La Crète est plus qu’une île. C’est un continent peuplé de 500.000 personnes dont l’unité linguistique n’est pas encore réalisée.
A côté du grec, celui d’Athènes, les Crétois parlent au moins deux grands dialectes. Les Egyptiens nommaient La Crète « l’île au milieu de la mer ».
La Crète se localise à égale distance de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique.
Les Crétois ont connu les séismes, les famines, les invasions, les guerres, les tortures mais ils ont toujours chanté et dansé pour oublier leurs maux. C’est une nation de bergers, de planteurs. On y cultive la vigne, des oliviers, des figuiers et des aromates.
Intelligence vive et souple, fierté ombrageuse, un point d’honneur vindicatif, désir d’être toujours le meilleur, sens vécu de l’hospitalité, peuple courageux, plus dur envers lui-même qu’avec les autres.
La valse des trois saisons
La première saison, c’est celle des pluies, du début de novembre à la fin de février. C’est une période grise et taciturne où l’on parle peu et où l’on ne sort que pour semer, piquer et planter.
On compte, on prévoit, on calcule car l’équilibre de la vie familiale en dépend, tout comme la stabilité du village et de l’île.
C’est un temps de concentration et d’efforts, s’allongeant vers le soir pour finir dans l’attente, pendant de longues veillées, à l’abri du vent.
Les plus belles histoires sont celles inspirées par le vent et la pluie.
Ensuite, c’est un long et lent printemps s’étirant jusqu’en juin, avec les primeurs et les premières récoltes.
C’est le moment d’expédier sur les continents légumes et fruits.
Les commerçants et les hôteliers se préparent à la saison touristique qui commence avec les Scandinaves et les Allemands arrivant par charters entiers. Les bateaux débarquent les Athéniens avec leurs voitures qui repartent sous des montagnes de cageots de fruits et de légumes.
Jours de convivialité, de joie absolue où tous sont invités passants et touristes compris…
Avec l’été, la sécheresse s’installe brusquement pour traîner jusqu’à la fin octobre, après les vendanges. C’est la période des moissons. Les paysans, torse nu, se rendent aux champs. Les moissonneurs chantent en marchant, avec sur les épaules une faucille et une fourche.
Une vue rapide de l’histoire crétoise
La Crète est domination turque de la Crète de 1669 à 1913. Le dimanche 1° Décembre 1913, la Crète est rattachée à la Grèce.
La plupart des Crétois qui ont quitté l’île se sont installés à Athènes. L’émigration a commencé à partir de 1920 et a culminé durant la décennie1950-1960. Mais l’île continue à parler à travers sa nature, sa musique, ses hommes…
La région de Skafia retient toute l’attention du lecteur. Elle se situe à l’ouest de La Crète où s’élève la masse des montagnes blanches. Ce sont des montagnes escarpées, d’une beauté sauvage et stupéfiante. Les sommets s’élèvent à 2540 mètres.
Labyrinthe de gorges, de pentes abruptes, place forte naturelle, acropole et centre de résistance, bénéficiant d’une grande autonomie tant pendant la période romaine que pendant l’occupation turque et vénitienne.
A partir du XVIII° siècle, la région domine la scène historique crétoise. Les habitants de SKAFIA connaissent une grande croissance économique, grâce à leur activité en mer (piraterie) et accumulent des richesses importantes.
Les Sfakiotes vivent en permanence sur un pied de guerre et la plupart des armes que possède l’île se trouve dans la région. Par exemple, en 1821, sur les 1200 fusils disponibles en Crète, 800 se trouvent concentrés à SFAKIA.
Libéralisme et combattivité. Ils sont vifs, agiles dans leur façon de se mouvoir et de penser. Fiers, déterminés, enjoués, bons, généreux, hospitaliers. Ce qui frappe, c’est l’air de liberté et de dignité qui émane d’eux.
Des hommes paradoxaux et étonnants qui ressemblent aux Agrimia (chèvres sauvages appelées aussi Kri-kri dont le nom scientifique est Ibexcreticus) de leurs montagnes.
Economie
La terre est pauvre et aride. L’économie de la région repose sur l’élevage des chèvres et des brebis. La densité démographique est faible, les villages petits et dispersés.
Toutefois, il est distingué les familles de « bonne souche » des familles de « mauvaise souche ». Ces dernières sont celles qui se sont réfugiées dans la région pour échapper aux Turcs.
Dans ce carrefour des voies maritimes de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe, les Crétois exercent les métiers les plus divers et sont métallurgistes, artisans ou encore joailliers.
Malgré l’industrialisation et le développement du secteur tertiaire, principalement du tourisme, les paysans constituent l’écrasante majorité de l’île.
Seules les familles véritablement originaires de SFAKIA sont dites de « bonne souche » c’est-à-dire authentiques. Elles sont puissantes et riches. Elles ont données au pays des chefs et des capitaines.
Un autre aspect de La Crète évoqué dans cette étude et non pas le moindre, le tourisme et surtout sa cuisine qui en fait sa renommée.
Héraklion se remplit de rumeurs et de marchandises dès 8 heures du matin. Les habitants se hâtent avec des sacs pleins de courgettes, d’aubergines, de pastèques, de melons, de fromages de brebis.
Un soleil immuable s’impose de 10h à 18 h.
Tavernes romantiques sous la treille, Roof Garden … Au sud-est d’Héraklion, c’est le palais de Cnossos… La nuit vibre des guirlandes de lumière de la ville. A quelques kilomètres de la capitale se visite le village de Varvari où se trouve le musée de l’écrivain national Nikos Kazantzakis…
Et nous voilà en plein dans la cuisine crétoise
- Escargots frits (bourbourista), marinés au vinaigre et parfumé au romarin.
- Artichauts au yaourt pimenté – Ragouts de veau aux légumes – Omelette aux courgettes.
- Les bourékia sont de petits friands au fromage crétois, le mizithra, et aux courgettes
- Les desserts : figues, charnus, les fameux rosakia de la région d’Arkhanès.
Les desserts sont suivis de dégustation de raki, alcool obtenu par distillation de pépins de raisins, servi dans de petits verres, les sfyrakia. - Les hors d’œuvre sont variés :
Il y a le souchli, friands de veau, le Kephalogravien, un ensemble de gruyère, tomates, aubergines, artichauts farcis de viande hachée, relevé avec des feuilles de laurier et de la muscade. - Les viandes sont souvent mijotées avec du yaourt. Les plus connues sont le youvétsi, ragout d’agneau au vin blanc, le lapin aux œufs et au citron, le lièvre qui se prépare stifado, aux oignons, ou krassato, au vin rouge, avec des feuilles de laurier, du thym et du persil.
- Le lapin peut être également farci au foie, servi avec du riz, des noix et de la feta.
- Il y a, enfin, les cuissons traditionnelles : l’agneau au four, enveloppé de papier dit kléftiko, le chevreau à marjolaine, le porcelet au citron, au thym et à l’origan, dit cochonnet au fagot.
Bien intéressante, la Crète. A visiter impérativement dans nos tournées méditerranéennes.
Source : « La Crète autrement », Editions Autrement, dirigées par Ismini Vlavianou et Christian Cogné, 11 Janvier 1993,
By Alice