Partir à la retraite peut être vécu par certains comme un véritable déchirement et/ou une mise à l’écart de la société. Cela se manifeste de différentes façons. Si l’on n’y prend pas garde, on peut avoir une impression d’inutilité et se sentir déprimé.
Se pose alors la question suivante : à partir de la retraite, serions-nous confrontés à un tel bouleversement dans notre vie qu’il faille particulièrement porter attention à nos humeurs, nos changements ou variations de notre façon d’être ?
Nous avons rencontré Joyce Lancry, psychologue clinicienne qui nous parle de ce thème.
Peut-on parler d’une faible ou forte intensité de la manière de vivre les choses au quotidien à partir de l’âge de 60-65 ans ? Chez les retraités ou particulièrement au moment du passage à la retraite ?
Oui, je pense que dire qu’on ressent les choses plus durement ou plus intensément à ce moment-là et que cela équivaut à un vécu de forte intensité. Tous les 20 ans, l’être humain voit sa vie changer de manière importante et fait quelquefois même des « crises », qui sont soit constructives ou soit régressives. On parle de l’adolescence entre 14 à 20 ans, de la crise de la quarantaine et à présent le départ à la retraite autour de 65-70 ans !
On peut aussi, à l’inverse, trouver que le temps s’écoule avec une lenteur désespérante ou que la perte de l’activité principale nous anesthésie. On sent comme un engourdissement général et on réduit autant que possible les sorties, les dépenses et les efforts. On se renferme dans un quotidien restreint afin de diminuer les émotions que l’on ressent et que l’on aurait du mal à gérer telles qu’elles surgiraient.
Pourquoi le passage à la retraite et le cap 65-70 ans devient-il si délicat ?
C’est délicat car souvent on rattache son identité profonde, sa personnalité au travail. Souvent et par réflexe, on a tendance à se définir, s’identifier par les fonctions occupées, par notre utilité financière et administrative dans la famille ainsi que par le statut social conféré par notre métier.
On dit : « Va chez la marchande ! » en parlant de la voisine qui est marchande de bonbons à ses heures. On dit : « Chérie, je te présente mon mécano » lorsqu’on croise la personne qui s’occupe de votre voiture lorsque vous allez au garage. Mais on oublie que dans la vie, le mécano a un nom, une femme et porte des shorts sportswear plutôt que son bleu de travail. Pour soi-même, on fait le même type de confusion. A titre d’exemple, ce sont les chefs d’entreprise qui ne peuvent s’empêcher de réorganiser le déroulement de chaque activité pendant les vacances alors qu’ils pourraient se détendre et cesser de se charger de la logistique et autres organisations. Les ingénieurs qui, une fois rentrés à la maison, bricolent et inventent des petites merveilles pour faciliter le quotidien de leur famille… Tous ces comportements positifs, s’ils deviennent systématiques et excessifs, conduisent à renforcer l’identification de soi par ce que l’on fait, pas par ce que l’on est.
L’individu copierait donc tout son comportement général, quelle que soit la situation dans la vie, sur la base des savoirs faire propres à son métier.
Si, dans ce cas, pour un motif de vieillissement trop avancé, la société par convention lui retire ce qu’il utilise comme pilier identitaire – pour certains dès 16/19 ans – il est normal qu’il connaisse un déséquilibre fonctionnel profond. Tout disparaît : ce pour quoi la personne se levait le matin, ce par quoi elle exprimait ses capacités et compétences ou ce qui lui donnait un statut social. Les réactions de chacun de nous sont différentes, car, dans la vie, nous avons des fonctionnements différents.
Ce déséquilibre dont vous parlez, qui proviendrait de l’arrêt du travail, peut-il être grave ?
Il peut-être passager et sans gravité. Mais, un arrêt de travail, non préparé matériellement et psychologiquement, peut réellement créer du stress, de l’anxiété, des baisses d’estime de soi. L’individu peut alors soit radicalement changer de mode de vie en prenant une autre activité (travail ou vie associative ou politique), soit accepter la baisse d’activité. La question est : Avec quelle humeur quotidienne assumera-t-il son choix ? Est-ce qu’il vivra son quotidien en appréciant chaque moment de « liberté » et en acceptant son déroulement de manière sereine ? Ou va-t-il considérer ces moments comme du désœuvrement et en souffrir ? Au-delà d’une simple déprime et du risque de vivre ces bouleversements avec amertume quotidienne, il y a la possibilité de faire une dépression nerveuse, de perdre le sommeil, l’appétit et de se mettre la famille à dos, tant on peut se montrer amer, critique ou irritable.
Que préconisez-vous alors en tant que psychologue à nos lecteurs seniors ?
Il faut distinguer son identité professionnelle et les savoir-faire développés dans ce cadre, de son identité personnelle, qui, elle, est globale et permanente de la naissance à la mort.
La retraite, c’est un changement et l’occasion d’un renouveau. Faites le point sur votre vie, et ensuite, faites ce que vous n’avez pu faire jusqu’alors. Retrouvez une certaine insouciance, sortez et de voyagez entre amis, sans limite de temps, jardinez, adoptez un chien ou un chat, une chèvre !
Dernier conseil, passez au moins une fois voir un psychologue clinicien pour faire un bilan personnel ou juste pour exprimer ce que vous ne pouvez pas dire tous les jours à tout le monde.
Consultations psychologiques et bilan mémoire, à la Maison de Santé et Prévention KAZAVIE 05969420868 – 0696430228 [email protected]
CLODION Georges
Tres bn article sur le rdv des séniors concernant le départ a la retraite. En ce qui mr concerne je suis un jeune retraite de huit jrs mais c’est quelque chosevque j’ai preparé bien avant.
L'équipe d'Happy Silvers
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