“ La musique est la bande originale de la vie. Elle joue la mélodie de notre être. ” affirmait Michael Jackson. Telle pourrait être la devise de Jean-Claude Felvia, un artiste sexagénaire passionné de musique, qui nous transporte dès les premières notes de notre entretien. De ses débuts d’autodidacte à la création de groupes familiaux, il partage avec nous ses souvenirs, ses influences, et son amour pour la musique qui l’accompagne depuis toujours.
Quel est votre parcours ?
Je suis styliste modéliste, un métier que j’ai embrassé après avoir étudié à ESMOD à Paris pendant quatre années. J’ai exercé ce métier tant à Paris qu’à la Martinique où j’ai créé une entreprise dans ce domaine. Parallèlement à mon métier de styliste, j’ai aussi joué de la musique car je voulais être musicien professionnel mais mes parents voulaient que j’apprenne un autre métier.
Je ne le regrette pas car ma profession de styliste modéliste m’a permis de m’épanouir et de voyager à travers le monde. Bien que la musique soit une véritable passion, elle ne m’aurait pas permis de subvenir aux besoins de ma famille.
Qu’est-ce qui a éveillé votre passion pour la musique ?
Je crois que c’est depuis toujours. J’ai toujours été attiré par l’art en général puisque j’ai fait aussi du théâtre. A 15 ans, alors que j’habitais de Briand, je chantais dans un petit groupe de la MJC de Floréal. J’ai ensuite rejoint des orchestres haïtiens venus s’installer à la Martinique pour apprendre à jouer du saxophone. C’est comme cela que j’ai démarré ma carrière de saxophoniste avec ce que l’on appelle le Makaya. J’ai pris mes premiers cours de saxophoniste avec les Vikings d’Haïti. J’ai commencé la musique en tant qu’autodidacte. Nous nous produisions partout à la Martinique. Je ne savais jouer que des morceaux haïtiens.
A l’âge de 27 ans, j’ai rencontré Barel Coppet lors d’une prestation. Il m’a invité à prendre des cours chez lui. C’est grâce à lui que j’ai appris le solfège et le saxophone pendant plusieurs années.
Par la suite, nous avons monté le groupe Squale de Ducos avec Thierry Lof. Nous avons connu un franc succès dans les années 1990-1992. En 1995, le groupe a été récompensé par le prix « Révélations de la ville du Robert » ce qui a permis au groupe de se faire connaître.
Ensuite, j’ai suivi une formation dans une école de jazz, l’IMEP, et j’ai également étudié au conservatoire du 18ème arrondissement en 2013.
Vous voilà à la retraite maintenant, continuez-vous à jouer de la musique ?
La retraite, je ne sais pas ce que c’est. Je travaille plus maintenant que lorsque j’étais à la tête de mon entreprise et que mes enfants vivaient encore à la maison (rire).
Je joue avec un groupe cubain et vénézuélien, principalement de la salsa et du merengué, le vendredi soir dans des hôtels. Je fais aussi partie du groupe Nisa Nisa du Vauclin, spécialisé dans la musique martiniquaise, zouk et makaya.
Je joue mes propres morceaux seul ou avec mes enfants. Avec Jimmy et Alexandre, nous avons formé trois groupes : Wacha, #calm et récemment Yich Tig. L’album Yich Tig, composé avec mes fils Alexandre, batteur percusionniste et Jimmy, pianiste, est sorti il y a quelques jours sur les plateformes musicales et sur YouTube. Jouer avec eux est une grande fierté tant pour eux que pour moi.
Parlez-nous du projet Silver Artistes auquel vous participez ?
Je suis l’animateur de Silver artistes afin de créer un groupe musical de seniors retraités qui se produira sur des musiques actuelles comme Tombolo de Kalash par exemple. Ce projet est subventionné par la CGSS Martinique, la CFPPA et l’IRCOM. Il a débuté à la médiathèque du Saint-Esprit et sera étendu à d’autres communes.
L’objectif est de prouver que les retraités restent pleinement actifs et connectés dans la société d’aujourd’hui. Nous prévoyons de monter sur scène dans quelques mois. Avec d’autres musiciens, j’enseigne des notions de solfège, la pratique d’instruments et le chant.
Je suis heureux de participer à ce projet qui a redonné confiance à ces jeunes retraités. Ils ont maintenant un challenge à relever et ils sont très motivés. Certains qui n’avaient jamais touché à la musique, apprennent à lire, chanter et jouer. C’est aussi un défi pour moi.
Quels conseils donneriez-vous à un retraité ?
Surtout, ne vous dites pas que tout est fini parce que votre carrière est derrière vous, et ne restez pas devant la télé. Faites de la musique, sortez, allez au cinéma, engagez-vous dans une association. Cela stimule la mémoire. Je prends exemple sur mes élèves de Silver Artistes. C’est le seul moyen de garder ses neurones actifs et de rester indépendant le plus longtemps possible.