Isolement, perte d’autonomie, dépendance ou inactivité… autant d’enjeux majeurs liés au vieillissement de la population. À la suite de l’exceptionnelle consultation nationale lancée fin 2018 par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, de nombreux acteurs de la santé se mobilisent pour accompagner au mieux nos ainés. Revue de détail de quelques initiatives engagées.
Ils ne représentaient que 11,4 % de la population en 1950. Aujourd’hui, près d’un Français sur cinq a plus de 65 ans et les chiffres de l’INSEE prévoient que 26% des Français auront plus de 65 ans en 2050. Quant aux plus de 75 ans, on ne dénombrait que 3,8% de la population au milieu du 20ème siècle et ils en représenteront plus de 15% en 2050. Des chiffres significatifs qui incitent le gouvernement à anticiper sur les risques liés au vieillissement : problème de santé, perte d’autonomie, accompagnement des séniors, mode de vie…
Dix propositions officielles et huit priorités pour accompagner nos aînés
Cette vaste consultation (2), exceptionnelle par son ampleur et une première en France, a abouti au « rapport Libault » remis à la ministre de la Santé en mars 2019 (3). Au programme, dix actions concrètes et huit priorités pour « passer de la gestion de la dépendance au soutien à l’autonomie ». Parmi ces recommandations, on note un important soutien financier envisagé aussi bien pour les services d’aide à domicile que pour l’encadrement des professionnels dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (EHPAD). En outre, le rapport préconise « une mobilisation nationale pour la prévention de la perte d’autonomie, avec la sensibilisation de l’ensemble des professionnels et la mise en place de rendez-vous de prévention pour les publics fragiles ».
Des entreprises françaises déjà sur le terrain de l’accompagnement des aînés
Les entreprises françaises n’ont pas attendu la concertation nationale pour mener des campagnes de prévention des risques liés à l’âge et l’accompagnement des personnes âgées dans leur quotidien, qu’elles résident ou non en EHPAD. Certaines entreprises spécialisées, comme Senior Compagnie créée en 2007, améliorent sans cesse leur offre de service pour proposer un accompagnement au plus près des besoins de leurs clients. Leur objectif, qui rejoint celui poursuivi aujourd’hui par l’État, est de maintenir les personnes âgées à domicile le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions possibles. Au plus près de la population, ces professionnels détectent et gèrent les éventuels premiers signes de pathologies, pertes d’autonomie ou encore d’isolement. Pour Nicolas Hurtiger, président de Senior Compagnie, la principale mission de son entreprise est de « lutter contre l’isolement social des personnes en perte d’autonomie ». Les auxiliaires de vie y collaborent comme des « sentinelles qui repèrent les situations et aggravations de perte d’autonomie » pour répondre à des « défis démographiques, humains, sociaux et sociétaux ». À ce titre, Senior Compagnie a remporté la première place du podium des meilleures structures d’aide aux personnes âgées ou en situation de handicap, d’après une enquête menée par l’Institut Statista (4).
En EHPAD, où la gestion de la dépendance est une priorité, certains groupes mettent l’accent sur la dignité de l’accompagnement et la qualité des soins prodigués à leurs résidents. Le groupe Korian, par exemple, pratique le « Positive Care » (5). Pour Didier Armaingaud (6), Directeur Médical, Éthique et Qualité du groupe Korian, « être Positive Care, c’est permettre à la personne d’être accompagnée et de s’accomplir jusqu’à la fin de sa vie selon ses volontés et de respecter son souvenir. […] C’est simplement prendre soin de l’autre dans le respect de ses choix, de sa dignité et de son désir d’intimité » (7).
D’autres marques se distinguent par leur volonté d’aller à la rencontre des personnes âgées et isolées. C’est le cas notamment d’Optic 2000, qui multiplie les actions de prévention hors de ses magasins. Son modèle coopératif, créé en 1962 avec le GADOL, positionne l’enseigne comme un acteur de santé engagé. Pour Yves Guénin, secrétaire général du groupe, « les opticiens ne sont pas des marchands de lunettes, ils sont là pour maintenir les gens dans la société. » Ainsi, l’enseigne la plus connue des Français a déjà lancé un partenariat avec les EHPAD pour former le personnel à l’importance d’une bonne santé visuelle. Avec quelque 1200 magasins en France – soit un à moins de 15 minutes en voiture pour 80% des français – la proximité fait partie de ses priorités. De plus, Optic 2000 propose un service de visite à domicile qui offre les mêmes prestations qu’en magasin : conseils, accompagnement administratif, choix de montures. Pour Yves Guénin, « face aux enjeux du vieillissement ou du renoncement aux soins, l’optique doit sortir des magasins. Pour aller, notamment, à la rencontre des personnes dont les déplacements sont particulièrement difficiles. » (8)
Si le rapport de la concertation Grand Âge et autonomie est très précis en préconisant une mobilisation nationale, les entreprises françaises contribuent déjà à l’amélioration du service aussi bien dans les EHPAD que chez les personnes dépendantes et âgées. Leurs engagements s’accordent ainsi aux recommandations du rapport. Proximité, éthique, écoute et services personnalisés semblent être les secrets d’un modèle vertueux pour accompagner au mieux nos aînés.
Marie Germain
Sources :
(1) Insee
(2) Concertation sur le grand âge et l’autonomie
(3) Rapport de la concertation sur le grand âge et l’autonomie
(4) Palmarès des meilleures entreprises du service à la personne par Capital et Statistica sur le site Silvereco
(5) Le positive care, Groupe Korian
(6) Auteur de l’ouvrage « Tant de choses à vivre ensemble : accompagner nos aînés par le projet personnalisé », Éditions du Cherche Midi
(7) Dossier de presse « Des métiers, pas comme les autres » du groupe Korian
(8) Journal de l’économie : « Face aux enjeux du vieillissement ou du renoncement aux soins, l’optique doit sortir des magasins », Yves Guenin