Rencontre avec Isabelle Louison, Responsable du service gestion locative et ventes HLM à la société d’HLM Ozanam
Qu’est-ce qu’une résidence seniors ?
Ce vocable est, pour nous, surtout une facilité de langage. Il signifie que nous réservons les logements aux personnes âgées de plus de 55 ans sur certaines résidences.
C’est une solution logement que nous développons pour une population dédiée, en augmentation, dans le fichier de la demande de logement social.
Pour nous, une résidence seniors se compose de logements sociaux accessibles en raison de l’âge. Ce ne sont ni des foyers ni des maisons de retraite. Elles s’adressent à des personnes autonomes. Chacun bénéficie de son logement personnel et répond, à la signature du contrat locatif, aux conditions de ressources maximales fixées par l’Etat et, ensuite, à l’ensemble des règles qui régissent le logement HLM.
Pour l’instant, ce type d’habitat ne comprend pas de service à la personne, ni de soin.
Pour favoriser le vivre ensemble, nous avons développé un partenariat avec le CLLAJ, Comité Local pour le Logement des Jeunes, afin de réserver certains logements aux jeunes : c’est une résidence intergénérationnelle.
Nous mettons aussi à la disposition d’une association ou de plusieurs locataires, un Local Collectif Résidentiel afin que des rencontres et animations puissent être proposées à l’ensemble des résidents.
Ce sont près de 200 logements dédiés aux séniors répartis sur le patrimoine locatif ou en résidences sur les 3 agglomérations intercommunales et 4 communes de l’île.
Au-delà de ces logements, l’accueil des personnes se fait naturellement dans le parc proposé en location.
Pourquoi avoir créé ce type de résidences ?
Nous nous sommes investis depuis de nombreuses années dans le logement adapté au grand âge. Cette population a toujours fait partie de notre cible notamment du fait du phénomène spécifique du retour au pays. Dès les années 80, nous avons réservé des logements aux personnes âgées et construit des foyers ou des EHPAD.
Il s’agissait déjà d’offrir une gamme de logements, assez large, correspondant à la population et de considérer les divers âges, et, par la même, le parcours résidentiel du locataire.
Historiquement, nous avons surtout construit des logements familiaux, des T4 et T5 pour répondre à la configuration de la famille.
L’espérance de vie, la baisse de la natalité et la façon d’habiter conduisent à une augmentation de la pression de la demande sur les logements de type 3 et 2.
Pourquoi s’intéresser aux seniors ?
Il s’agit tout d’abord d’offrir un parcours résidentiel à nos locataires et de leur permettre d’avoir un logement adapté.
Nous avons de nombreuses demandes de mutation pour problèmes de santé, de mobilité réduite ou de souhait d’avoir un logement plus petit.
De plus, de nombreux résidents sont présents depuis des années et bénéficient de loyers inférieurs à ceux proposés dans le neuf (évolution du coût de la construction). La mobilité est aussi difficile à mettre en place quand la personne est attachée à son réseau d’acteurs de soins, de voisinage, de solidarités familiales ou d’habitudes sociales.
Ensuite, parce que cela correspond à la demande de logement locatif car les retraités constituent déjà près de 10% de la demande exprimée.
Quelles difficultés rencontrez-vous face au vieillissement de vos locataires ?
Le vieillissement de la population de la Martinique est en enjeu majeur du territoire. Nous suivons naturellement cette tendance. La moyenne d’âge de nos résidents augmente.
L’entrée et le maintien des résidents séniors nous obligent, en tant que bailleur social, à réfléchir différemment sur le logement autonome.
Par exemple, il faut penser à :
- L’accessibilité par les transports en commun, la proximité des services de première nécessité,
- Le changement d’environnement de la personne âgée à la fois pour les intervenants dont elle dépend mais aussi sur l’aspect psychologique du changement de lieu de vie,
- La multiplication des démarches administratives à réaliser en ligne. La personne âgée est parfois démunie pour réaliser, seule, les formalités,
- L’isolement
- Les problématiques de santé physique et mentale mais aussi de l’alimentation pour une population fragilisée par certaines pathologies,
- La précarité : 50% des retraités vivent avec des ressources en dessous du seuil de pauvreté.
Nous remarquons que les personnes âgées sont surtout à la recherche de convivialité et de soutien. Nous avons un partenariat étroit avec les CCAS qui, pour beaucoup, se sont déjà engagés dans des actions ciblées.
Nous construisons avec nos partenaires des solutions innovantes : l’ALS (Association pour le Logement Social), la fédération des Entreprises Sociales pour l’Habitat ou la CGSS… et avec d’autres partenaires associatifs.
Nos représentants des locataires nous font aussi remonter régulièrement des besoins financiers, d’accompagnement social ou de mobilité…
Notre plan stratégique de patrimoine a identifié deux problématiques sociales centrales pour notre organisme : la précarité et le vieillissement.
Quels autres types d’hébergement pour les seniors proposez-vous ?
Nous ne proposons que des solutions logements.
Il y a un réseau d’acteurs de l’hébergement avec qui nous travaillons dans le cadre du Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation Martinique.
Nous avons construit des EHPAD et des foyers qui sont gérés par des associations ou institutions.
La thématique de la personne âgée se renforce. Nul doute que de nouvelles réponses à offrir à nos résidents et à nos concitoyens émergeront.
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