De nombreux Français préfèrent aujourd’hui donner de son vivant ou transmettre une partie de leur patrimoine avant leur décès. Ce choix permet d’aider leurs proches, d’éviter les conflits familiaux et de limiter les droits de succession. Une réforme récente encourage cette démarche en facilitant les donations anticipées.
Comprendre la succession
La succession désigne le transfert de vos biens (immobilier, comptes, objets de valeur…) à vos héritiers après votre décès. Deux cas sont possibles :
- Si vous avez rédigé un testament, vos volontés sont respectées dans le cadre légal.
- Sans testament, la loi répartit les biens entre vos héritiers selon des règles précises.
Le notaire joue un rôle central : il vérifie les dettes, organise le partage et veille au bon déroulement du processus.
Donner de son vivant : quelles options ?
Il est possible de transmettre une partie de son patrimoine avant le décès grâce à la donation. Il existe plusieurs formes :
- Donation-partage : elle permet de répartir les biens entre enfants ou petits-enfants, en fixant leur valeur au moment du don.
- Donation en nue-propriété : vous transmettez un bien tout en conservant l’usage (appelé usufruit). Les bénéficiaires deviennent propriétaires à votre décès.
Une exonération exceptionnelle jusqu’en 2026
Depuis le 1er janvier 2025, une mesure fiscale permet de donner jusqu’à 300 000 € à ses enfants ou petits-enfants sans payer de droits de donation, à condition que l’argent serve à :
- Acheter une résidence principale neuve ou en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement)
- Investir dans un logement neuf destiné à la location
- Réaliser des travaux de rénovation énergétique éligibles à MaPrimeRénov’
Cette mesure vise à soutenir l’accès à la propriété et à dynamiser le marché immobilier. Elle est valable jusqu’au 31 décembre 2026.
Pourquoi les Français choisissent de donner de leur vivant
Selon une étude IFOP pour l’Observatoire des solidarités intergénérationnelles, 62 % des Français préfèrent transmettre leur patrimoine de leur vivant. Les raisons principales :
- Réduction des droits de succession (49 %)
- Transmission progressive (37 %)
- Prévention des conflits familiaux (28 %)
- Soutien aux proches (27 %)
- Aide à l’achat immobilier (26 %)
La majorité des Français (78 %) pensent pouvoir laisser un héritage et cette tendance touche toutes les générations.
Que transmet-on et à qui ?
Les biens transmis sont principalement :
- Immobilier (70 %)
- Actifs financiers (58 %) : assurance vie, placements, livrets
- Biens mobiliers : bijoux, objets de valeur
Les bénéficiaires sont majoritairement les enfants (78 %), mais aussi d’autres membres de la famille (14 %).
Le testament : encore peu répandu
Malgré l’importance du sujet, 63 % des Français n’ont pas rédigé de testament et ne prévoient pas de le faire. Seuls 14 % l’ont déjà fait et 23 % envisagent de le formaliser.
Le cas particulier des Antilles : l’indivision freine la transmission
Dans les départements d’Outre-mer, notamment aux Antilles, 40 % des biens sont encore en indivision, ce qui complique leur transmission. La loi Letchimity, votée en 2018 et prolongée jusqu’en 2037, permet aux héritiers majoritaires de vendre ou partager un bien sans l’accord de tous, sauf exceptions.
Cependant, selon une étude publiée sur OpenEdition Journals en avril 2024, l’application de cette loi reste difficile. Les obstacles sont nombreux : situations familiales complexes, manque de documents, difficulté à prouver la propriété…
En résumé
Donner de son vivant devient une solution concrète pour anticiper l’héritage, aider ses proches et alléger les démarches successorales. C’est une stratégie de plus en plus choisie, portée par des réformes fiscales et une volonté de transmettre autrement.
Sources : Journals.openedition.org, ouest-france.fr, notaires.fr