Depuis quelque temps, vous n’entendez plus très bien. Mince, alors ! Cela vous inquiète surtout que votre entourage ne cesse de vous dire que vous écoutez la télévision ou encore la radio à un volume beaucoup trop élevé. Serait-ce une perte d’audition ?
Rencontre avec Géraldine HUBINOIS, cofondatrice de Seriniti, société spécialisée dans les aides auditives
Première partie consacrée à la perte d’audition et ses conséquences.
Quels sont les premiers signes d’une perte d’audition liée à l’âge ? Est-ce normal ?
La perte auditive liée à l’âge s’appelle la presbyacousie. Elle est normale et touche tout le monde, à partir de la cinquantaine. Le Ministère de la Santé estime que plus de 5 millions de Français sont concernés dont 85% des plus de 65 ans. La presbyacousie représente 88% des troubles auditifs actuels et 95% des indications d’appareillage auditif des médecins ORL.
L’oreille a un double rôle : la communication mais également la vigilance et l’alerte. Elle n’est donc jamais au repos. Contrairement à l’œil, qui se repose dès que la paupière se ferme, l’oreille fonctionne en permanence et commence à vieillir dès notre naissance. Le bruit, les agressions sonores – qu’elles soient de notre fait (casque audio, bricolage à la maison, sorties en discothèques) ou qu’elles nous soient imposées (trafic routier, travaux sur la voie publique, vie à proximité d’un aéroport, nuisances sonores professionnelles) – impactent notre système auditif. Parce que nous évoluons dans un monde bruyant, la survenue de la presbyacousie est, aujourd’hui, plus précoce : 25% des moins de 30 ans présentent une perte auditive supérieure à 20dB.
La presbyacousie se traduit par une déperdition progressive, bilatérale et symétrique de l’audition, sur les fréquences aiguës, qui sont les fréquences conversationnelles : voix des femmes et des enfants, ces fréquences portent les consonnes, indispensables à la bonne compréhension des mots. Ainsi, une personne presbyacousique ne se plaint pas de mal entendre, mais de mal comprendre dans les environnements bruyants. Elle éprouve des difficultés à suivre une conversation par téléphone, au restaurant, en réunion ; à suivre les dialogues à la télévision ; peut confondre certains mots (« bain » et « pain », par exemple) et fait souvent répéter son entourage.
Quand doit-on vérifier son audition ?
Si la perte auditive se manifeste soudainement, voire qu’elle s’accompagne de vertiges, il est important de consulter rapidement un médecin ORL. Il peut s’agir d’un bouchon de cérumen obstructif, d’une atteinte virale, d’un neurinome de l’acoustique ….
Concernant la presbyacousie, parce qu’elle est progressive, il est parfois difficile, pour la personne concernée, de se rendre compte de sa gêne : 42% des personnes consultent un ORL sous la pression de leur entourage. La consultation ORL est recommandée dès les premières gênes, parce qu’elle permet un appareillage précoce. Plus l’appareillage est précoce, plus le sujet s’habitue rapidement au dispositif : il est préférable d’utiliser ponctuellement une aide auditive – lorsque le contexte rend la compréhension difficile – que de ne pas en faire usage du tout. Certaines personnes ayant refusé l’appareillage auditif sont, ensuite, difficilement appareillables car l’amplification des sons les dérange, et elles se sont habituées au silence.
Seul un médecin ORL est habilité à réaliser un audiogramme.
Quelles sont les conséquences d’une perte d’audition ?
La perte de l’audition entraine un isolement et un repli progressif du sujet. Moins stimulé intellectuellement, il s’expose à des risques de dépression, de retards cognitifs voire de démence. Les personnes ayant une perte auditive ont 24% de risques supplémentaires de souffrir d’une diminution des compétences cognitives telles que la concentration, la mémoire, la capacité de planification.
De nombreuses études montrent un lien étroit entre audition et cognition. Le stimulus auditif active plusieurs aires cérébrales, dans les deux hémisphères : un mot entendu n’active pas seulement la partie du cerveau qui l’entend, mais aussi celle où il est compris. La capacité auditive d’un individu ne compte que pour 10% dans la compréhension : l’essentiel de la compréhension est assuré par le traitement central de l’information, les aptitudes cognitives du sujet (sa mémoire), les expériences de vie. La cognition influence la manière dont nous entendons.
Lorsque la perte auditive est là, l’appauvrissement des signaux acoustiques perçus entraine une stimulation corticale insuffisante qui altère la substance blanche du cerveau et entraine une réduction :
- Du volume du cortex auditif primaire,
- De l’activité neuronale dans ces zones,
- De l’activité neuronale dans d’autres zones sous corticales.
Le cerveau compense, en activant des circuits collatéraux, ce qui entraine une augmentation conjointe des processus cognitifs (concentration pour entendre), des ressources mentales, de la fatigue du sujet. Dans le même temps, l’attention disponible pour d’autres activités décroit.
Plus une audition est fragile, plus elle est liée à des niveaux grands d’atteinte cognitive. La perte auditive entraine des changements fonctionnels au niveau cérébral qui favorise le déclin cognitif et le déclin cognitif renforce la dégradation de l’audition : le cercle vicieux est bidirectionnel.
Une perte auditive légère, modérée ou sévère est associée à un risque de déclin cognitif deux, trois et cinq fois plus grand que chez les personnes ne présentant aucun trouble de l’audition.
Retrouvez la suite de notre chronique la semaine prochaine.
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