Comme la langue d’Esope, l’automédication peut être la meilleure et la pire des choses. Elle accélère le traitement, évite le passage chez le médecin et responsabilise l’intéressé. En revanche, elle comporte des risques dont il convient d’être conscient.
Un mot ambigu
- « Auto », donc pour soi alors que souvent l’automédication s’applique à d’autres, nos enfants, notre conjoint, notre entourage, que l’on ne connaît pas aussi intimement que soi-même. Sauf pour les enfants, le geste de l’automédication doit être un acte volontaire, individuel et responsable.
- « Médication » suppose médicalement alors que souvent, on peut se soigner sans médicament. Par exemple, on peut enrayer certaines crises de tachycardie, en buvant « cul sec » un verre d’eau glacée ; les crises de spasmophilie peuvent être soulagées en respirant son propre air dans un sac en plastique.
L’automédication peut être utile pour soigner seul ses symptômes, mais elle ne peut faire abstraction de la nécessité d’un vrai diagnostic.
Les médicaments en accès direct
Seuls certains médicaments (allopathiques, homéopathiques, à base de plantes) peuvent être vendus « en accès direct ». Beaucoup de ceux accessibles sans ordonnance doivent néanmoins être demandés au pharmacien dont le conseil est toujours utile.
Les prix
Les prix des médicaments remboursés car prescrits sur ordonnance sont fixés par l’administration. Lorsqu’ils sont accessibles en automédication, ce sont des prix maximum et le pharmacien peut les vendre moins chers.
Le prix des médicaments non remboursables est libre. Les pharmaciens sont toutefois invités à le fixer avec tact et mesure.
L’achat sur Internet
Depuis début 2013, les pharmacies d’office peuvent, sous réserve d’une autorisation par l’administration et le respect de bonnes pratiques, vendre des médicaments par Internet. Les conditions doivent être les mêmes que le patient se présentait à l’officine, en particulier pour les obligations de conseil, en vue du bon usage du médicament.
Les dangers de l’automédication
L’automédication est une pratique qui se généralise. 85 % des Français disent y avoir recours plus ou moins fréquemment et se soigner seuls dans les cas les plus bénins.
Même si certaines personnes du milieu médical estiment que l’automédication comporte des bienfaits, comme responsabiliser les personnes sur les médicaments et les soins, désengorger notre système de santé …, se soigner seul demeure une pratique dangereuse ayant ses limites.
Les risques sont en effet multiples et peuvent entraîner des complications sévères :
- Risques dus au médicament lui-même : méconnaissance des composants, toxicité méconnue, date de péremption …
- Risques liés à la prise : interactions médicamenteuses, erreur de posologie, méconnaissance des effets secondaires, non prise en compte des éventuelles allergies …
- Risques dus au non-recours au médecin : retarde le diagnostic, masque certains symptômes, fausse l’interprétation des résultats biologiques, entraîne d’autres maladies, aggrave les maux …
Pour une automédication responsable
Se soigner seul n’est pas conseillé sur une longue durée, ne peut être fait qu’à bon escient et ne dispense pas de lire les notices pour connaître posologie, effets secondaires et contre-indications.
Elle permet de traiter des symptômes courants et bénins, pour une durée limitée, comme par exemple les douleurs légères ou modérées, le rhume, les maux de gorge, etc.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé édite des brochures fournissant, par symptôme, une information pédagogique et de sécurité et quels médicaments le patient peut prendre de lui-même ou avec les conseils de son pharmacien.
Des dépliants portant sur les antalgiques les plus utilisés en automédication les plus utilisés en automédication (Paracétamol, Ibuprofène et Aspirine) complètent les conseils délivrés par le pharmacien.
Marie Claude Soumy Article paru dans le Courrier des retraités du mois du 4ème trimestre 2015
Lien vers le site : http://www.retraites-ufr.com