La population mondiale vieillit. C’est particulièrement le cas dans les pays dits développés. En Europe, ce processus s’est amorcé depuis plusieurs décennies. En 2017, près d’un Européen sur 5 avait 65 ans et plus selon les statistiques d’Eurostat. L’Allemagne et l’Italie sont les pays les plus âgés d’Europe. La baisse du taux de natalité, l’allongement de l’espérance de vie et l’arrivée des baby boomers à la retraite en sont les principales causes.
Quel pourrait être l’impact du vieillissement de la population sur la croissance économique et sur la consommation ? Existe-t-il des pistes à développer ?
La croissance économique impactée par le vieillissement
Les évolutions démographiques ont un effet sur la richesse d’un pays et sur sa croissance économique. En effet, la croissance est d’autant plus forte que la population active est élevée. Selon une étude réalisée par Moody’s en 2014, le vieillissement de la population mondiale aura des effets négatifs tant sur la productivité, l’investissement, la main d’œuvre que sur le taux d’épargne des ménages.
Le Japon, pays dont la population est la plus âgée au niveau mondial, a connu une période de croissance atone pendant plusieurs années. Certains économistes l’attribuent à la baisse du taux d’activité, à une diminution du taux de fécondité et à une très faible immigration.
Population active et taux de croissance
Le vieillissement de la population aura pour conséquence une diminution de la population active c’est-à-dire de celle en âge de travailler. D’ici à 2030, la quasi totalité des pays, à l’exception de ceux de l’Afrique subsaharienne, connaîtront une croissance plus faible voire une baisse de leur population active. En Europe, on compte un peu plus d’une personne sur trois en âge de travailler pour un senior âgé de 65 ans et plus.
Dans le monde, l’économie chinoise est aussi menacée par le vieillissement de sa population. « L’usine » du monde pourrait même être confrontée à une pénurie de main d’œuvre.
En Martinique, à titre d’exemple, la population active devrait être diminuée de 32 000 actifs en 2040 par rapport à 2010 selon l’étude de l’AFD publiée en novembre 2015. Cela représente 1/6ème du PIB de l’année 2010 si tous ces actifs étaient à même de travailler. Cela devrait avoir un impact sur notre croissance.
Consommation et épargne
Selon la théorie du cycle de vie développée par l’économiste Franco Modigliani, l’âge détermine les revenus et le patrimoine des individus. Ils lissent leurs revenus tout au long de leur vie. Jeunes, ils empruntent pour s’équiper. Une fois entrés dans la vie active, ils épargnent pour rembourser leurs emprunts et afin de se constituer un patrimoine pour préparer sa cessation d’activité. Une fois arrivés à la retraite, ils liquident leur patrimoine.
Aujourd’hui, ce modèle traditionnel ne se vérifie pas. En effet, des études comme celle réalisée par le CREDOC en 2010 ont démontré que les seniors consommeraient moins et épargneraient davantage.
La structure de la consommation des seniors diffère de celle des générations plus jeunes
- Une fois à la retraite, certaines dépenses des seniors sont en hausse (santé, logement) et d’autres diminuent notamment celles liées au travail (vêtements, transport …). Selon l’enquête Budget famille 2011, la part de l’alimentation hors alcool représente une part plus importante dans le budget des ménages de 65 ans et plus :
- Les seniors âgés de 65 ans à 74 ans consacrent, dans les DOM, 24% de leur budget annuel (18,8% dans l’hexagone) aux produits alimentaires et boissons non alcoolisées contre 18,7% en moyenne pour l’ensemble de la population. A titre de comparaison, la moyenne dans l’hexagone est de 10,1%
- Les seniors de 75 ans et plus dépensent pour l’alimentation 31,6% dans les DOM (21,6% dans l’hexagone).
Une augmentation attendue du taux de dépendance des personnes âgées inactives par rapport aux actifs
D’ici 2050, nombreux seront les pays dits développés qui auront moins de deux adultes en âge de travailler pour une personne âgée de 65 ans et plus. Selon les données de la Banque mondiale, le ratio de la population inactive à la population active est de 32% en 2017 en France, 33% en Allemagne et 45% au Japon.
Ce phénomène représente un véritable défi pour le financement et l’avenir de notre système de retraite.
Le vieillissement de nos populations n’est pas une fatalité même s’il représente un véritable enjeu pour l’avenir.
Voici quelques pistes qui pourraient transformer notre vieillissement en une opportunité de croissance :
- Obtenir des gains de productivité pour compenser la baisse de la population active.
- Miser sur l’innovation et les progrès technologiques pour améliorer la productivité et le capital humain.
- Adopter une politique familiale volontariste
- Pour les entreprises, tenir compte de l’évolution des habitudes de consommation.
- Développer de nouveaux secteurs à travers notamment la silver économie (adaptation des biens et services aux pertes de capacités physiques et à l’évolution des modes de vie de nos seniors …)
- Diriger de façon plus efficace l’épargne vers l’économie productive ou vers les plus jeunes
Afin de faire face à ces changements démographiques, la France a signé du contrat de filière dans la silver économie en décembre 2013 et voté une loi d’adaptation de la société au vieillissement au 1er janvier 2016.
Sources : Enquête Budget Famille INSEE 2011 ; Etude vieillissement de la population en Martinique, AFD ; latribune.fr ; rapport de Luc Broussy « Mission interministérielle sur l’adaptation de la société française au vieillissement de sa population » ; Econote n°35 – Société Générale