L’intérêt de posséder un animal de compagnie pour un senior n’est plus à démontrer car il peut non seulement de rompre l’isolement, apporter une émotion, dans certains cas, ou encore vous obliger à faire un peu d’exercice physique et à avoir des liens avec les autres lors des promenades quotidiennes.
Il peut être une source de plaisirs en apportant un réconfort tant au niveau de la santé physique qu’au point de vue psychologique.
Rencontre avec le Docteur Françoise Rose-Rosette, vétérinaire, membre actif de la SPA Martinique
Quels sont les freins ou les risques à avoir un animal de compagnie quand on est senior ?
- Le premier est celui de la chute. Un animal turbulent ou encore très affectueux peut provoquer une chute : le chat qui, par exemple, s’enroule dans vos jambes, se « prend dans vos pieds » dès que vous faites deux pas, peut vous faire tomber
- Un autre risque est celui d’un manque de maîtrise d’un animal, notamment s’il s’agit d’un chien dominant. Le sénior peut ne pas avoir l’autorité nécessaire pour se faire obéir de certains chiens, avec pour corollaire des possibilités d’accident pour le sénior détenteur, mais aussi pour des tiers. Il est important de choisir son animal en fonction de sa situation.
- Un autre risque réside dans l’incapacité de maîtriser la reproduction des chats, par inattention et méconnaissance des extraordinaires capacités de reproduction de ces animaux. Pour mesurer la réalité du risque de reproduction incontrôlée, il faut savoir qu’une chatte peut donner en théorie, 65 000 descendants en quatre ans ! Cette prolifération de chats chez les personnes âgées n’est pas exceptionnelle, y compris à la Martinique. Souvent nos seniors refusent de se séparer d’une partie de leurs très nombreux compagnons (une cinquantaine parfois, voire davantage) devenus une horde en souffrance et une vraie nuisance pour les personnes. Les conséquences peuvent être très négatives en termes d’hygiène pour le sénior lui-même, de confort pour les voisins et même parfois de sécurité pour les aidants venus de l’extérieur.
- Mais le risque existe aussi pour l’animal. En effet, certains seniors en viennent à considérer leur animal et particulièrement les chiens comme « leur chose ». Le malheureux chien n’a plus le droit de vivre sa propre vie et devient un objet à l’entière disposition de son maître.
Un des freins à la possession d’animal par une personne très âgée est le fait que cet animal va probablement lui survivre. Il faut envisager une séparation, soit parce que notre sénior devra changer de lieu de vie, soit parce qu’il sera décédé. La décision de confier un animal à un très grand sénior doit se prendre en accord avec d’autres membres de la famille et en envisageant un avenir qui sinon, peut être déchirant.
Quels animaux recommanderiez-vous aux seniors les plus âgés ?
L’arrivée de l’animal doit être acceptée par le principal intéressé. Il est risqué d’imposer un animal de compagnie à une personne âgée qui n’en a pas le désir. Un lien de qualité pourra s’établir entre eux… ou pas.
Une personne de 70 ans, active et qui a déjà eu des animaux, peut adopter un jeune chien sans aucune difficulté. Elle pourra l’éduquer et ils ont la perspective raisonnable de passer de nombreuses et belles années ensemble.
Un chien de garde de forte taille et de caractère affirmé n’est pas adapté à un frêle senior, surtout s’il n’a pas l’expérience de chiens dominants. Des accidents peuvent se produire et affecter son maître ou des tiers. Le personnel des refuges de la SPAM souvent le témoin d’histoires très pénibles dues à un manque de discernement dans le choix du chien.
Ma recommandation pour les personnes âgées et surtout très âgées est de privilégier un animal calme, docile, à poils courts ou mi longs et en ce qui concerne les chiens, de taille raisonnable. Un animal minuscule et turbulent est déconseillé car il peut lui-même être vulnérable au bousculement par la personne âgée. A l’inverse, prudence avec les chiens géants car ils appellent une véritable organisation en termes de place, d’approvisionnement pour la nourriture, de coût de nourriture et autres dépenses…
Certaines races de chiens, des terriers par exemple, sont à envisager avec une grande circonspection car extrêmement remuantes même après avoir reçu une bonne éducation.
En résumé, il est impossible de définir le compagnon idéal pour une personne âgée, les attentes et capacités des détenteurs, tout comme les caractéristiques des chiens ou des chats étant variables à l’infini. La décision doit être prise au cas par cas après réflexion et non sur un coup de cœur.
Un conseil pratique: ne pas se priver d’adopter un animal adulte. En effet il existe, notamment dans les refuges de la SPA Martinique, des animaux déjà éduqués, charmants, dont on cerne bien le comportement. De tels animaux peuvent faire le bonheur d’un senior. L’attitude sage est de bien réfléchir avec les proches et de s’entourer de conseils auprès de vétérinaires, des refuges de la SPA Martinique ou encore auprès d’éducateurs canins et comportementalistes animaliers. Ne pas hésiter à interroger tous ces professionnels dont certains pourront aussi donner de précieux conseils pour les premiers pas d’un animal chez le senior.
Autre piste d’action et cette fois-ci au sens propre : les personnes plus ou moins âgées et souffrant de troubles de l’orientation sont en augmentation et leurs disparitions seront de plus en plus fréquentes à la Martinique où le relief accidenté ne facilite pas les recherches.
Il serait intéressant de pouvoir disposer de chiens pouvant intervenir dans leur recherche. Les binômes homme chien peuvent vraiment sauver des vies.