Le carnaval antillais ne se limite pas à une explosion de couleurs et de musique : il est un marqueur identitaire et un héritage vivant. Loin d’être réservé à une tranche d’âge, il rassemble toutes les générations dans une célébration où chacun trouve sa place. Pour les seniors, c’est une occasion de transmettre leur savoir-faire, de partager leur passion et de continuer à faire vibrer les traditions.
Une tradition vivante et un pont entre générations
Le carnaval aux Antilles trouve ses racines dans un mélange d’influences européennes, africaines et amérindiennes. À l’origine, il s’agissait de festivités importées par les colons européens dont l’objectif était de se libérer des contraintes imposées par le carême chrétien. Comme l’explique Lionel Arnaud, professeur en sociologie à l’université Toulouse 3 et Science Po Toulouse dans un article publié en février 2024 sur le site bondyblog « le Carnaval a été importé par les colons catholiques, mais leurs anciens esclaves noirs se l’ont largement approprié après les abolitions de l’esclavage. » Il est devenu un symbole de révolte et d’affirmation identitaire, où les esclaves ont intégré leurs rituels, chants et danses. Après l’abolition de l’esclavage, cette célébration devient un moyen d’expression pour les afro-descendants, revendiquant liberté et identité. Ce processus de réappropriation se poursuit aujourd’hui, chaque génération y ajoutant sa propre touche, transmettant ainsi histoire, traditions et valeurs.
Le carnaval à travers le monde : une place de choix réservé aux seniors
Si le carnaval antillais met en lumière la transmission culturelle entre générations, d’autres carnavals à travers le monde offrent également une place aux seniors.
- Au Brésil, bien que les jeunes dominent la scène, les seniors occupent une place au sein des écoles de samba. Certains continuent de défiler, tandis que d’autres transmettent leur savoir-faire en matière de percussions ou de couture des costumes flamboyants. Il existe même une catégorie dédiée aux anciens danseurs, qui défilent avec fierté après avoir marqué l’histoire du samba. « Le carnaval est mon cœur qui bat plus fort », confie Dona Maria, 80 ans, figure incontournable d’une école de samba. Gari Sorriso, un balayeur de rue devenu icône du carnaval de Rio de Janeiro, danse en nettoyant la piste du défilé mythique depuis plus de 25 ans. À 60 ans, il continue de faire vibrer le public par son énergie communicative, portant la flamme olympique à plusieurs reprises.
- À Cologne, les clubs de carnaval comptent de nombreux retraités qui participent à la confection des chars et à l’organisation des festivités. À Nice, les groupes folkloriques sont souvent composés d’anciens.
Carnaval et souvenirs : le regard d’un passionné de 64 ans
Nous avons recueilli le témoignage de Jean, 64 ans, passionné de carnaval, pour mieux comprendre le rôle des seniors.
Quelle a été votre plus belle expérience lors du Carnaval ?
Ce sont les diables rouges avec toutes leurs lumières et leurs masques qui m’ont le plus impressionné. Leur apparence évoquait pour moi une image saisissante du diable, avec leurs cornes et leurs costumes flamboyants. À 8 ans, c’était une vision à la fois fascinante et intimidante.
Quelle est la place des seniors dans le carnaval selon vous ?
Il faut qu’ils participent s’ils le peuvent, ou bien regarder. C’est une occasion de sortir de chez soi et de voir ce qu’il se passe à l’extérieur.
Continuez-vous à participer activement au Carnaval ?
Oui, j’y participe chaque année et j’y retrouve des amis qui y prenaient déjà part quand j’étais plus jeune. Cela me permet de les revoir, de sautiller sur place (rire), même si je ne me considère pas comme vieux. C’est aussi l’occasion de croiser d’anciens voisins, des personnes que je fréquentais autrefois. On se promet toujours de se revoir … et puis finalement, on se retrouve au carnaval suivant !
Quelle chanson de carnaval vous rappelle le plus votre jeunesse ?
“ Papillon volé ” me rappelle mon enfance, c’était une chanson que j’entendais tout petit. Plus tard, c’est “ Voici le loup ” de Djo Dézormo qui m’a marqué, une chanson qui a connu un grand succès en 1989.
Une fête pour tisser des liens sociaux et intergénérationnels
Le carnaval est non seulement une fête mais aussi un moment de grande importance sociale et culturelle. Parfois perçu comme étant réservé aux jeunes, il permet pourtant aux seniors de renouer avec des souvenirs et de transmettre leurs savoirs. Les jeunes générations découvrent les chansons traditionnelles tandis que les aînés s’ouvrent aux influences plus modernes .
La participation des seniors dans les carnavals à travers le monde témoigne de l’importance de l’inclusion et de la diversité. Leur présence, que l’on retrouve à Rio, Nice ou encore dans les Caraïbes joue un rôle clé dans la préservation et la transmission des traditions culturelles.
Sources : bondyblog.fr, leparisien, oldyssey.org
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