Les plantes créoles peuvent être des atouts contre les troubles métaboliques dans le cadre de l’obésité, de l’hypertension, de l’hyperlipémie, ou de l’hyperglycémie.
Voici un article écrit par le Dr Jean-Louis Longuefosse que nous publierons en plusieurs parties. Première partie : les plantes créoles et le diabète.
Introduction
Le syndrome métabolique associe plusieurs signes physio-pathologiques : insulino-résistance, obésité, hypertension, dyslipidémie, inflammation (C-réactive protéine) et stress oxydatif.
Plusieurs études ont démontré l’importance des plantes médicinales dans la prévention, le traitement et la baisse des facteurs de risque du syndrome métabolique.
La richesse de la flore spontanée et cultivée des Antilles est remarquable et de nombreuses plantes médicinales sont sources de nutriments utiles dans la prévention et le traitement des troubles métaboliques.
La pharmacopée antillaises est riche de plus de 600 plantes médicinales et de 275 plantes comestibles sous-utilisées.
Les plantes médicinales et alimentaires renferment de nombreux phytonutriments essentiels comme les antioxydants, des composés anti-inflammatoires comme les polyphénols (tanins, isoflavones, anthocyanines et proanthocyanidines, quercétine, catéchines, curcumine), des fibres, des phytostérols et des acides gras tels les oméga 3 qui sont utiles dans la prise en charge du syndrome métabolique.
J’ai recensé plus de 100 plantes médicinales antillaises riches en antioxydants. Les polyphénols sont des bioctifs qui sont apportés exclusivement par les végétaux qui en renferment plus de 8000. Les plus connus sont les flavonoïdes et les tanins mais se ne sont pas les seuls : curcumine, acides phénoliques, naphtaquinones, stilbènes, coumarines, xanthones, lignines… Dans Le Guide de Phytothérapie Créole, j’ai dénombré pas moins de soixante plantes médicinales riches en polyphénols ; retenons le pourpier, l’à-tous-maux, le safran-pays, la groseille-pays, le chardon béni. Quant aux phytostérols, leur structure proche du cholestérol leur confère des propriétés hypocholestérolémiantes par un mécanisme compétitif ; les plus courants sont le bétasitostérol, le campestérol et le stigmastérol.
Les plantes agissent sur l’obésité, sur l’hypertension, l’hyperlipémie, sur l’hyperglycémie

Dr JJ Longuefosse
Plantes hypoglycémiantes
Une cinquantaine de plantes médicinales citées comme antidiabétiques en Martinique (enquêtes Tramil 1995).
Ce qui est remarquable, c’est que les effets hypoglycémiants ont été démontrés pour la grande majorité de ces plantes.
Les plantes antidiabétiques agissent selon plusieurs mécanismes : par une action hypoglycémiante directe en empêchant l’absorption du glucose au niveau intestinal, en augmentant la synthèse et la libération de l’insuline pancréatique, en diminuant celle du glucagon, par une action cellulaire grâce à leur pouvoir antioxydant et anti-enzymatique neutralisant l’effet des radicaux libres et limitant la réaction inflammatoire dans les tissus.
Les plantes antidiabétiques les plus utilisées en médecine populaire en Martinique (enquête Tramil 1995) sont par ordre de fréquence : liane de Cayenne, surette, caïmite, pervenche, avocatier, paroka.
Bien d’autres plantes sont utilisées aux Antilles : absinthe, ail, aloès, avocat, balai doux, cajou, cannelle, framboisin, gingembre, graine-en-bas-feuille, herbe à pique, herbe aiguille, herbe à femme, liane de Cayenne, noni, orthosiphon, paroka, pervenche, pourpier, sureau, surette.
- Liane de Cayenne (Tinospora crispa) (tige, feuille) : étudiée depuis 25 ans, riche en diterpénoïdes (boratéposide C) qui améliorent l’utilisation du glucose dans les tissus périphériques, augmentent la sensibilité à l’insuline, retardent la résistance à l’insuline et réduisent la néoglucogénése hépatique.
- Pervenche (Catharanthus roseus) (fleur, feuille) : contient des polyphénols hypoglycémiants avec une activité hypoglycémiante comparable au tolbutamide et au glibenclamide par augmentation de la sécrétion d’insuline
- Surette (Phyllanthus acidus) (feuille, fruit) : pas d’étude, contient des antioxydants
- Caïmite (Chrysophyllum caimito)(feuille) : pas d’étude, renferme des polyphénols antioxydants (catéchines, quercétine)
- Avocatier (feuille) : 20% améliore utilisation glucose intracellulaire (étude brésilienne 2012) contient des polyphenols
- Paroka ou pomme-coulie (Momordica charantia)(fruit, feuille) : les premières études datent de 1963. Il agit par augmentation de la sécrétion d’insuline, amélioration sensibilité à l’insuline et inhibition de l’absorption glucose intestinal. La plante améliore le syndrome métabolique sur modèle animal et humain (Taiwan, 2012), avec notamment baisse du poids, du taux de glycémie et des lipides.
