La dénutrition est un sujet majeur pour l’autonomie des personnes âgées et leur maintien à domicile. La Haute Autorité de Santé (HAS) s’est penchée sur le cas de personnes âgées de plus de 70 ans.
Outre les conséquences pour les intéressés, la dénutrition a des incidences économiques sur le système de santé et les finances publiques, conséquences amplifiées par l’allongement de l’espérance de vie et donc du vieillissement. La création par la Sécurité Sociale du 5ème risque vient à point nommé pour limiter une catastrophe sanitaire et économique.
Dénutrition : des indicateurs
Selon la HAS, 14,8% des personnes de plus de 70 ans, vivant en ville dans l’Union Européenne en 2020, sont à risque de dénutrition. Ce taux de dénutrition est 5 fois plus élevé en hospitalisation générale qu’en vile et 10 fois plus élevé en long séjour, notamment du fait des pathologies intercurrentes et de leur cumul du à l’age.
Schématiquement, deux situations se présentent
Dénutrition modérée
La personne âgée peut encore s’alimenter et il convient d’augmenter la valeur nutritionnelle des repas (poisson, viande, œufs, légumes, fruits) sans en augmenter le volume, quitte à les fractionner. Une bonne hydratation est par ailleurs requise Cela peut demander une prise en charge en ambulatoire (portage des repas, présence d’une aide ménagère plusieurs fois par jour, stimulation).
Dénutrition sévère
Le patient ne peut plus se nourrir soit du fait de troubles cognitifs, soit d’une maladie intercurrente (cancer). Il faut alors un apport calorique permanent et régulier d’une composition adaptée à chaque situation et parfois une alimentation entérale (par sonde nasale ou oesophagienne). Ceci peut être associé, selon l’intensité de la dénutrition et de la déshydratation, avec un apport parentéral (perfusion de glucose).
Dénutrition : un facteur d’accroissement des risques
Quelles que soient les pathologies sous jacentes (cardiaque, diabète, état dentaire …), la dénutrition est un facteur d’accroissement de la morbidité et de la mortalité, sans parler du risque de chutes, de fractures, d’hospitalisation, d’infections nosocomiales ou de dépendance.
Inversement, la prise en charge de la dénutrition dans les suites d’une hospitalisation limite la dépendance. Nous voyons donc l’impact important en matière de santé publique et d’économie de la santé. Cela a justifié la mise en route d’un Programme National Nutrition Santé (PNNS).
Dénutrition : quelle prise en charge ?
Elle doit être la plus précoce possible, avant que la situation ne devienne irréversible et que le sujet entre dans la spirale infernale : aggravation réciproque de la dénutrition et des pathologies intercurrentes ;
Une analyse initiale
- Evaluation précise de la situation (poids, IMC, bilan biologique …)
- Evaluation des fonctions cognitives pour que l’intéressé et son entourage comprennent les mesures thérapeutiques nécessaires.
- Evaluation des fonctions sensorielles (audition, vue) des fonctions thymiques et d’un éventuel état dépressif qu’il faudrait traiter.
- Vérification de la dentition : un élément déterminant qui peut rapporter « gros ».
Un suivi régulier
- L’efficacité de la prise en charge dépend d’un suivi régulier par l’intéressé et son entourage.
- Rechercher des situations à risque de dénutrition
- Surveiller son appétit et éviter les grignotages
- Suivre régulièrement l’évolution de son poids
- Calculer l’Indice de Masse Corporelle (IMC poids en kilo/ taille en mètre au carré)
On le voit la dénutrition du sujet âgé est une situation qui nécessite une prise en charge globale de tous les facteurs qui peuvent être la cause et des pathologies qui peuvent en découler. Tout défaut de prise en charge partielle peut être facteur d’échec dramatique. |
Dénutrition modérée | Dénutrition sévère | |
Perte de poids |
– 5% en un mois – 10 % en un mois |
– 10 % en un mois – 15 % en un mois |
IMC | Supérieur à 21 | Inférieur ou égale à 18 |
Dosage Albumine sanguine | Inférieur à 35 g/l | Inférieur à 30 g/l |
Le dosage d’albumine est un fidèle reflet de la nutrition s’il n’y a pas de maladie inflammatoire associée.
Pierre Lévy
Article paru dans le Courrier des retraités n° 58
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