La Caravane des Aidants est un projet mis en place par l’association NEUGERON, avec l’aide des CCAS sur l’ensemble du territoire.
L’objectif est de proposer des ateliers de « bien être et de qualité de vie » pour des aidants familiaux qui souvent sont « à bout de souffle » dans un contexte de maladie d’Alzheimer de leur parent. Le projet innovant est soutenu par la CGSS et l’ARS.
La ville de Trinité a amorcé cette dynamique le trimestre dernier avec un retour des participants très positif et sera suivi par la ville du Lamentin à partir du 25 novembre prochain (contact 0596 66 68 82).
Rencontre avec le Dr Carolle Chatot-Henry, Présidente de Neugeuron
Parlez-nous de Neugeron ?
L’association NEUGERON, à but non lucratif, née en 2007, formée de différents professionnels (psychologues cliniciennes, animatrice, gériatre) propose un soutien aux aidants familiaux qui s’occupent plus précisément de parents atteints de la maladie d’Alzheimer. Elle assure par des conférences à thème, des ateliers de stimulation cognitive ou encore par une formation aux aidants, une sensibilisation et information au sujet de la maladie dite « de la mémoire ». Egalement une lettre gériatrique a été longuement diffusée aux médecins libéraux et CCAS pour approcher les syndromes gériatriques rencontrés dans une clientèle « senior ». La Caravane des Aidants est le dernier projet né d’une réflexion commune sur le besoin des aidants, après avoir ciblé les patients rencontrés au sein de notre activité puisque nous sommes tous des professionnels de santé.
Pourquoi cette thématique auprès des aidants ?
L’importance du vieillissement et de ses effets dans notre société impose une réflexion sur la prise en charge des parents dépendants ou non avec l’avancée en âge, mais aussi des aidants à qui la société impose une gestion de leur quotidien mais aussi de celle de leur parent, quand ceux – ci ne peuvent plus « faire face ».
Selon les statistiques, la Guadeloupe et la Martinique rejoindraient les régions les plus âgées de l’hexagone en 2040. L’île est à l’aube d’un schéma populationnel inédit, à savoir des vieux (du jeune retraité actif au plus dépendant) qui seront inéluctablement dans le questionnement du devenir et de leur prise en charge si la perte d’autonomie apparait.
Le maintien à domicile, le plus souvent souhaité par la personne âgée (1), ne peut être possible qu’avec le concours des aidants naturels. Le lourd fardeau de l’aidant a des conséquences importantes sur le plan physique et psychologique, d’où ce projet de leur apporter un répit par différents ateliers de « qualité de vie ». En effet, les co-morbidités, les dépressions masquées altèrent leur projet de vie qui se voit tronqué voire détruit par la dépendance du parent à gérer. L’aidant est au centre d’une coordination qui devient un véritable et épuisant travail quotidien et pendant 5 ans en moyenne.
Une prévention de « burn-out » est d’ailleurs légitimée par la haute autorité de santé afin de veiller à la santé de l’aidant par une consultation avec le médecin gériatre et le psychologue clinicien afin d’identifier les facteurs de risques et mieux prévenir l’épuisement de l’aidant (2).
Pourquoi une « caravane » itinérante ?
Les intervenants de NEUGERON ont très rapidement pressenti les difficultés rencontrées par les Aidants, concernant leur déplacement ou leur disponibilité hors de leur lieu de vie. Nous nous déplaçons pour être au cœur même de la situation et éviter un stress supplémentaire car ils manquent de temps pour eux-mêmes sachant aussi que leur parent a souvent besoin de surveillance.
Outre des informations données sur la pathologie possible du parent, des psychologues cliniciennes et animatrice assurent des ateliers de relaxation, de mémorisation et même de théâtre pour échanger, se détendre et se ressourcer. Ce sont des ateliers de partage et de « temps à soi ». Le répit proposé (une fois par semaine pendant deux mois) a pour objectif alors d’alléger le fardeau ressenti par l’aidant et de diminuer le risque dépressif encouru. Ainsi améliorer un bien – être quotidien se retrouve dans le « calendrier » de l’Aidant.
Les aidants (souvent âgés de 40/50 ans), ont des difficultés pour s’octroyer un temps de répit, au risque d’un burn-out qui se répercuterait alors – de facto – sur le parent (dépendant) mais aussi sur la descendance (jeunes enfants). Ainsi trois générations peuvent être impactées par la maladie d’Alzheimer, ce qui en fait une maladie sociétale comme jamais nous en avons vécu… d’où un regard pluri-professionnel à proposer et à ajuster en permanence, qu’il soit en milieu hospitalier mais surtout en dehors de cette structure.
Quelles sont les modalités d’inscription ?
Les CCAS peuvent contacter NEUGERON ([email protected]) pour mettre en place ce projet, comme l’a déjà fait la ville du François pour 2017. Ils diffusent le projet auprès de leur population ciblée comme « aidants familiaux », plus particulièrement dans le cadre d’un processus neuro-dégénératif. Il s’agit de poursuivre une politique sociale dynamique déjà en place où un recueil de données, une participation des élus et une investigation des agents permet en amont de cibler les aidants.
Sources
- INSEE – Antiane Echos- Décembre 2012
- Impact d’un dispositif de soutien aux aidants au sein d’une filière gériatrique en Martinique, septembre 2011 – S. Ivrisse, C. Leuly Joncart, E. Larribe, J. Christophe, L. Louis Marie, Y. Moreau, V. Aublive, C. Sevrin, C. Carolle Chatot-Henry – La revue francophone de gériatrie et de gérontologie, septembre 2011 – Tome XCII – n° 177