Une enquête réalisée en Martinique en 2000 (Ketty François) a montré que l’aloès fait partie des 3 plantes les plus utilisée contre le diabète
- L’aloès : riche en polyphénols antioxydants qui améliorent la résistance à l’insuline avec une action anti-hyperglycémique
Aloès
JL Longuefosse
Les oméga 3 contenus dans le pourpier (jusqu’à 400 mg d’acide alpha-linolénique) luttent contre les radicaux libres produits en excès chez le diabétique et améliorent l’efficacité de l’insuline.
Certaines épices comme la cannelle, le gingembre, le curcuma, la noix de muscade ont un fort pouvoir antioxydant et améliorent la sensibilité à l’insuline.
Un mot du stévia : plante sucrante dont les feuilles contiennent des hétérosides (stéviosides) au pouvoir sucrant (200 fois l’effet du sucre). L’intérêt du stévia ne se limite pas à son pouvoir sucrant qui permet de le substituer au sucre, car il possède aussi des vertus médicinales : anti-inflammatoire, antidiabétique, anti-hypertensive.
Phytonutriments et diabète
Le stress oxydatif contribue au développement phytonutriments du diabète de type 2 en augmentant la résistance à l’insuline ou en altérant la sécrétion insulinique.
Chez les diabétiques, plusieurs études montrent qu’une consommation alimentaire élevée d’antioxydants peut améliorer certains marqueurs du contrôle de la glycémie.
Plusieurs antioxydants sont bénéfiques bénéfiques pour les diabétiques et réduisent les risques de développer un diabète:
La vitamine E qui améliore la sensibilité à l’insuline et diminue la glycémie à jeun.
L’acide alpha-lipoïque Les chercheurs ont noté qu’une supplémentation en acide alpha-lipoïque est bénéfique dans les neuropathies diabétiques comme dans le diabète en général en favorisant l’équilibre glycémique et en améliorant la sensibilité à l’insuline.
De nombreuses PAM contiennent des flavonoïdes dont la quercétine, un des flavonoïdes les plus abondants du règne végétal. La quercétine bloque un enzyme, qui est à l’origine de l’accumulation de sorbitol dans les cellules. Elle protège les cellules béta pancréatiques des agressions oxydantes.
Plantes médicinales et alimentaires sources de quercétine : abricot-pays, arbre à pain, aneth, belle de nuit, bois d’inde, caïmitier, calebassier, campêche, catalpa, citronnelle, coquelicot rouge, coton, fromager, gingembre-douleur, giraumon, giroflée, gombo, goyavier, graine-en-bas-feuille, gros thym, herbe-aiguille, herbe mal tête, jasmin, l’envers, mahot-cousin, malnommée, makata, manguier, manioc, matricaire, oseille-bois, petite teigne, ricin, sapote.

Dr Longuefosse
Des consommations plus élevées de mélange de caroténoïdes (alpha et bêta-carotène, lycopène, cryptoxanthine) sont associées à des niveaux plus faibles de glycémie à jeun. Des niveaux sanguins élevés de bêta-carotène sont corrémés à un risque plus réduit d’insulino-résistance, un signe annonciateur du diabète.
Les omega 3 luttent contre les radicaux libres produits en excès chez le diabétique et améliorent l’efficacité de l’insuline. Plantes riche en oméga 3 : pourpier, roseau des indes. Une supplémentation d’1 g par jour d’oméga 3 est nécessaire car les diabétiques transforment mal les oméga 3 végétaux en EPA/DHA protecteurs cardiaques.
Autres conseils aux diabétiques
Privilégier des aliments riches en pectine. La pectine ralentit la vitesse d’absorption des sucres et permet d’éviter les brusques montées glycémiques. Les fibres ralentissent l’absorption des glucides : privilégier les fibres solubles, mieux tolérées. La patate douce peut être recommandée aux diabétiques car les fibres qu’elle contient ralentissent l’absorption des aliments et c’est une excellente source de glucides complexes, de vitamine E bénéfique pour augmenter l’efficacité de l’insuline et de bétacarotène.
Dr Jean-Louis Longuefosse
Santé et alimentation en Outre-Mer
Nutricréole, Paris, 24 novembre 2012
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Les livres publiés par le Docteur Longuefosse