Chutes, brûlures, intoxications sont des accidents domestiques qui peuvent paraître comme étant courants. Ils peuvent, cependant, mener à la perte d’autonomie ou à des complications plus importantes chez les seniors. Voici quelques conseils prodigués par le Dr Carolle Chatot Henry, gériatre.
La chute, l’accident le plus mortel !
Ne pas négliger cet accident qui fait partie des 11 millions d’accidents domestiques recensés dans l’année. Avec les brûlures et les intoxications…
La chute est la plus pourvoyeuse d’effets secondaires qui peuvent mener à une perte des capacités physiques. Cela peut mener à une entrée en institution possible suite à cette perte d’autonomie.
La plupart des séniors pensent qu’une chute est plus risquée à l’extérieur qu’à leur domicile. Alors qu’il n’en est rien puisque 80 % des chutes se font « chez soi » et le plus souvent dans la salle de bain (46 % des cas) !
Aussi, il ne faut pas hésiter à demander à un professionnel de santé, tel que l’ergothérapeute, pour aménager un intérieur et favoriser ainsi une autonomie sans risque de chute. Le diagnostic est alors personnalisé et permet des actions concrètes pour se loger au mieux en adaptant l’environnement.
Des mesures simples sont déjà à mettre en place :
- Éviter les obstacles au sol (fil, carrelage cassé ou tapis) ;
- Placer des revêtements antidérapants (cuisine et salle de bains) ;
- Éclairer correctement le logement ;
- Faire installer une rampe dans les escaliers ou dans la salle de bain, associé à un rehausseur de wc… etc.
La prévention de la perte de mobilité est aussi indispensable comme :
- L’activité physique pour le renforcement musculaire,
- des conseils alimentaires pour l’optimisation des apports protéiniques
- ainsi qu’un lien social pour la pérennisation d’une bonne cognition.
Les signes de la fragilité sont alors à rechercher par une consultation gériatrique spécialisée. Des critères précis seront recherchés et ciblés afin de renforcer des capacités physiques et psychiques restantes. Des paramètres simples tels que la marche, le poids, la mémoire … scorent un index de fragilité, alors à suivre sur l’année.
Certains médicaments favorisent la perte d’équilibre (souvent les médicaments à effet anticholinergique) ; donc il ne faut pas hésiter à en parler au médecin traitant qui fera un « toilettage nécessaire » selon le bénéfice/risque de la prise médicamenteuse devant tout symptôme annonciateur.
La brûlure, un handicap séquellaire possible
Des UV lors de la pratique d’un sport… aux accidents domestiques à domicile, la brûlure peut être dramatique en rapport avec l’avancée en âge. Les défenses immunitaires étant moindres, les infections, les troubles respiratoires ou la déshydratation en sont des conséquences notables ; de là, une invalidité peut s’installer progressivement d’autant que des rétractions cutanées voire musculaires peuvent s’ensuivre.
En Martinique, les brûlés pris en charge au CHUM sont victimes d’un accident à leur domicile 3 fois sur 4 et sont hospitalisés dans plus de 10% des situations. 14% ont plus de 60 ans. Les principales causes de brûlures chez l’adulte sont les substances inflammables (20%), l’eau de cuisson (21%), l’huile (18%), le contact avec un corps solide (12% fer à repasser, plaque de four…).
Le premier réflexe est de refroidir l’emplacement brûlé (par l’eau froide du robinet très simplement) puis d’appeler les secours selon l’étendue et la gravité de la plaie.
Les conseils de prévention sont à appliquer pour optimiser les circuits d’électricité, l’accès au four, le positionnement des queues de casserole … Une personne âgée peut profiter d’une présence à son domicile pour cuisiner.
Le feu du jardin (interdit en lotissement) ne doit pas être attisé par des combustibles liquides ; le vent souvent détournant la flamme est également source de brûlures étendues.
L’hospitalisation d’une personne âgée est plus longue et plus compliquée que celle des adultes jeunes. La prévention est donc l’objectif premier. L’installation d’un détecteur autonome avertisseur de fumée (DAAF), comme la législation l’impose, contribue à l’évitement de catastrophes domestiques.
Les intoxications à prévenir
- Les toxi-infections alimentaires peuvent être assez banales en conséquence, mais peuvent également entrainer le décès chez les personnes âgées. Un milieu propice au développement d’agent pathogène est alors présent avec une vidange gastrique ralentie, une acidité moindre, une élimination rénale et hépatique plus difficile majorée possiblement par une prise médicamenteuse ou certaines pathologies (diabète, insuffisance rénale, cancer) ; ainsi les séniors doivent être prudents pour la consommation de fromages mous au lait non pasteurisé (feta, brie…), d’œufs crus ou insuffisamment cuits, de fruits et légumes non lavés, de pousses crues… Les dates de péremption sont à vérifier par l’entourage d’autant plus si la personne âgée présente des troubles cognitifs.
- Les intoxications par la prise médicamenteuse ont des causes diverses ; de l’ingestion volontaire à la prise accidentelle, les origines peuvent correspondre à un syndrome dépressif, un processus neurodégénératif ou plus simplement avec une non compréhension d’une ordonnance. Voire une mauvaise administration par un tiers.