Les changements physiologiques peuvent parfois entraîner une modification de la silhouette parfois une prise de poids souvent jugée disgracieuse en particulier par les femmes.
Le docteur Carolle Chatot Henry, gériatre, nous explique les modifications corporelles liées à l’âge mais aussi comment bien gérer son poids après un certain âge.
En France, 15 % des adultes (8 millions de personnes) souffrent d’obésité, et 31,9 % sont en surpoids. Ces chiffres de 2009 sont en constante augmentation. Ils sont d’autant plus inquiétants que l’obésité atteint des individus de plus en plus jeunes. L’enquête ESCAL (1) a permis d’actualiser les données relatives à la population martiniquaise âgée de 3 ans et plus. On constate qu’un peu plus d’un adulte sur deux (53 %) et un enfant sur quatre (24 %) sont en surcharge pondérale. L’obésité, qui touche 21 % des adultes et 8 % des enfants, est significativement plus fréquente chez les femmes.
Après 50 ans, quelles sont les modifications corporelles ?
- On note une diminution de la masse maigre (os, muscles, organes et peau) alors que la masse grasse augmente en intra-abdominale, intra-hépatique et en intra-musculaire
- La diminution de la masse musculaire est de 30% pour les > de 65 ans et de 50% pour > 80 ans
- L’insulino-résistance apparaît
Qu’est-ce que le surpoids et l’obésité ?
- Le surpoids et l’obésité sont définis à partir de l’indice de masse corporelle (ou IMC). Il se calcule en divisant le poids par la taille au carré d’une personne (IMC = Poids / Taille 2). C’est un outil de mesure simple, utilisé couramment.
- Si votre IMC est :
< 18,5 kg/m², il s’agit d’une insuffisance pondérale
< 18,5 et < 25 kg/m², la corpulence est normale
< 25 et < 30 kg/m², il existe un surpoids
> 30 kg/m², il s’agit d’obésité.
- Chez la personne âgée, l’IMC est moins approprié car il existe une sous-estimation de la masse grasse.
Quels sont les conseils concernant l’alimentation ?
- Après 65 ans, l’organisme ne sait plus fabriquer certaines graisses indispensables à l’équilibre nutritionnel d’où les intégrer sans excès dans l’« agenda calorique de la semaine » (viande, poisson, œufs, beurre et fromages).
- L’alimentation doit être la plus variée possible (nutriments locaux si possible).
- En fait les besoins d’une personne âgée sont ceux de l’adulte voire plus pour les protéines.
- L’hydratation est aussi à favoriser : 1,5 litre minimum à augmenter si une activité physique est pratiquée. L’eau est l’élément indispensable que l’on peut aromatiser par une pulpe de fruit du jardin.
Quels sont les problèmes physiques liés à l’obésité ?
- Les douleurs articulaires et l’arthrose
- Co-morbidités possibles : hypertension artérielle, syndrome métabolique, diabète, maladies cardiovasculaires, voire certains cancers (endomètre, colon, sein..)
- L’apnée du sommeil
- Les troubles psychologiques : dépression, moindre estime de soi
- Le risque accru d’une perte d’autonomie avec un concept bien connu des gériatres : le « concept de frailty » ou « syndrome de fragilité » lié à un défaut de mobilité entre autres. A l’extrême, la perte d’autonomie « totale » ou dépendance a un impact direct sur l’état de santé du patient (infection pulmonaire, dénutrition, escarres…).
- Surveiller son poids, oui mais pas trop…
- Les personnes ayant une masse musculaire supérieure à la moyenne (soit 35 % chez l’homme, et 28 % chez la femme) ont un taux de mortalité moindre.
- Celles qui ont un déficit pondéral ont un taux de mortalité nettement plus élevé que les personnes en surcharge pondérale.
- Ainsi lorsqu’on vieillit, il est préférable d’être en surpoids que trop maigre.
Et la prévention ou traitement de l’obésité ?
- Favoriser la promotion d’une alimentation favorable à la santé des seniors
- Vivre une activité physique adaptée (gym douce, marche régulière, course, natation). Selon l’organisation mondiale de la Santé (2), les personnes âgées devraient pratiquer au moins, au cours de la semaine, 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue. Si leur mobilité est réduite, l’activité physique vise alors à améliorer l’équilibre et à prévenir les chutes au moins trois jours par semaine. Lorsque les seniors ne peuvent pratiquer la quantité recommandée d’activité physique en raison de leur état de santé, elles doivent être aussi actives physiquement que leurs capacités le leur permettent.
- Ne pas oublier l’apport de la vitamine D. On la retrouve dans l’huile de foie de morue, les sardines ou maquereaux, lait ou yaourts entiers, foie de veau ou les abats et de façon complémentaire dans les œufs de poules élevées dans nos jardins… tout en rappelant qu’une exposition solaire régulière, ne serait-ce que 10-15 minutes par jour, reste le meilleur moyen d’augmenter son stock de vitamine D.
- Voire une thérapie cognitivo-comportementale. Il s’agit d’un traitement bref, validé scientifiquement, qui vise à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées et des réactions plus réalistes.
- La médication ou les soins naturels doivent être abordés avec l’aide de spécialistes (endocrinologue, nutritionniste, naturopathe… etc)
Sources
- Ars Martinique : « Surpoids et obesité »
- Site : dietphysicalactivity
- Rapport Fragonard « Stratégie pour la couverture de la dépendance des personnes âgées », juin 2011
Docteur Carolle Chatot-Henry, gériatre