Sous cet acronyme bien trouvé, Monalisa, devrait se lancer un mouvement citoyen d’envergure : la « MObilisation NAtionale contre L’Isolement Social des Agés ». Cette proposition figure dans le rapport concernant la lutte contre l’isolement que Jean François Serres(1) a remis le 12 juillet à Michèle Delaunay(2) qui le lui avait commandé.[/su_note]
Le constat est fait depuis longtemps : l’isolement relatif ou total des personnes de plus de 75 ans affecte 25 % de cette classe d’âge. Pour des raisons multiples, qui tiennent autant à la dispersion des familles qu’à la baisse constatée des pratiques associatives et à l’augmentation de la perte d’autonomie. Et pas seulement dans les grandes villes.
Faut-il rappeler que l’isolement des personnes âgées, peut entraîner des troubles psychomoteurs graves, susceptibles d’accélérer la dégradation de l’autonomie et, notoirement, l’apparition de la maladie d’Alzheimer ? « Lutter contre la solitude, c’est prévenir l’exclusion, la pauvreté, la perte d’autonomie, c’est renforcer la transmission des mémoires et des valeurs. C’est participer à un changement de représentation des âges » (1).
Combien de nos aînés, l’âge venant, sont condamnés au silence et à la rumination, faute d’écoute, d’interlocuteurs, de présence ? Si la médecine a permis des gains appréciables de longévité, la société par contre, ne s’est guère préoccupée de la qualité de cette vie offerte en supplément. Les gens âgés ont ceci de commun avec les adolescents que, « sans les autres on n’est rien« . Le succès du « maintien à domicile », outre son coût plus favorable, s’explique par une meilleure sauvegarde des rapports familiaux et extérieurs (quand ils existent). Certaines maisons de retraite « classiques », sont peu enclines à favoriser ces contacts indispensables.
La lutte contre l’isolement des personnes âgées semble – enfin – devenir une préoccupation nationale.
MONALISA se propose de mobiliser à sa cause, associations, collectivités territoriales, caisses de retraites primaires et complémentaires, mutuelles, ainsi que la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie). Chaque organisme se verrait attribuer un rôle spécifique : repérage, évaluation, diagnostic, opérateur d’équipes, animateur des coopérations… L’action de MONALISA s’inscrirait dans la « loi d’adaptation de la société au vieillissement », prévue à la fin de l’année. Elle serait partie prenante aux schémas de prévention des agences régionales de santé, des missions des CODERPA (comités départementaux des retraités et des personnes âgées).
Sur le plan opérationnel, le rapport recommande :
- Au niveau national : la création d’une association loi de 1901 « MONALISA » et d’un comité national (printemps 2014) favorisant les initiatives, sécurisant les partenariats et pérennisant le mouvement.
- Au niveau départemental : le suivi de la coopération entre les différentes parties prenantes
- Au niveau local : la constitution d’ »équipes citoyennes », agissant au plus près des personnes isolées, pour leur apporter un soutien.
Souhaitons à MONALISA le même succès que recueille son homonyme du Louvre. Souhaitons également que cette bonne idée ne serve pas d’alibi pour ne pas améliorer la situation financière des personnes âgées en perte d’autonomie.
Article paru dans le Courrier des retraités Septembre 2013
Lien vers le site : http://www.retraites-ufr.com