Quitter la vie professionnelle est souvent un moment attendu parfois avec impatience … mais pas toujours simple à vivre. Entre sentiment de liberté et perte de rythme, les premiers mois de la retraite marquent un véritable tournant. Et pourtant, la retraite représente près d’un tiers de notre vie.
Quand le travail s’arrête
Selon la DREES, 781 000 assurés ont liquidé un premier droit direct à la retraite en 2023, tous régimes confondus et 5 645 Martiniquais ont rejoint les rangs des nouveaux retraités du régime général en 2024.
Ah, la retraite ! Vous en rêviez depuis si longtemps : plus de réveil qui sonne à 4 heures du matin, plus d’embouteillage et surtout plus de stress au bureau. À la place, vous voilà confortablement blotti dans votre lit douillet et aucune obligation à l’horizon. Mais voilà, au bout de quelques semaines, vous posez déjà la question : “Mais que vais-je faire de toutes mes journées ?”. La réalité peut se révéler déroutante si cette nouvelle vie n’a pas été anticipée.
Les cent premiers jours constituent une période charnière observait déjà en 2014 le sociologue Ronan Chastellier dans une étude OpinionWay pour Axa France. Une phase qu’il comparait à celle vécue par un Premier ministre : passé ce cap, “ on fait le bilan ”. Près d’un retraité sur deux (51 %) y voyait un basculement teinté d’angoisse (31 % considèrent même que c’est un moment inquiétant) car ils craignent de perdre leur place dans la société. 37 % considéraient au contraire qu’il s’agit d’une libération. Les premiers mois oscillent souvent entre le vertige du vide et la joie du temps retrouvé — un équilibre que chacun doit apprendre à construire.
Bien vivre les premiers mois de la retraite : Le temps pour réapprendre à être soi
Une fois l’euphorie des premières semaines retombée, de nombreux nouveaux retraités réalisent, parfois avec déception, que disposer de temps libre signifie pas toujours savoir comment l’utiliser. Selon l’étude OpinionWay–Axa France, près de 9 retraités sur 10 déclarent vouloir “ mettre à profit ” ce début de retraite pour prendre soin d’eux : 37 % projettent de reprendre une activité physique et 35 % souhaitent voyager.
Certains retraités souhaitent rester en contact avec la société : 62 % veulent s’occuper davantage des autres — un proche, un voisin, une association. France Bénévolat dans son baromètre 2025 confirme cette tendance : près d’un quart des 65 ans et plus s’engagent dans une activité bénévole régulière.
“ L’afflux de temps et l’absence d’agenda ” peuvent inquiéter, analyse Ronan Chastellier. Mais une fois la confiance retrouvée, “ le désir d’engagement vient compenser la marginalisation sociale ” qui guette certains retraités. En d’autres termes, l’adaptation à la retraite n’est pas qu’une question d’emploi du temps : c’est une manière de redéfinir sa place dans le monde.
Bien vivre les premiers mois de la retraite : Le temps pour se redécouvrir
Une fois le nouveau rythme trouvé, la retraite devient souvent une période de réinvention personnelle. Beaucoup redécouvrent des passions qu’ils avaient délaissées : la musique, la peinture, le jardinage, la lecture ou un engagement associatif. D’autres se tournent vers l’apprentissage de nouvelles activités.
Selon Santé publique France, maintenir une activité physique régulière, entretenir des liens sociaux et préserver un bon sommeil figurent parmi les trois piliers du bien vieillir. Avoir une activité physique modérée, comme la marche, améliore non seulement la santé cardiovasculaire, mais aussi le bien-être psychologique. De leur côté, les caisses de retraite encouragent les nouveaux retraités à réaliser un bilan de prévention entre 60 et 65 ans afin d’anticiper les risques liés au changement de rythme.
“ J’ai appris à écouter mon corps et pas mon agenda ”, confie par exemple Claudine, 63 ans, ancienne secrétaire médicale, qui participe aujourd’hui à des cours de yoga et à un atelier d’écriture intergénérationnel. “ J’ai retrouvé le plaisir d’apprendre sans contrainte. ”
Bien vivre les premiers mois de la retraite : Le temps des projets
La retraite n’est pas la fin d’un parcours (professionnel) mais le début d’une nouvelle vie. Beaucoup choisissent de repenser leur place dans la société pour transmettre, aider, ou encore entreprendre. Certains deviennent tuteurs dans des associations qui aident les entrepreneurs, d’autres créent des jardins partagés ou des micro-entreprises.
En Martinique, plusieurs associations ou organismes locaux développent des projets intergénérationnels pour valoriser la mémoire, la santé et le lien social des aînés.
Les retraités ont toute la place dans notre société. Pour le sociologue Serge Guérin, spécialiste du vieillissement, les seniors “ ne sont pas une charge ou un poids mais une chance”.
Sources : dress.solidarités.gouv.fr, tf1info.fr, francebenevolat.org/



