Rencontre avec Kalthoum BEN M’BAREK, Directrice de l’Association pour le Logement Social, ALS.
Qu’est-ce que l’Association pour le Logement Social ?
L’Association pour le Logement Social, ALS, a été créée en 1991. Elle est née à l’initiative des bailleurs sociaux (SIMAR et SMHLM). La SAHLM D’OZANAM a adhéré à l’ALS en 2012. C’est une structure originale car elle s’appuie sur une volonté de mutualisation, en externe, de l’ensemble des missions sociales tandis qu’en métropole, le service social est intégré dans les organismes HLM.
Nos missions sont multiples :
- Accompagnement social lié au logement. C’est une prise en charge globale des locataires, au niveau administratif, financier, professionnel, éducatif, ou suite à des problèmes de santé mentale ou d’addictions … Nous intervenons également s’il y a des impacts sur la résidence. Pour cela, nous travaillons avec tous nos partenaires : CCAS, CTM, CGSS, CAF, MAIA, Réseau Autonomie, EMRI, hôpital psychiatrique…
- Missions d’ingénierie sociale lors des opérations de démolition, reconstruction ou des réhabilitations dès qu‘il y a un déplacement de la population locative,
- Missions d’information et de formation sur toutes les questions relatives au logement social auprès des demandeurs, des locataires, des associations de locataires, des bailleurs sociaux et autres partenaires.
Nous intervenons sur toute la Martinique.
La mise en place de notre projet d’établissement en 2016 a défini sept axes stratégiques parmi lesquels l’ALS doit être « l’expert en matière de gestion des situations complexes pour être complémentaire et pour apporter une plus-value dans la gestion locative des bailleurs sociaux ».
Enfin, la saisine de l’ALS s’effectue via les bailleurs sociaux ou via nos partenaires. Dans ce cas, nous demandons la validation de la mission.
L’ALS mène t-elle des actions spécifiques en direction des seniors ?
Les bailleurs sociaux veillent à apporter un confort de vie au quotidien aux seniors tout en sécurisant l’espace de vie des personnes âgées. Ils développent une offre de logement dédiée favorisant leur maintien à domicile . Outre l’adaptation du bâti, cette offre dédiée donne lieu à une gestion locative adaptée du bailleur social.
En outre, ils s’appuient sur l’ALS dès que le sénior cumule des difficultés (impayé de loyer, problèmes d’ouverture des droits, isolement, maladies … )
Notre rôle est :
- D’apporter une écoute attentive et une présence renforcée afin de créer la relation de confiance
- Gérer les problèmes de cohabitation et les conflits de génération,
- Accompagner et réaliser les démarches administratives liées au logement,
- De proposer une mutation (logement est trop grand , loyer est trop élevé)
- Informer, orienter et constituer les dossiers nécessaires pour bénéficier des services d’aides et de soins à domicile (APA, infirmiers à domicile…)
- Orienter vers les services d’animation,
- Ouvrir les droits (CMU, retraite complémentaire…)
- Constituer avec la CTM les demandes de placement en maison de retraite
- Procéder aux hospitalisations psychiatriques
- Constituer les demandes de protection juridique des majeurs
- Signaler au Procureur de la République les situations de maltraitance psychique, physique et financière etc.
Selon votre expérience, quelles difficultés rencontrent les seniors dans le logement social ?
Cinq critères majeurs, cumulés ou non, sont à l’origine de la vulnérabilité des personnes âgées : les troubles de santé, l’isolement social et géographique, la précarité financière et sociale développent un sentiment d’insécurité.
Le senior ressent souvent un sentiment d’inutilité sociale. L’affaiblissement physique n’est pas bien perçu par le sénior et par la société. Cela se traduit par des difficultés motrices, sensorielles et cérébrales avec un risque d’isolement social et familial, le développement de troubles alimentaires et l’absence d’entretien du logement.
Lorsque les fonctions cognitives sont atteintes (attention, concentration, observation). Les risques sont multiples : accidents domestiques, chutes, dénutrition, déshydratation, incendies…
Lorsque les fonctions mentales régressent : maladie d’Alzheimer, conduites inappropriés, psychoses, hallucinations… des dépressions sévères peuvent s’installer ainsi que des comportement suicidaires. Selon l’Observatoire Nationale du Suicide en 2016, le taux de mortalité par suicide est de 16,7 pour 100 000 habitants dans toute la population. Mais on enregistre une surmortalité chez les 45-54 ans avec 25.1 suicides pour 100 000 habitants et 30 suicides pour 100 000 habitants après 75 ans.
Ces indicateurs doivent alerter quant à la prise en charge des personnes âgées, même si le loyer est payé régulièrement.
Quelles actions pourrait-on monter en direction des séniors afin de favoriser le maintien à domicile ?
Il s’agit tout d’abord d’optimiser le cadre pluridisciplinaire en associant tous les acteurs concernés : partenaires sociaux, médico-sociaux, paramédicaux, sanitaires, socioculturels, financiers et les aidants familiaux …
Nous travaillons sur un projet avec la SAHLM D’OZANAM pour proposer une offre globale qui vise à mettre en place des activités adaptées, une permanence pour aider les plus âgés à compléter leurs dossiers et proposer un accompagnement individualisé aux locataires qui en auraient besoin.
Je pense que nous devons nous former à l’accompagnement en fin de vie, et la gestion des multi problèmes que vivent certaines personnes âgées : vieillissement, trouble de santé mentale, troubles somatiques et addictions.