De l’origine de l’@ : dans les années 70, l’irrésistible poussée de l’informatique grand public et l’absolue nécessité d’ordonner la croissance exponentielle du nombre d’abonnés aux réseaux qui commençaient à couvrir, il fallut s’entendre pour maîtriser le foisonnement des échanges et, en tout premier lieu, codifier le système d’adressage des messages électroniques.
Apparition de @
Il était notamment indispensable de bien séparer les deux composantes de l’adresse informatique : d’une part, le nom informatisé du destinataire et d’autre part, le nom du domaine gérant la transaction : orange, SFR, Free … sans, pour ce faire utiliser, afin d’éviter toute confusion, une lettre, un chiffre ou un signe usuel du clavier classique.
On attribue à l’informaticien Ray Tomlinson d’avoir eu, en 1971, l’idée d’affecter en guise de séparateur, le signe @.
Tombé quelque peu en désuétude, celui-ci figurait toujours au clavier des machines à écrire anglais ou américaines où il replace « at » qui signifie « à, chez nous, à la maison … ». Comme en France, le signe & remplace « et ».
Le @ n’appartenant à aucun « alphabet » recensé, prenait ainsi un nouvel essor international sous es noms variés et descriptifs (1).
Pourquoi « arobase » (ou arrobe) en français ?
Une dénomination bizarre affecte ce « a » minuscule, écrit manuellement, enveloppé pat la prolongation de la barre verticale de la lettre. Venu du latin, ce symbole signifiait au XVIIe siècle en français de chancellerie : « à, ou adressé à ». Par exemple, « @ S.M. le Roi de France Louis, par la grâce de Dieu ».
Dans le langage savant des imprimeurs, l’arobase est un logogramme (2) ou graphème (3) qui remplace, de façon ramassée, un mot entier ou une locution. Description officielle : l’@ est formé d’un a minuscule, dont la patte du coin bas-droit est prolongée jusqu’à faire le tour de la lettre dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en revenant au coin bas-droit. Quand on préparait, à la main, les textes pour impression, le fameux caractère a, dit « à rond bas » était placé avec les minuscules, dans un tiroir du « bas de la casse » (le meuble où l’on rangeait les lettres de plomb). Le nom – compacté et pratique – lui est resté. « A Rond Bas de casSE ». C’est la seule explication (très technique) dont nous disposons.
Un ou une arobase ?
La Commission générale de terminologie et de néologie de la Délégation générale à la langue française (ouf !), sans se prononcer sur le « genre », décréta en décembre 2002 que @ devait se prononcer : arobe. A l’origine plutôt masculin, arobase est aujourd’hui donné féminin par le Robert, qui l’affuble d’un « a-commercial » et lui confère une origine espagnole, arrobe (ou arobe), mesure de poids d’origine arabe … Tandis que le Petit Larousse – féminin aussi – adopte pour arobase et arrobe la même signification. Choisissez.
En état de cause, le signe @ a pris toute sa place dans l’horizon visuel contemporain. Arobase est le symbole du courrier électronique et d’internet en général.
Nous espérons l’avoir rendu(e) un peu moins mystérieux(se)
(1) Ce graphème @ se dit : arroba (poids) en espagnol, escargot de mer en coréen, petite souris en chinois, petit canard en grec, escargot en italien, ver en hongrois, queue de singe en flamand, petit chien en russe etc.
(2) Logogramme : Dessin correspondant à un mot
(3) Graphème : Lettre ou groupe de lettres correspondant à un mot ou un groupe de sons.
Jean Mauriès Article paru dans le Courrier des retraités n° 33 du mois de juillet 2014
Vous avez aimé cet article ? Pour vous abonner au Courrier des retraités, cliquez sur le lien ici : http://www.retraites-ufr.com
10 € pour 4 numéros