Nichée au coeur des Antilles françaises, Marie Galante, « l’île aux cent moulins », est fière. A ceux qui prennent le temps de s’y arrêter, au temps de Noël, elle donne à goûter les saveurs délicieuses de ses « caca-boeuf », petits gâteaux à l’appellation polémique, de ses rhums ardents et variés.
Marie Galante, c’est le soleil passionné pour un Noël sur fond de chansons et de sable chaud …
Marie Galante, la Grande galette, île ventilée au sud-est des côtes guadeloupéennes
Composée de trois villes, Grand-Bourg, Capesterre, et Saint-Louis, aujourd’hui, regroupées en Communauté de Communes, Aïchi, de son nom Caraïbes, continue d’offrir à ses habitants les douceurs d’une mer tiède à souhait et accueillante. Les enfants apprécient la vie douce des allers et retours des bateaux, amenant de la grande île, à la fois, touristes curieux d’un jour, vacanciers en mal du pays, travailleurs, et saisonniers.
Si, « Maria Galanda » est réputée pour ses plages d’un bleu cristallin, l’hôtellerie, quant à elle, se fait si discrète, que la préservation des sites pré – colombiens, vestiges des habitations coloniales, participe aux efforts des élus locaux de faire vivre l’histoire du passé à travers une architecture luxuriante. La restauration, au bord de plages, les pieds dans l’eau, ne peut s’éviter. On y déguste du poisson tiré de l’eau, grillé ou en sauce, des spécialités de la région, particulièrement, le Bébélé onctueux, les accras croustillants de « pissiètes ». Le crabe, la langouste, les lambis charnus, complètent les menus accompagnés de riz, de pois, de racines et de farine de manioc mélangée aux avocats bien mûrs.
Départ de Bergevin, arrivée à Grand- Bourg, Marie Galante
C’est que l’on débarque sur l’île par un ponton en bois reconstruit, qui a essuyé bon nombre de tempêtes. L’accueil est marqué par les vendeurs de produits locaux uniques, du vin de miel, des vinaigres parfumés, des sucs-à-coco multicolores, un ensemble de galettes caramélisées à la cannelle.
Parfois, le capitaine du bateau consent à accoster à Saint-Louis, du côté du ponton de la mairie, histoire de soulager les âmes fatiguées, le ballot sur l’épaule, qui ne peuvent se rendre plus au sud vers le port principal. Entre deux rotations, l’île est desservie en denrées importées. Marie-Galante ne quémande pas la charité, son côté matador l’en empêche. Elle produit le nécessaire sur place, grâce à l’agriculture, et la pêche Mais surtout le sucre et ses transformations prodigieuses la font vivre.
Le calendrier spécial de Touloukaéra
Dans la tradition de fin d’année, rien ne se perd sur l’île de Marie-Galante. La musique est au coeur de l’île, qui reçoit chaque année des artistes internationaux de renom, à l’occasion du Festival Terre de Blues, plus tôt dans l’année.
Cependant, et ce depuis des générations, la période de Noël, commence comme au Pôle Nord, avec son univers calendaire de l’Avent, mais version antillaise. A chaque jour son chanté Nwel improvisé, bruyant, au son des tambouyers, chargés de bouteilles de Bielle ou du Père Labat. Noël s’invite par le chant tous les soirs du 1er au 24 décembre.
Des groupes de chanteurs, formés de voix braques et enchantées, accompagnés de musiciens, passent de maison en maison avec un répertoire de Noëls anciens, héritage des missionnaires français du 17e siècle, et adoptés très vite par les autochtones. Grâce à la saveur des textes en créole et la couleur particulière des instruments « locaux », la conque à Lambis, les lélés, les chachas, le dépaysement est garanti et le soleil des Antilles est au rendez-vous. On chante, on braille, on se secoue, on laisse l’ivresse du moment faire le reste …
Le 23 décembre, veille de la nativité à Marie Galante …
On commence les préparatifs indispensables à la célébration du lendemain. Le père de famille, tue le porc engraissé depuis des mois pour l’occasion. Au rythme envoûtant de « répondè », le pauvre animal braille. Il fournit toutefois, aux cuisinières affairées, la base des mets épicés le boudin, les fritures sanguinaires, enfin, la viande en ragoût. On partage, du jambon confectionné par les producteurs du pays, pour finir, déssalé, cuit au court-bouillon, tranché, et caramélisé par les habitants de l’île à l’ananas et aux cerises confites.
Le 24, tous iront à la messe du soir pour contempler et se recueillir devant l’icône de l’enfant Roi, né à Bethléem, en pensant au menu traditionnel, du boudin rouge, du « frissi », de riz, des pois de bois, du « cochon roussi », arrosés de shrubs, et de punchs. De la soupe à pied, distribuée dans des bols en verre, ou dans les « kwuis » de calebasse, transporte les chanteurs et les badauds aux confins du temps, période chargée du souvenir, période durant laquelle les esclaves ont chanté pendant trois jours autour de la mare au punch, de l’habitation Pirogue, la délivrance. Subtil écho de l’espoir qu’un jour un sauveur naitrait pour la race déchue.
Retrouvez le magazine Génération + dans les lieux de distribution habituels