Claude, retraitée très récemment, nous a fait part de cet article sur le chemin de St Jacques de Compostelle qu’elle a effectué en France, en Espagne, de part le monde … « Premier Itinéraire Culturel Européen » – 3ème partie.
Les principaux chemins français
- Via Turonensis (dite Voie de tours) – Départ de Paris, Orléans, Tours, Poitiers, Saintes, Pordeaux, Ronceveaux, Pamplelune, Puente la Reina.
- Via Lemovicencis (dite Voie de Vezelay) – Départ de Vezalay, Bourges, Limoges, Ronceveaux, Pamplelune, Puente la Reina.
- Via Podiensis (dite Voie du Puy en Velay) – Départ Le Puy, Conques, Moissac, Ronceveaux, Pampelune, Puente la Reina.
- Via Tolosana (dite Voie d’Arles) – Départ d’Arles, Saint Guilhem du Désert, Toulouse, Oloron, Jaca, Puente la Reina.
Ces chemins se rejoignent à Puenta la Reina en Navarre pour former ainsi el Camino Frances.
A ceux là viennent se greffer les chemins de toute l’Europe, du Royaume Uni souvent par bateau, mais aussi d’Amérique du Sud par la grâce de l’ouvrage de Paulo Coelo – auteur Brésilien, ou dans son ouvrage « Le Pèlerin de Compostelle » fait partager au lecteur, ses émois, relate ses démons intérieurs, qui n’ont rien à voir avec les prétendus démons du chemin dont certains se plaisent à conter la rencontre avec des loups ou des chiens errants.
Le chemin de St Jean Pied de Port à La fin de la Terre représente 900 kms ; témoins du parcours de 800 Kms que j’ai réalisé sur la partie Espagnole, « El camino Frances » jusqu’à Santiago. .
Ce camino, se décline en 3 parties d’environ 250 à 300 km chacune.
Elles sont elles même ponctuées de 3 pics particulièrement difficiles à gravir.
Ce camino va traverser l’Aragon, la Navarre, La Rioja, la Castille & León et enfin la Galice, jusqu’à Saint Jacques De Compostelle, puis Fistera.
Tout en le parcourant tel un chemin initiatique, j’ai fait là un parallèle et un retour sur la vie et l’initiation maçonnique.
Au départ : La Navarre, la Rioja et le bon vin
Contrefort des Pyrénées Atlantiques au parcours dur et cassant il rappelle la 1ère épreuve de l’initiation, quand on est plein d’ardeur, et aussi plein d’illusion.
Le Chemin débutera pour les plus téméraires à St Jean Pied de Port – 163m d’altitude, pour l’ascension du Col de Roncevaux (en fait le Col de Lepoeder) qui se situe à 1430m, pour redescendre vers la Collégiale de Roncevaux à 960m.
Le dénivelé (environ 1250m) est impressionnant bien qu’il soit effectué sur une distance de 25 ms. Une petite mise en jambe !
Col de Roncevaux : Selon la légende, l’arrière garde menée par le Chevalier Roland est attaqué par une armée Basque pour venger la destruction de la ville de Pampelune. Roland et 11 autres chevaliers trouvent la mort. Au fil des ans la légende contée transforme les Basques en Maures, version qui cadre mieux avec l’image de l’Espagne Chrétienne combattant les Maures.
Pour le pèlerin, la Navarre est une région fondamentale dans l’histoire du Chemin de St Jacques par la jonction des 4 itinéraires Français qui vont former le célèbre « Camino Frances ».
Cheminant vers Pampelune, en suivant les flèches jaunes qui symbolisent l’itinéraire à emprunter, et parcourant la Navarre, le pèlerin va trouver les vestiges de nombreux et magnifiques monuments.
Telle la Collégiale de Roncevaux, l’église romane d’Eunate une merveille d’architecture, la cathédrale de Pampelune, l’église de Torres d’el Rio ornée d’une coupole romane splendide.
Puis le pèlerin commence à prendre conscience du poids de son sac ou … du poids de son passé !
Qu’a t-il donc emporté pour qu’il pèse si lourd 14/15 kg ? Il va devoir accepter de vider son sac, se défaire des quelques objets personnels non nécessaires, mais aussi de ses idées reçues. C’est déjà un grand pas.
Puis chemin faisant après Pamplona le pèlerin parvient à Santo Domingo de la Calzada, ou un coq, une poule et un moine sont le symbole de la ville. D’où une belle légende.
