14Selon l’INED, le vieillissement démographique est généralement mesuré par l’augmentation de la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus. En Europe, 2 phénomènes conduisent au vieillissement de façon simultanée : la baisse de la mortalité et la chute de la fécondité depuis l’après-guerre se sont combinées pour accroître l’amplitude du vieillissement. Ainsi, les personnes arrivant à l’âge de la retraite sont plus nombreuses en Europe et cette période a tendance à augmenter du fait de l’allongement de l’espérance de vie.
En 1980, selon les chiffres d’Eurostat, 12,5 % de la population européenne avaient 65 ans et plus. Ce chiffre était de 17,4 % en 2010. Il devrait atteindre 25,7% en 2040. Le peloton de tête des pays les plus âgés d’Europe est le suivant : l’Italie, l’Allemagne et la Grèce avec, respectivement, en 2014, 21,4%, 20,8%. En 2060, la Lettonie sera en tête de classement : 35,7% de sa population aura 60 ans et plus devant la Roumanie (34,8%), la Pologne (34,5%), la Slovaquie (33,5%) et l’Allemagne (32,8%).
L’espérance de vie à 65 ans varie en Europe selon les genres et les pays : moins de 18 ans en Lettonie et plus de 23 ans en France.
Un risque accru de dépendance des plus âgés
Un financement à trouver
Dans l’union européenne des 27, on estime que le taux de dépendance des personnes âgées devrait passer de 26% en 2010 à 53% en 2060. La gestion de la dépendance sera un défi à relever en Europe.
En ce qui concerne la France, selon l’INSEE, les dépenses de prise en charge pourraient doubler en part de PIB d’ici à 2060 pour passer de 1,4 % à 2,78%.
Le président de la République Française a promis de s’atteler au problème de la dépendance. Il a évoqué quelques pistes de financement : la création d’un 5ème risque pour la sécurité sociale ou encore d’une 2ème journée de solidarité.
Autre ombre au tableau : la solidarité familiale devrait être moins importante du fait de l’évolution des modes de vie et de la baisse de la fécondité.
L’immigration sera-t-elle une solution pour faire face au vieillissement ?
L’Europe s’est transformée en territoire d’immigration après avoir été une terre d’émigration jusqu’au milieu de 20ème siècle. Compte tenu de l’arrivée massive d’immigrés en Europe que l’on observe depuis plusieurs années, on peut se demander si leur installation peut être une solution au vieillissement que connaît l’Europe. ?
Selon un rapport à la communauté européenne réalisé par Hervé Le Bras, démographe français, « Si on veut maintenir le nombre de personnes âgées dans la même proportion par rapport aux personnes actives, les calculs montrent qu’il faudrait que 592 millions de personnes migrent vers l’Union européenne, entre 2005 et 2050. C’est absolument énorme. Par pays, ça donne par exemple 1,2 million de personnes en plus chaque année en France. » C’est paraît tout simplement irréalisable …
L’Allemagne a fait le choix d’accueillir un million de réfugiés entre 2015 et 2016. Cette politique aura-t-elle un impact significatif sur son vieillissement ? Selon une étude l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales), l’immigration ne serait qu’une solution partielle que dans la mesure où les immigrés accueillis seront de qualification intermédiaire ou supérieure. Or, cela ne fut pas le cas des immigrés accueillis pendant cette période. Elle ne réglera pas le problème de fond du vieillissement de l’Allemagne vécu depuis des décennies.
De façon plus générale, de nombreux démographes s’accordent pour dire que des politiques publiques natalistes ou des crédits d’impôt ont un effet plus significatif sur la lutte contre le vieillissement de la population.
Un impact indéniable sur la croissance
La structure de la consommation devrait changer
Si certains secteurs de l’économie connaîtront un développement comme les services, la santé, les loisirs, les dépenses de la maison, d’autres seront en baisse comme les équipements, le transport, l’habillement et l’alimentation.
Vers une baisse (ou une stagnation) de la croissance
De nombreuses études d’économistes ou organisations comme le FMI prévoient une baisse de la croissance et ralentir l’augmentation de la productivité dans les pays vieillissants notamment la zone euro suite au vieillissement de la population.
- Selon l’agence Moody’s, le vieillissement de la population a un effet sur la croissance mondiale même dans les pays dits émergents. Le taux de croissance annuelle devrait baisser de 0,9 de 2020 à 2025.
- Selon une publication du FMI, le vieillissement démographique de la zone euro et de sa main-d’œuvre risquerait de ralentir l’augmentation de la productivité dans les années à venir.
Le vieillissement entraîne aussi une hausse des coûts de cotisations et un poids plus important sur le budget de l’Etat. A titre d’exemple, le coût de la dépendance était de 23,7 milliards d’euros, soit 1,11 point de PIB en 2014. Il devrait atteindre 2,07 points en 2060 !
De plus, le vieillissement des pays européens a aussi un poids non négligeable sur les systèmes de retraite des Etats. Ils ont tous entamé des réformes de leurs systèmes de retraite afin d’en assurer la pérennité.
Sources : INED, populations et dépendances démographiques des pays (1980-2010) ; Cercle des européens ; IFRI- Entre vieillissement et migrations : la difficile équation allemande ; INSEE