Depuis le 1er avril 2025, les règles d’indemnisation de l’assurance chômage ont été modifiées, avec un impact significatif pour les demandeurs d’emploi L’accès aux dispositifs spécifiques dits « seniors » est désormais décalé de deux ans. Le gouvernement présente cette réforme comme un moyen de favoriser le retour à l’emploi des seniors, tout en prenant en compte l’allongement de la vie professionnelle. Mais ces changements suscitent aussi de nombreuses interrogations.
La convention actuelle de l’Assurance chômage reste en vigueur jusqu’au 31 décembre 2028.
Le recul de l’âge d’accès aux dispositifs seniors
Jusqu’au 31 mars 2025, les demandeurs d’emploi âgés de 53 ans et plus bénéficiaient de conditions d’indemnisation plus favorables pensées pour compenser les difficultés accrues de retour à l’emploi avec l’âge :
- La durée d’indemnisation était plus longue allant jusqu’à 30 mois à partir de 53 ans, et 36 mois à partir de 55 ans
- Une absence de dégressivité : les personnes de 53 ans et plus n’étaient pas concernées par la baisse de l’indemnisation après 6 mois.
- La période de référence élargie : elles pouvaient comptabiliser leurs droits sur 36 mois, contre 24 mois pour les plus jeunes
- Un accompagnement spécifique notamment avec des formations longues ou un suivi renforcé.
Désormais, il faut avoir 55 ans révolus pour en profiter.
Le durée maximale d’indemnisation est de 18 mois pour les demandeurs d’emploi de moins de 55 ans. Pour les travailleurs âgés de 55 ans et plus, elle peut être prolongée jusqu’à 22,5 mois (soit 685 jours) et 27 mois (822 jours) pour ceux de plus de 57 ans.
Une réforme sous contrainte budgétaire
Les nouvelles règles entrées en vigueur interviennent dans un contexte financier tendu pour l’assurance chômage. L’Unédic prévoit “ environ 2,3 milliards d’euros d’économies [attendues] sur la période de la convention ” c’est-à-dire de 2025 à 2028.
Selon les projections actualisées de l’Unédic publiées le 19 février 2025, le régime fait face à une hausse des dépenses (45,3 milliards d’euros attendus en 2025) et à des recettes sous pression (45,1 milliards), en raison d’un contexte économique dégradé et de la baisse des compensations d’exonérations et les prélèvements sur les recettes du régime.
Parmi les mesures les plus marquantes, le relèvement de l’âge d’accès aux dispositifs spécifiques pour les seniors permettrait à lui seul de générer environ 400 millions d’euros d’économies annuelles.
Des indicateurs préoccupants face aux difficultés structurelles du retour à l’emploi des seniors
Selon une étude de l’Unédic, le taux de retour à l’emploi durable diminue nettement avec l’âge, rendant la réinsertion professionnelle plus difficile pour les seniors que pour les plus jeunes. Cette difficulté s’accentue à partir de 56 ans, âge considéré comme un point de bascule, où les chances de retrouver un emploi durable se réduisent nettement.
Plus préoccupant encore, les seniors ayant occupé un emploi en CDI pendant une longue période rencontrent davantage d’obstacles : pour ceux en poste depuis plus de dix ans, le décrochage intervient dès 54-55 ans.
Ces difficultés s’expliquent par plusieurs facteurs : des préférences en matière d’emploi (temps partiel, proximité du domicile, contrat à durée limitée), des compétences parfois en inadéquation avec les attentes du marché mais aussi des discriminations liées à l’âge ou à la proximité de la retraite, qui peuvent décourager la recherche d’emploi.
Quelques indicateurs clés :
- Un emploi durable qui reste un défi pour les seniors : moins de 30 % des allocataires de 55 ans et plus retrouvent un emploi durable dans l’année suivant leur ouverture de droit, selon le rapport de l’Unédic publié en avril 2025.
- Des effets en chaîne sur les retraites : plus les périodes de chômage sont longues, plus elles entraînent des carrières incomplètes, impactant directement le montant des pensions, notamment lorsque les périodes indemnisées ne permettent pas de valider de trimestres.
- De fortes inégalités territoriales : en 2023, le taux d’emploi des 55-64 ans en France s’établissait à 58,4 %, en dessous de la moyenne européenne (63,9 % selon l’Insee). Des disparités régionales marquées subsistent, en particulier dans les zones rurales et les départements d’outre-mer. En Martinique, par exemple, le taux d’emploi des 55-69 ans était de 46 %, contre 42 % en France hexagonale.
- Un pari incertain : dans ce contexte, le choix d’une réforme à visée incitative mais aussi budgétairement rigoureuse suscite de nombreuses réserves. Plusieurs experts craignent qu’elle ne renforce les écarts entre les seniors les plus qualifiés, les mieux connectés aux bassins d’emploi … et les autres.
Sources : unedic.org, bfmtv.com

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