La légende du pendu dépendu – Santo Domingo de la Calzada.
Un jeune pèlerin et ses parents avaient passés la nuit dans une auberge de la ville. Une jeune servante lui fit des avances qu’il repoussa. Econduite elle cacha dans son bagage de la vaisselle d’argent, et au moment du départ elle l’accusa du larcin. Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis.
Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent St Jacques. A leur retour ils entendirent leur fils, leur dire du haut du gibet qu’il vivait que St Jacques l’avait protégé. Emerveillés ils s’adressèrent au Juge attablé devant un coq et une poule bien rôties. Le juge réprima, « il est vivant aussi vrai que ce coq et cette poule vont se mettre à chanter ». Ce qu’il advint, le coq se mis à chanter et la poule à caqueter.
Bouleversé, le juge fit dépendre le jeune homme et fit pendre à sa place la servante fautive.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, un couple de volatile, « un coq et une poule blanche », orne l’église de Santo Domingo de la Calzada ; Que l’on se rassure, ils sont changés tous les 15 jours et remémorent ce miracle.
Puis vient La Meseta
Nombre de pèlerins ont la fâcheuse tendance à zapper cette 2ème partie du chemin et la parcourir par les transports routiers. C’est regrettable pour eux, ils perdent l’essentiel du chemin ; mais c’est leur volonté, ils ne sont sans doute pas prêts.
Après plus de 300 kms parcourus, le pèlerin marche maintenant par habitude, bien que quelques ampoules fleurissent ses pieds, mais le rythme est pris, 30 – 35 kms sont parcourus quotidiennement.
La Meseta ne lui donne pas l’occasion de se distraire, peu de village, et un chemin droit à perte de vue favorise l’introspection, le retour sur soi inconscient.
Les jambes avancent désormais toutes seules, le cerveau prend le relais et là tranquillement fait le tri dans l’analyse de sa mémoire vive. C’est l’étape de la rencontre avec soi même.
C’est une des parties du chemin où l’homme devient « vrai », il n’y a plus d’artifice, de paraitre, les masques sont tombés, les larmes coulent sur les joues masculines ou féminines, la révolte gronde parfois dans le cœur de certains qui vont un temps jeter rageusement leur sac à dos trop lourd dans un fossé … pendant un temps seulement, parce qu’ils devront bien le reprendre pour poursuivre leur chemin.
Le camino traverse entre autres, le village de Terradillos de los Templarios, village qui appartenait autrefois aux Templiers. Les chevaliers français Hugues de Payens et Godefroy de St Omer avaient créé cet ordre religieux et militaire avant les premières croisades en 1119 pour protéger les pèlerins chrétiens en Palestine.
A côté des grands ordres Espagnols de Calatrava et Santiago, les Templiers se chargent de la sécurité des pèlerins le long des chemins de Pèlerinage.
2ème partie
2ème pic à 1 532 m, est le point le plus haut de tout le Camino ; Il augure un très beau panorama et donne l’impression « passagère » de dominer le monde.
Lors de l’ascension du Monte Irago, se trouve le monument le plus humble, mais aussi le plus emblématique du chemin de St Jacques, la Cruz de Fero.
C’est un pieu long et fin en chêne surmonté d’une petite croix de fer, qui se dresse au dessus d’un monticule de pierres entassées. Depuis des siècles, le moment le plus émouvant est celui ou le Pèlerin va déposer sa modeste pierre au pied de la croix. Ce geste équivaut au dépôt symbolique des poids de l’âme, symbole du fardeau qu’il porte avec lui et la délivrance qu’il espère de son pèlerinage. Mais précision importante, la pierre doit venir et être portée depuis son pays d’origine.
La Cruz de Fero – C’est un pieu long et fin en chêne surmonté d’une petite croix de fer, qui se dresse au dessus d’un monticule de pierres entassées.
Depuis des siècles, le moment le plus émouvant est celui ou le Pèlerin va déposer sa modeste pierre au pied de la croix.
Ce geste équivaut au dépôt symbolique des poids de l’âme, symbole du fardeau qu’il porte avec lui et la délivrance qu’il espère de son pèlerinage.
Mais précision importante, la pierre doit venir et être portée depuis son pays d’origine.
A suivre
- 3ème partie du chemin
- Le Pèlerin du Moyen Age