Quand nous vieillissons, nous perdons de la masse musculaire et ceci, au profit de notre masse adipeuse (hélas …). Selon le Pr Agathe Raynaud-Simon, gériatre, nous perdrions jusqu’à 40 % de nos muscles entre 40 et 90 ans. La sarcopénie est une maladie encore méconnue du grand public qui se traduit par une perte anormale de la force et masse musculaire au cours du vieillissement. Il s’agit pourtant d’une maladie qui semble constituer un enjeu de santé publique.
Ce déficit de masse musculaire peut engendrer une perte de poids et induire la sarcopénie, intrication de processus complexes et multiples.
La fatigue engendrée par cette maladie agit aussi sur l’humeur et le niveau d’activité. Cela peut amener ainsi à un isolement et même à une dépression ; La dépendance à long terme peut s’installer, par un cercle vicieux, lié au manque d’activité physique.
Le docteur Carolle Chatot Henry, gériatre, nous décrit cette maladie ainsi que les solutions pour y remédier.
Quelques rappels chiffrés
Ces 20 dernières années, les plus de 75 ans en France ont augmenté de 1,7 millions, soit 45 % ! On vit donc plus vieux, mais vivons-nous en bonne santé ? L’espérance de vie augmentant, nous sommes aussi dans l’espoir d’atteindre ces années sereinement dans l’autonomie de nos gestes quotidiens. En 2050, 1 habitant sur 3 aura plus de 60 ans, autant combattre les stigmates du vieillissement quand celui-là est possible !
Définition de la sarcopénie
Encore appelée la dystrophie musculaire, la sarcopénie est ce vieillissement naturel des muscles qui s’amoindrit en masse, force et fonction. Et ceci dès l’âge de 30 ans, avec une perte progressive musculaire de 5 % en moyenne tous les 10 ans. A 70 ans, même si notre morphologie ou notre poids restent les mêmes, nous avons perdu la moitié de notre masse musculaire au profit d’un tissu adipeux (la graisse).
A plus de 80 ans, 40 % des personnes seraient atteintes de la sarcopénie source de chutes, d’infections, d’un retard de cicatrisation… De façon simple, y penser devant un ralentissement de la marche, une difficulté à se lever d’un siège ou à monter des escaliers…
Recherche scientifique
Découvert en 1988 par le Pr Rosenberg, cette entité a été reconnue maladie par l’OMS en 2016 ! Le mécanisme identifié serait une dénervation ou perte des motoneurones chez les séniors, avec une compensation pour certains par la taille des unités motrices.
Le noyau d’une cellule musculaire a une durée de vie de 10 ans et son renouvellement est assuré par les cellules – souches musculaires qui diminuent avec l’âge. En effet, à 70 ans, on en possède 1à fois moins qu’à l’âge adulte. D’autres facteurs que le vieillissement intervient : la génétique, le cycle hormonal… d’où la complexité de cette dénervation musculaire.
Les facteurs de risque
Les maladies chroniques ont un lourd poids dans le vieillissement pathologique. Leur traitement pour éviter les décompensations sont primordiales : ainsi cibler ces facteurs de risques et cadrer leur évolution diminue le retentissement certain sur la sarcopénie. Le diabète, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), l’insuffisance rénale, les maladies rhumatismales… sont autant de pathologies aggravant le dysfonctionnement musculaire, qu’il se doit de suivre par des visites médicales régulières.
Le dépistage dans ces populations est donc important puisqu’il existe des moyens pour en limiter le développement.
Comment répondre à la sarcopénie ?
Les recommandations classiques sont ciblées pour lutter contre cette maladie. Avoir une activité quotidienne comme de la marche 30 minutes par jour (les 10 000 pas de l’OMS !) associée à une bonne alimentation suffisante en calories (1800 cal / 60 kg) et protéines (72 g/j) permettraient de préserver le capital santé et d’accompagner au mieux la sarcopénie.
Aussi des exercices physiques (et non pas seulement de l’activité physique) ont démontré leur action pour lutter contre ce phénomène. Contre résistance ou en aérobie, les exercices d’intensité progressive mais surtout réalisés de façon répétée contribuent à l’accroissement du diamètre des fibres musculaires et de la force. Pour être plus pratique… le travail contre résistance est appelée musculation, alors que le travail en aérobie (marche) se fera au moins pendant 10 minutes par jour ou mieux pendant 30 minutes 5 fois par semaines. Des exercices d’endurance adaptés aux capacités de chacun peuvent être discutés.
A noter l’existence d’une consultation de prescription d’activité physique au sein de l’unité de médecine du sport et de l’exercice du CHUM pratiquée à l’hôpital Mangot-Vulcin ; Ceci est ouvert aux personnes atteintes de toutes pathologies chroniques.
La vitamine D n’est pas à négliger, autant que les nutriments antioxydants (vitamines A, E… et oligoéléments), les acides gras poly-insaturés (certaines huiles à pression à froid, omégas 3 (sardines…), omégas 6 (graines de sésame…) et mono-insaturés (oméga 9 dans les avocats, noix, huile d’olive… ). Des nutriments comme l’acide ursolique, citrulline ou encore rhodiola ont aussi été cités.
Plus simplement le régime dit « méditerranéen » (consommation de fruits et légumes) semble avoir des effets bénéfiques sur les performances physiques : sans être un athlète de haut niveau, nous sommes tous intéressés par notre silhouette ! Autant qu’elle soit harmonieuse et dynamique… alors à nos assiettes sous le soleil (mais pas plus de 10 minutes) et en marchant ! Tout cela dans un club ou en famille, car rien de mieux que l’idée de partager !
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