sera perturbé.
A l’inverse, le somnifère absorbé la veille continue de produire des effets lors de la phase d’éveil suivante et donc sur la nuit qui suivra. C’est un véritable cercle vicieux !
L’alternance sommeil – éveil
Le rythme de 24 heures, rythme circadien qui scande toute vie sociale, est bien sûr lié à la rotation de la Terre sur elle-même (1). Cette horloge interne, située ans le thalamus synchronise la vie de nos cellules et un grand nombre de processus, en particulier le passage du « train du sommeil » (le marchand de sable de notre enfance).il est donc vain d’appeler le sommeil car l’angoisse de son absence a pour effet de stimuler l’éveil … et compter les moutons pour le faire venir n’est en fait qu’un moyen de patienter jusqu’au prochain passage.
Si en cette matière, nous ne maîtrisons pas l’heure du sommeil nous pouvons néanmoins identifier les indices de son prochain passage et nous abstenir de ce qui aurait pour effet de le retarder. Faire un diner léger, évitant choucroute, café et plats en sauce. Plutôt une phase de méditation qu’un film violent ou une dispute conjugale.
Mais surtout, écoutez le marchand de sable !
Bâillements, impression de sable dans les yeux, sentiment de fatigue, diminution de l’attention … sont des signes à ne pas négliger pour qui veut s’endormir rapidement. Ils annoncent la survenance d’un état de somnolence lequel conduit au sommeil. Il est possible de résister, ce qui renforce l’éveil et retarde le prochain état propice.
Parler du sommeil ou des sommeils ?
Il faut bien sûr parler des sommeils et on distingue 4 phases qui se succèdent à raison de 3 à 5 cycles par nuit :
- L’endormissement qui est une sorte de demi-sommeil
- Le sommeil lent léger : environ 50 %. Le corps se détend
- Le sommeil lent profond : environ 20 %. Récupération physique
- Le sommeil paradoxal : environ 25 %. Activité cérébrale intense. C’est le moment des rêves
La répartition des phases de sommeil dans chaque cycle varie au cours de la nuit.
La somnolence est donc la porte d’entrée vers le sommeil. Elle est donc une bonne nouvelle dans la plupart des cas. Rappelons toutefois que la somnolence peut se produire aussi dans la journée. Elle peut conduire à la sieste qu’il est bon de limiter à quelques dizaines de minutes. Mais elle peut aussi se produire en voiture et il est alors indispensable de s’arrêter le plus tôt possible : ce n’est vraiment pas le moment de dormir !
(1) Diverses expériences destinées en particulier à préparer des voyages interplanétaires ont montré que, privé de la connaissance du cycle de 24 heures, l’organisme pouvait se caler sur d’autres cycles, de plusieurs jours par exemple.
Article paru dans le Courrier des retraités n° 42 de décembre 2016
Marie Claude Soumy
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