Depuis quelques années, la notion du care (« prendre soin ») est apparue en France. Qu’est-ce que le «care » ? Quels sont les métiers du care ? Comment le renforcer ?
Qu’est-ce que le «care » ?
Le care est une notion qui vient des Etats-Unis. Cette expression désigne à la fois les soins apportés aux autres et la sollicitude que l’on apporte à autrui selon une définition donnée par Catherine Halpern (1). Prendre soin de l’autre, c’est savoir répondre à ses demandes et l’écouter. Selon une définition de Pascale Molinier, Sandra Laugier et de Patricia Paperman, Le care correspond à des expériences ou à des activités « qui consistent à apporter une réponse concrète aux besoins des autres – travail domestique, de soins, d’éducation, de soutien ou d’assistance ».
Les métiers du care ont été mis en avant lors de la crise sanitaire
Autrefois principalement dévolus aux femmes dans la sphère familiale, ces emplois du care sont, aujourd’hui, en plein développement du fait de l’allongement de l’espérance de vie et du développement de l’activité salariée des femmes. Certains métiers sont apparus assez récemment comme celui de l’aide-ménagère dans les années 70 ou de l’auxiliaire de vie dans les années 80. Les politiques publiques en France ont permis le développement des services à la personne depuis le début des années 90.
Selon la directrice des ressources humaines de l’entreprise O2 Care Services, les qualités requises pour travailler dans le care sont les suivantes : aimer les gens, être ouvert aux autres et avoir l’esprit de service.
Ces métiers sont en mal de reconnaissance. La crise sanitaire que nous traversons a mis en avant l’importance des métiers du care mais aussi leur invisibilité. Ces professions sont très féminisées aujourd’hui : ce sont les aides-soignantes ou encore les aides-familiales dans le cadre de l’accompagnement des personnes âgées.
Un nouveau métier : le care manager
C’est un métier récent en France. Cette profession consiste à proposer une solution adaptée aux besoins des aidants familiaux afin de faciliter le maintien à domicile d’un proche concerné par la perte d’autonomie. Le care manager analyse les besoins de l’usager (les aidants.es principalement), définit un plan de services et de soins, met en relation et coordonne les professionnels ou bénévoles (associations) adaptés à la situation et assure le contrôle de la qualité des prestations. Il fait le lien entre le médical (cure) et le social.
Ce système de care management n’est cependant pas nouveau dans un certain nombre de pays :
- En Suède (dans les années 90), l’employeur du care manager est la municipalité.
- Au Japon (2000), ce professionnel employé par la municipalité a été institué lors de la mise en place d’un système d’assurance dépendance par ces mêmes municipalités.
- Au Canada, ce sont les community care access centres, organismes publics, qui assurent ce rôle.
- En Allemagne, le care manager est présent à travers les caisses d’assurance ou en Suisse, les municipalités.
Une contribution citoyenne et une agence pour renforcer le care
Une contribution citoyenne en faveur d’une politique efficiente et bienveillante du Grand Âge
Publiée en mai 2020 (2), elle reprend la notion du care dans le cadre d’une mise en œuvre d’une politique efficiente et bienveillante du grand âge. Selon ce rapport, il ne peut y avoir de politique soutenable et bienveillante du grand âge si l’on ne fait pas une « priorité de l’attractivité des métiers du care auprès des plus âgés. ». Reconnaître ces professionnels qui accompagnent les plus âgés passe notamment par une politique de valorisation des emplois du care, une amélioration des conditions d’emploi et par une politique adaptée et un suivi de formation. Il préconise la mise en place d’une santé du care à travers un certain nombre d’actions pour les malades, les soignants et les aidants :
- améliorer l’accompagnement des malades : rompre l’isolement, favoriser des diagnostics plus précoces …
- promouvoir le care en valorisant, par exemple, le soin relationnel, les interventions non médicamenteuses en institution accessibles à tous ou encore en accompagnant les soignants et les aidants.
- Inciter aux pratiques de prévention en favorisant l’accès aux médecines complémentaires
Une proposition de résolution à l’assemblée nationale
Les médecines complémentaires et alternatives sont de plus en plus utilisées par les Français notamment les plus âgés. Elles s’inscrivent dans le cadre de la prévention. Ainsi, l’assemblée nationale a émis, à l’intention du gouvernement, une proposition de résolution en mars 2021 afin de créer une agence gouvernementale d’évaluation des approches complémentaires adaptées et de contrôle des dérives thérapeutiques et des pratiques alternatives. Elle aurait aussi pour objectif de renforcer le care dans les politiques de prévention et de bien-vieillir de l’après confinement.
Sources
- L’ère du care dans la revue les sciences humaines – janvier 2009
- « Pour les états généraux de la séniorisation de la société (Contribution citoyenne en faveur d’une politique efficiente et bienveillante du Grand Âge) – mai 2020
- Entre famille et métier : le travail du care, Geneviève Cresson et Nicole Gadrey, 2004
- Site pole-emploi,fr, com, assemblee-nationale.fr, institutmontaigne.org
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