De nombreuses personnes sont convaincues de l’efficacité de l’homéopathie et leur sincérité est évidente. Mais, suivant les avis négatifs des autorités scientifiques, le Ministère de la Santé a décidé que l’Assurance maladie cesserait de la rembourser à partir de 2021.
Une histoire vieille de 220 ans
En 1796, le médecin saxon Samuel Hahnemann observe qu’utilisée à forte dose l’écorce du quinquina gênerait des fièvres ressemblant à celle de la malaria, mais qu’elle luttait contre celle-ci lorsqu’elle était utilisée à faible dose. C’est le point de départ du principe de l’homéopathie : une petite dose de poison peut avoir un effet soignant sur une pathologie aux symptômes analogues.
Cependant, cette approche apparaît critiquable aux scientifiques lorsque les dilutions sont telles que les remèdes homéopathiques sont dépourvus de toute molécule active.
Selon un sondage Odoxa de janvier 2019, l’homéopathie est très populaire puisque 72% des Français « croient en ses bienfaits » et près de moitié de ceux-ci s’en déclarent utilisateurs, réguliers ou occasionnels.
Tout change en 1984
En 1984, Georgina Dufoix, Ministre de la Santé de l’époque décida que l’Assurance maladie de l’époque décida que l’Assurance maladie rembourserait, à hauteur de 65%, les médicaments homéopathiques pour lesquels fut accordée une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) sans qu’ils aient à suivre la procédure habituelle démontrant qu’ils avaient une efficacité thérapeutique
Des critères scientifiques versus des convictions personnelles
En tout rigueur, seul un test probant « double-aveugle contre placebo » qui élimine les effets psychologiques d’autosuggestion, mesure l’efficacité d’un médicament. Or, aucune étude basée sur cette méthode n’a démontré un effet des remèdes homéopathiques. Les académies de médecine et de pharmacie ont donc recommandé, dans une déclaration commune du 28 mars 2019, la fin du remboursement. Le 26 juin, la Haute Autorité de Santé (HAS° se prononça dans le même sens.
Les utilisateurs de l’homéopathie n’acceptent évidemment pas ces conclusions et restent convaincus de son efficacité, s’appuyant sur leurs expériences personnelles ou sur le cas de bébés, voire d’animaux, peu sensibles à l’effet placebo.
Un monde politique très prudent
La grande popularité de l’homéopathie rend les décisions politiques difficiles, et, d’autant plus que la France, avec le laboratoire Boiron, est leader mondial. Certains hommes politiques souhaitaient le maintien d’un remboursement partiel en raison :
- du souhait de la population
- de l’absence de risque
- d’un coût négligeable (127 M€ soit 0,6% des dépenses totales de médicaments)
- d’une possible influence sur l’emploi dans ce secteur.
Cependant, le 9 juillet, la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, annonce qu’elle suivra la recommandation de déremboursement de la HAS.
Un avenir compromis ?
Cette décision est certes une mauvaise nouvelle pour l’homéopathie. Mais, il faut se souvenir qu’elle s’était développée avant la décision de 1984. Ensuite, le remboursement fut réduit à 35% en 2003, puis à 30% en 2011, sans effet notable sur son développement. Compte tenu du faible coût des traitements homéopathiques, le déremboursement par l’Assurance maladie ne devrait donc avoir que peu d’influence sur les personnes convaincues par son efficacité. Beaucoup dépendra de ce que feront les mutuelles, certaines remboursant déjà 70% du prix de ces traitements.
Même si cette décision politique peut marquer un coup d’arrêt à l’expansion de l’homéopathie, les prévisions dramatiques de Boiron semblent bien exagérées.
Jacques Delforge
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