Le bilan neuropsychologique auprès des personnes âgées a pour but d’évaluer des fonctions cognitives spécifiques: attention, mémoire, raisonnement, langage, fonctions exécutives. …
L’AMDOR a mis en place un master II professionnel mention Psychologie spécialité Psychologie Gérontologique.
Nous avons rencontré M. Jérémy Besnard, Maître de conférences en Neuropsychologie à l’Université d’Angers et co-responsable de ce master.
Qu’est-ce que la neuropsychologie ?
C’est la discipline qui, par l’étude des perturbations cognitives et comportementales de patients souffrant de lésions cérébrales, contribue sur le plan théorique à la compréhension des liens cerveau-comportement et participe sur le plan clinique à l’élaboration d’une prise en charge individualisée de ces patients. Elle est assez récente et a vu le jour à la fin du 19ème siècle mais son essor véritable se situe au milieu du 20ème siècle.
Le neuropsychologue s’intéresse à l’étude des fonctions cognitives mais aussi au comportement du patient. Nous définissons généralement les fonctions cognitives selon deux axes : d’une part les fonctions instrumentales, qui englobent les capacités perceptives, gestuelles et langagières. Les troubles perceptifs définis sous l’angle « neuropsychologique » portent le nom d’agnosies, les perturbations gestuelles constituent les apraxies et les perturbations langagières sont dénommées aphasies. D’autre part, nous individualisons les capacités mnésiques (mémoire), l’efficience intellectuelle, qui renvoie au fameux quotient intellectuel (le QI), les capacités attentionnelles (notamment de concentration) et aussi les fonctions exécutives, définies comme les aptitudes permettant la mise en œuvre de comportements complexes (planification, flexibilité, résolution de problèmes). Les troubles du comportement sont variés et peuvent renvoyer à une réduction des activités (apathie) ou au contraire à une hyperactivité, une modification de la personnalité et des centres d’intérêt, un émoussement affectif ou émotionnel, ou encore une désinhibition comportementale. Ces différentes perturbations induisent souvent des modifications importantes de la capacité du patient à interagir avec son environnement, autrement dit de ses capacités à être autonome au quotidien.
Le neuropsychologue doit évaluer, au moyen d’outils adaptés qu’il est souvent le seul à maîtriser, ces différentes fonctions, afin d’obtenir le profil neuropsychologique, c’est-à-dire le « phénotype » cognitivo-comportemental des patients cérébrolésés, dans l’objectif de proposer ensuite une prise en charge adaptée visant à la réhabilitation ou, selon les cas, à l’atténuation des perturbations. Le cerveau humain présente une certaine plasticité –c’est-à-dire une capacité à former de nouvelles connexions entre les différentes aires cérébrales qui le constitue.
L’objectif de la prise en soins de patients cérébrolésés par le neuropsychologue vise donc à favoriser cette restructuration cérébrale, qui s’effectue sur le long terme, car des progrès sont parfois observés tardivement, plusieurs années après l’évènement traumatique.
Quel est l’intérêt de cette formation ?
L’étudiant doit avoir au départ une sensibilité et un intérêt particulier pour la prise en soins des personnes âgées. Dans le cadre de ce Master mis en place pour la première fois en Martinique par l’AMDOR en partenariat avec l’Université d’Angers, les étudiants bénéficient d’une formation complète qui englobe les différents champs de la psychologie susceptibles de contribuer à leur future pratique. Ces psychologues en devenir pourront participer à la prise en charge de personnes âgées souffrant de pathologies neurodégénératives et par conséquent, de troubles cognitifs et du comportement. Ils vont acquérir les connaissances théoriques et méthodologiques nécessaires pour ajuster leur pratique, mais aussi pour former les équipes de professionnels qui travailleront avec eux.
La neuropsychologie prend une place importante dans ce diplôme. Premièrement, nous formons les étudiants aux aspects théoriques des pathologies neurodégénératives, c’est à dire que nous leur fournissons les éléments renvoyant à la spécificité des perturbations neuroanatomiques et neurocognitives de pathologies qui peuvent engagent les structures corticales (e.g., maladie d’Alzheimer, dégénérescences lobaires fronto-temporales) ou sous-corticales (e.g., maladie de Parkison, démence à corps de Lewy). Dans un second temps, nous développons des états des lieux des outils d’évaluation et des techniques de prise en charge, leur permettant d’adapter les stratégies d’évaluation et de prise en soins des patients.
Les étudiants bénéficient aussi d’une formation à la prise en charge psychopathologique et aux questions institutionnelles, réalisée par des professionnels martiniquais et des enseignants-chercheurs de l’Université d’Angers, Ils doivent effectuer un stage d’une durée minimale de 80 jours.
Quels sont les débouchés ?
Pour les psychologues spécialisés en gérontologie, ils sont et seront diversifiés en Martinique, qui compte un nombre croissant de personnes âgées et qui sera l’un des plus vieux départements français à l’horizon 2030, selon l’Insee. La question de la dépendance se dessine donc en toile de fond. Les services hospitaliers de gériatrie, les structures spécialisées comme les maisons de retraite ou les EHPAD constituent des débouchés pour nos étudiants.