Diplômé de l’enseignement supérieur (maîtrise de droit public, DESS de gestion publique et DEA de droit du développement), Fred Vielet a mené une vie très active tant au niveau professionnel que personnel :
- Cadre dirigeant au sein de différentes structures : directeur des finances et des affaires économiques à la mairie de Fort-de-France, DGS pendant une trentaine d’année (Directeur général des services) à la mairie du Lamentin, à l’Espace sud puis à la CACEM où il a terminé sa carrière en novembre 2021
- Membre du CA de l’ADGCF (association de DG des Communautés de France) représentant l’Outremer pendant plusieurs années .
- Chargé d’enseignement au CNFPT et à l’université où il intervient en Master 2.
- Musicien au sein du groupe » Antjè Misik « et du « Colibri jazz club «. Il continue à pratiquer les percussions latines.
Nous l’avons rencontré afin qu’il nous donne sa vision de la retraite.
Comment vivez-vous votre retraite, cette seconde vie?
J’ai l’impression d’être un adolescent en fin d’adolescence (rires). Un adolescent qui a la possibilité de choisir ce qu’il a envie de faire, qui choisit de se lancer dans les études, dans la création d’entreprise ou encore dans des projets de voyages à l’étranger. En fait, j’ai vraiment le sentiment de renaître. Et c’est d’ailleurs pour cela que, pour moi, le mot retraite ne me paraît pas forcément adapté. Quand on parle de retraite, on a l’impression que l’on s’est retiré de la société, d’être en retrait de la société, des amis, de l’environnement auquel on est habitué. Pour moi, c’est le « re » du mot retraite que je mettrai en avant : c’est le fait de se « re-traiter » ,de renaître, de revivre et se reconstruire un autre environnement.
C’est tout à fait différent d’une retraite. Cela ne veut pas dire que je fais concurrence aux jeunes actifs, mais je ne vis pas cette période comme une mise à l’écart ou encore comme une mise en retrait volontaire de la vie. C’est à mon avis une opportunité de me reconsacrer à des choses comme la musique, la lecture, les proches, les actions de coopération avec les pays de la Caraïbe ou encore les voyages. Il y a plein de choses que j’avais mises de côté que je vais reprendre. Par exemple, j’ai repris des cours d’espagnol 1h30 à 2h de cours par semaine. C’est super intéressant, dans la perspective précisément de missions dans la Caraïbe et en Amérique latine.
Pour répondre à votre question, cette période-là n’est pas simplement de l’euphorie parce que l’on n’a plus de responsabilités ou plus à prendre des décisions, c’est à l’inverse de ce que l’on peut imaginer. On a la possibilité de refaire un certain nombre de choses d’une manière très différente de ce que l’on faisait avant. Donc, je ne suis pas un inactif mais un « actif d’un autre type ».
On sait que la retraite peut être difficile quand on a été cadre. Avez-vous préparé votre retraite ?
Quand on me dit, avez-vous préparé votre retraite, cela veut dire que j’ai préparé mon budget dans le détail avec un planning précis de projets.
Non, je n’ai pas préparé ma retraite de manière si minutieuse que cela. Je me suis préparé mentalement à ce basculement et à ce changement de « braquets ». C’est pour ça que je ne vis pas cela comme quelque chose de traumatisant et que je ne ressens pas un vide. On pourrait se dire qu’avec les responsabilités que l’on a eues (j’ai été directeur général dans plusieurs structures – à l’espace Sud ou encore à la CACEM), ne plus avoir de sollicitations comme auparavant, ne pas plus avoir 10 décisions à prendre par heure, ne plus avoir le téléphone qui sonne pourrait paraître difficile à vivre. Eh bien, non ! Je suis tellement convaincu que je n’éprouve pas le besoin de convaincre parce que cela est tellement naturel.
Quand j’étais directeur général, je trouvais le moyen d’avoir des activités à l’extérieur comme par exemple l’enseignement. La fonction enseignant est différente de la fonction de manager. Cela enrichit. Et puis, le week-end, je faisais de la musique que je pratique toujours. Je fais de la musique cubaine et traditionnelle (bélè, tambour etc). Cela veut dire que je ne me prends pas au sérieux tout le temps. Je ne me sens pas prisonnier du personnage de directeur général. C’est pour cela que je vis cette période avec une certaine tranquillité et sans traumatisme apparent (rires).
Votre retraite se passe donc bien. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes retraités et en particulier les cadres ?
Je n’aime pas beaucoup le terme de conseil. Cela signifie que l’on pense pouvoir donner des orientations à des personnes qui ne sauraient pas comment faire. Je pense qu’il faut a minima se préparer mentalement afin de ne pas se retrouver avec l’impression devant un grand vide. Il ne faut pas, selon moi, se retrouver tellement pris par son travail ou par ses activités, que sans cela, il n’y a plus rien.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas travailler de façon sérieuse et impliquée quand on est en activité mais il faut avoir un recul suffisant pour ne pas trop se prendre trop au sérieux. Il faut ne pas être prisonnier de sa fonction. Le fait de prendre un peu de hauteur permet d’avoir un autre regard où le côté humain devient plus primordial.
Le fait de rester en contact avec la jeunesse et d’être artiste vous a-t-il aidé à avoir cette vision des choses ?
Quand on joue de la musique, on n’est pas cadre dirigeant, On est un simplement membre d’une équipe !
On ne dirige pas 450 personnes. On n’a pas un budget de 200 millions d’euros à gérer. On est derrière ces congas et ses bongos. On n’est pas chef ! On apprend à faire de la distanciation et à relativiser les choses.
Quant aux jeunes, ils apportent un éclairage différent : ils vous aident à rester jeunes. La jeunesse (étudiants, collaborateurs, musiciens) nous enseigne beaucoup. Si vous n’êtes pas capable de comprendre cela, vous ne pourrez pas travailler avec eux.
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