La société de Gériatrie et de Gérontologie est une association « jeune » pour les plus âgés ! La Guadeloupe sera, selon les projections de l’INSEE, la 3ème région la plus âgée de France après la Corse et la Martinique en 2040 avec un âge moyen de 48 ans contre 36 ans en 2007.
Les mêmes causes qu’en Martinique produiraient les mêmes effets avec le départ des populations les plus jeunes, une diminution des naissances et l’arrivée de retraités dans l’archipel. La part des personnes de 60 ans ou plus serait multipliée par 2,4 à l’horizon 2040 et celle des 80 ans ou plus, serait presque quatre fois plus nombreuse qu’en 2007. La forte augmentation de ces classes d’âge pèse déjà sur les politiques publiques : prise en charge de la dépendance, accès aux équipements et aux soins, aménagement du territoire, adaptation du transport, etc.
Bien vieillir est ainsi un enjeu majeur dans l’île sœur tant sur le plan sociétal, sanitaire qu’économique ; car, tout comme pour la Martinique, la Guadeloupe est confrontée à un retard d’adaptation de l’offre sanitaire et médico sociale par rapport aux autres régions Françaises. Si le défi à relever est grand, les professionnels Guadeloupéens ont décidé d’y répondre ensemble, à travers la création d’une association, la Société de Gériatre et de Gérontologie de la Guadeloupe qui a comme leitmotiv la cohésion, l’intégration et le partage de visions croisées de l’ensemble des acteurs de terrain, tant professionnels que du monde associatif. Née en juillet 2016, cette petite « nouvelle » voit grand !
Rencontre avec le Dr Tatiana BASILEU-ZOZIO, gériatre et membre de l’équipe mobile gériatrie au CHU Pointe à Pitre, vice-présidente de la SGGG
Comment définiriez vous la SGGG ?
Je dirais que c’est une association de passionnés au départ. Nous sommes 4 à l’origine de ce projet : le Dr Leila Rinaldo, gériatre qui en est la présidente, Mme Sandrine Belson psychologue-neuropsychologue notre trésorière et Mme Valéry Boulogne psychologue spécialisée en gérontologie, notre secrétaire. Nous sommes toutes très impliquées dans le soin de nos aînés en particulier, et dans les domaines autour de la gérontologie et la gériatrie en général. C’est à la fois le constat du manque de fédération des divers corps de métiers, et la nécessité pour nous d’aborder la question du vieillissement de notre région avec une vision large donc avec tous; qui nous ont poussé à créer cette société régionale, tout comme celle qui existe déjà en Martinique (la société Martiniquaise de Gériatrie et Gérontologie) ou même au plan national (la Société Française de Gériatrie et Gérontologie) à laquelle nous sommes affiliées.
La SGGG, c’est avant tout un élan d’espoir, en espérant fortement que tous ceux souhaitant apporter leur pierre à l’édifice nous rejoignent. C’est surtout un espace de réflexion et un lieu d’échanges pour anticiper ce vieillissement qui a déjà commencé sur notre île.
Quels sont vos projets ?
Les projets sont divers et ambitieux avec l’énergie des débuts !!
Sur le plan local pour commencer, nous aurons deux grands champs d’action. Le premier orienté vers les professionnels de terrains, le second vers le public.
Concernant les professionnels de terrain, je dirais que nous avons à cœur de rassembler les acteurs de terrain de tous les champs, et de les laisser exprimer leur vision de la situation afin de proposer des actions le mieux adaptées à la réalité de nos problématiques locales. Par exemple, dans l’existant, nous devons dénombrer bien sur nos faiblesses, mais surtout nous souvenir que nous avons des forces vives sur le terrain qui ne demandent qu’à être exploitées ! Ainsi nous avons en Guadeloupe un nombre important d’Infirmiers libéraux ! Pourquoi ne pas envisager avec eux comment améliorer la prévention de la fragilité où le signalement de personnes à risque pourrait permettre des actions de prévention ciblée ? ! Autre « faiblesse » locale: le manque de services à la personne… Il peut être aussi perçu comme une niche d’emplois à développer dans un pays où le chômage atteint un taux record… On peut imaginer des salons de rencontre entre investisseurs et jeunes autour de projets portant sur les nouveaux métiers du monde de la gérontologie, sur la silver Economy ou encore sur les nouvelles technologies …
Ainsi et avant tout, côté professionnel ; nos projets porteront surtout sur des groupes de travail ciblant une fédération des idées lors de rencontres inter professionnelles régulières s’inscrivant dans la continuité et des projets à long terme.
Côté grand public, il n’est plus à démontrer l’intérêt de la prévention et du bien vieillir. Cela passe par des actions aux côtés d’autres acteurs de santé publique, sur l’importance de la gestion de son mode de vie. Activité physique et bien manger, en valorisant le terroir local, seront bien sur notre message phare, en association avec ceux qui le prônent déjà sur le terrain depuis plusieurs années, et en ciblant les spécificités du grand âge. Etendre ces actions dans les quartiers et les communes et penser aux territoires plus en difficulté du fait de leur isolement comme Marie Galante, feront aussi partie de nos préoccupations.
Sources :
- INSEE, Premiers résultats n°73 – janvier 2011 et antinéchos n° 23 – janvier 2013
- Contributions de professionnels de la gérontologie de la Guadeloupe
Inscrivez-vous au Club Happy Silvers