L’aide à mourir encadrée fait son entrée dans le débat parlementaire français. Le 27 mai 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi portée par le député Olivier Falorni (groupe MoDem), visant à permettre aux personnes atteintes d’une maladie grave et incurable de choisir leur fin de vie dans un cadre légal et médical strict. Ce texte soulève des questions éthiques, politiques et sociétales, alors que les exemples européens montrent des approches très variées.
Une adoption en première lecture après plusieurs tentatives
La proposition de loi sur l’aide à mourir encadrée n’est pas nouvelle. En préambule, rappelons que le député et son groupe avaient déjà présenté cette proposition de loi en 2021 et 2024, mais la dissolution de l’Assemblée a interrompu la dernière tentative. En effet, après deux semaines de débats, 305 députés ont adopté le texte en première lecture, contre 199 oppositions.
Des critères médicaux stricts pour encadrer le droit à mourir
Avant d’aller plus loin, il est essentiel de comprendre les cinq critères médicaux définis par le texte :
- Être atteint d’une affection grave et incurable
- Être en phase avancée ou terminale de la maladie
- Subir une souffrance physique ou psychologique constante
- Ne plus pouvoir être soulagé par les traitements disponibles
- Exprimer une volonté claire et éclairée
Le cadre médical impose cinq critères précis. C’est pourquoi la loi vise à éviter tout abus et garantit une prise de décision en conscience, avec un accompagnement médical adapté.
Des oppositions politiques marquées
Le texte divise les groupes parlementaires. Le Front National (101 voix contre sur 123) et la Droite Républicaine (34 contre sur 49) se sont majoritairement opposés à la proposition. Le parcours parlementaire se poursuit : le Sénat doit examiner le texte à l’automne, avec la possibilité de retours à l’Assemblée pour des lectures complémentaires.
Fin de vie en Europe : des lois à géométrie variable
Les législations européennes sur la fin de vie varient fortement. D’une part, certains pays européens autorisent l’aide à mourir dans un cadre strict. D’autre part, plusieurs États l’interdisent totalement.
Euthanasie active : un choix encadré
L’euthanasie active consiste à administrer un produit létal à un patient, à sa demande, pour mettre fin à des souffrances jugées insupportables, elle est légale en Belgique et aux Pays-Bas. Ainsi, il convient de souligner que le consentement éclairé est au cœur de toutes les démarches.
Euthanasie passive : une pratique plus répandue
Cette forme consiste à arrêter les traitements lorsque la situation est irréversible.
- En Grèce, le patient peut demander l’arrêt.
- Plus précisément, en Hongrie, un comité médical doit valider la décision.
- En Slovaquie, le souhait du patient doit être clairement exprimé. Notamment, la Slovénie insiste sur l’importance de ne pas prolonger inutilement la souffrance.
Assistance au suicide : chacun son rôle
L’assistance au suicide est légale en Suisse et en Autriche. La personne prend elle-même la décision et réalise l’acte final. En d’autres termes, aucune décision ne peut être prise sans son accord explicite. Elle peut être accompagnée par un proche, un professionnel ou une association. Ce cadre vise à garantir que la décision soit prise en conscience, sans pression extérieure.
Médecins et citoyens largement favorables
Selon un sondage IFOP réalisé en avril 2025 pour l’association pour le Droit de Mourir dans la Dignité :
- 74 % des médecins souhaitent une légalisation de l’aide active à mourir
- 71 % estiment qu’elle est compatible avec les soins palliatifs
Du côté du grand public, un sondage IFOP de juin 2023 révèle que :
- 90 % des Français sont favorables à l’euthanasie
- 85 % approuvent le suicide assisté
Ces chiffres montrent une évolution des mentalités et une demande sociétale forte pour une législation claire et humaine.
Une loi en construction, un débat toujours vivant
Alors que le Sénat s’apprête à examiner le texte, les discussions restent ouvertes. Entre encadrement médical, respect du choix individuel et cadre légal à définir, la France avance pas à pas vers une aide à mourir encadrée. Pour conclure, cette loi soulève des enjeux de dignité, de liberté et de responsabilité collective.
Sources : admd.org, parlons-fin-de-vie.fr, ifop.com, touteleurope.eu, assemblee-nationale.fr, le monde.fr